Abus de confiance

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La répression est féroce ; l’autocritique est douce.

22 juin 2013 | SINGAPOUR | Edition imprimée

La police au Vietnam est occupée. Leurs cibles, comme si souvent, sont les embêtants blogueurs du pays. Le 13 juin, elle a arrêté Pham Viet Dao à Hanoi, deux jours plus tard, c’était au tour de Dinh Nhat Uy de la province de Long An, dans le sud. Tous deux ont critiqué le gouvernement en ligne, tous deux ont été arrêtés en vertu d’une disposition du code pénal qui permet les arrestations pour « abus des libertés démocratiques » et pour « atteinte aux intérêts de l’Etat ». M. Dao, un ancien fonctionnaire a une grande influence dans la blogosphère au Vietnam, tout comme Truong Duy Nhat, un autre blogueur, qui a été arrêté dans la ville de Da Nang, le 26 mai. En vertu des lois du Vietnam, ils risquent tous jusqu’à sept ans de prison.

Ces arrestations font partie d’une campagne de répression plus large sur la dissidence, notamment en ligne, qui est en train de s’accélérer depuis décembre dernier, lorsque le Premier ministre, Nguyen Tan Dung, a réitéré l’ordre à la police d’agir contre les « forces hostiles » utilisant Internet pour « faire une propagande qui menace notre sécurité nationale et combattre le Parti communiste et l’État ». Depuis le début de cette année, plus de 40 militants de la démocratie et des blogueurs ont été raflés, plus que durant l’ensemble de l’année 2012.

La réputation du Vietnam comme étant une nation de plus en plus répressive s’empire. Le Comité pour la Protection des Journalistes, une ONG de défense des droits de l’homme dit que le pays est maintenant sixième plus grande geôle du monde pour les journalistes. Comme dans d’autres régimes autoritaires, le gouvernement encourage l’expansion d’Internet pour des raisons économiques (environ un tiers de la population est maintenant en ligne) tout en essayant d’étouffer son utilisation pour exprimer des opinions ou pour avoir accès à d’autres sources d’information que les grands journaux et la télévision, qui sont sous le contrôle strict du gouvernement.

Toutefois, la prolifération des blogs critiques ne montre aucun signe de ralentissement, peut-être parce qu’il y a maintenant tellement légitimité à critiquer. Il est révolu le temps où le Vietnam était le chouchou des agences Occidentales de développement, avec une croissance de plus de 8% par an. Au cours des dernières années, l’économie a heurté les rochers, avec une monnaie plongeante, des milliers de faillites et un système bancaire fortement endetté. En particulier, les ministres du gouvernement ont été accusés de corruption et d’incompétence alors que les entreprises d’Etat sont presque en faillite.

M. Dung, le Premier ministre, est devenu la cible de la plupart des gens en colère. Cela a été rappelé aux vietnamiens avec la grève de la faim de Cu Huy Ha Vu commencée le 27 mai en prison. M. Vu, un juriste, a été emprisonné en 2011 après le dépôt d’une plainte contre M. Dung pour avoir abusé de son pouvoir. Sa protestation est contre les mauvaises conditions de détention qui ont affecté sa santé.

La réponse du gouvernement à la montée des critiques était de se soumettre à un vote de confiance à l’Assemblée nationale. Le 10 juin, les 498 membres ont été invités à voter une « grande confiance », « confiance » ou « manque de confiance » à M. Dung et les 46 ministres et fonctionnaires. Près d’un tiers des députés ont donné la plus basse note à M. Dung. Le grand rival de M. Dung dans les luttes intestines qui caractérise désormais le parti au pouvoir, le président Truong Tan Sang, a remporté la meilleure cote de popularité.

L’exercice, cependant, était largement symbolique. Il aurait fallu que les deux tiers de l’Assemblée expriment une confiance « faible » pour que les têtes tombent. En outre, les députés n’ont pas eu la possibilité de choisir « pas confiance » dans le gouvernement, ce qui aurait reflété plus fidèlement les sentiments de nombreux Vietnamiens.

Edition imprimée : Asie

Source : The Economist

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