Agitation chinoise autour des forages pétroliers en mer de Chine

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La Chine s’oppose à un accord de coopération sur le forage pétrolier en mer

De Peter Navarro

23 juillet 2008

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Dans une nouvelle escarmouche sur l’exploitation du pétrole en mer de Chine méridionale, la Chine a tiré un sérieux coup de semonce sur la proue d’Exxon Mobil Corporation. La Chine n’apprécie pas qu’Exxon négocie un accord avec PetroVietnam pour la prospection du pétrole dans les eaux disputées de l’archipel des Hoàng Sa, Trường Sa (Spratly et Paracel).

La Chine a engagé Exxon à abandonner son projet d’exploration, lui reprochant de violer la souveraineté chinoise, selon le South China Morning Post du week-end qui cite des sources anonymes proches de la société américaine.

Selon ce rapport, depuis plusieurs mois, des diplomates chinois en poste à Washington avaient protesté verbalement auprès des dirigeants d’ExxonMobil et les avaient averti que l’avenir de l’entreprise sur le continent pourrait être compromis. Leurs protestations mettaient en cause un accord préliminaire de coopération, sans indiquer la date de sa signature.

L’enjeu est d’importance dans ce dernier litige, et celui-ci est très instructif sur la stratégie maritime de la Chine. Selon la US Energy Information Agency (Agence d’Information US de l’Énergie), la mer de Chine du Sud a des réserves prouvées de pétrole d’environ 7 milliards de barils, tandis que le US Geological Survey a estimé que l’on pourrait découvrir 20 autres milliards de barils. De son côté, la Chine avance avec un brin d’optimisme que les réserves non découvertes pourraient atteindre 200 milliards de barils. Ce dernier chiffre offrirait à la Chine un à deux millions de barils de pétrole par jour, soit 25% de sa consommation quotidienne de près de 8 millions de barils.

Une grande partie des réserves non découvertes giseraient sous les archipels disputés des îles Hoàng Sa et Trường Sa. Hoàng Sa se situe environ à égale distance de la Chine, du Vietnam et des Philippines, et la Chine, le Vietnam ainsi que Taïwan revendiquent les îles. Toutefois, à l’indignation de Hanoi, c’est la Chine qui occupe Hoàng Sa.

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En 1974, la Chine profita de la guerre civile entre le Sud et le Nord-Vietnam pour chasser de Hoàng Sa une garnison de troupes vietnamiennes du Sud, et la Chine a maintenu cette position jusqu’à aujourd’hui, en dépit des vigoureuses protestations du gouvernement vietnamien.

Quant à Trường Sa, tout ou partie en est revendiqué par la Chine et le Vietnam ainsi que par Brunei, la Malaisie, les Philippines et Taiwan. L’archipel est lui aussi composé d’un grand nombre de petites îles et de récifs et recèle une quantité de réserves indéterminée mais peut-être vaste.

Compte tenu de l’importance de l’enjeu énergétique, il n’est guère surprenant que la Chine ait affronté militairement le Vietnam à Trường Sa. En 1988, le Vietnam et la Chine menèrent une brève bataille navale autour des îles contestées. A son issue, la Chine prit le contrôle de six autres îles et récifs, sur un total de neuf. En 1994, des canonnières vietnamiennes repoussèrent un navire de recherche chinois dans une zone contestée.

La récente salve chinoise contre Exxon fait suite aux efforts déployés avec succès pour éloigner de Trường Sa une autre multinationale pétrolière étrangère. L’année dernière, une menace similaire exercée par la Chine força BP (anciennement British Petroleum) à renoncer à son ambition de coopérer avec le Vietnam sur un projet de gaz naturel s’élevant à 2 milliards de dollars. Le dernier effort d’intimidation chinois ne peut qu’exacerber les tensions entre les deux pays qui entretiennent depuis longtemps de très larges effectifs dans leurs armées. L’armée chinoise est la plus grande du monde, tandis que celle du Vietnam est le plus importante en Asie du Sud-Est.

Alors que les relations économiques se sont récemment épanouies entre la Chine et le Vietnam, leur longue relation historique et politique se caractérise par beaucoup d’hostilité et de méfiance. À cet égard, aucune des deux parties n’a oublié cette autre “guerre du Vietnam”. En 1979, la Chine envahit le Vietnam avec des chars et environ 90 000 soldats, en représailles de l’intervention pro-soviétique du Vietnam au Cambodge. En l’espace de moins de 10 jours de combats, 40000 à plus de 100000 soldats chinois et vietnamiens furent tués ou blessés, selon les estimations. Ces chiffres équivalent le nombre total de soldats américains tués au combat au cours de plus de 10 années de guerre au Vietnam (environ 52000).

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L’équation géopolitique ne compte pas seulement les forces armées. Comme on l’a noté, la Chine a construit une série de bases militaires dans les mers au sud de la Chine tandis que ce même pays est le seul qui cherche à développer une marine en eau profonde capable de contester les États-Unis. L’un des principaux objectifs d’une telle marine en eau profonde serait de protéger et de défendre le détroit de Malacca contre un embargo pétrolier en cas de conflit avec les USA.

En fait, la très étroit détroit de Malacca reliant les océans Pacifique et Indien est généralement considéré comme un verrou maritime. Il est de la plus haute importance stratégique, car la plupart des importations de pétrole brut qui alimentent la puissante machine industrielle chinoise passent par ce détroit, et parce que la Chine a longtemps craint un embargo des États-Unis par la flotte américaine du Pacifique, si jamais les relations s’envenimaient au sujet de Taiwan ou sur sur d’autres question.

Dans le contexte énergétique, les bases chinoises de la mer de Chine méridionale et sa puissance maritime croissante servent un autre ordre objectif de synergie stratégique. Il s’agit non seulement de protéger une route maritime importante. mais aussi de permettre l’ “encerclement” des archipels potentiellement riches en énergie Hoàng Sa et Trường Sa – une realpolitik dont le Vietnam a bien conscience et une possibilité qu’avait déjà évoquée en 1998 le député américain Dana Rohrbacher.

À l’évidence, il est dramatique que la poursuite des intimidations et fanfaronnades chinoises retarde encore le développement de l’exploitation de réserves pétrolières et gazières, alors que le renchérissement du pétrole rend cette exploitation plus urgente dans la région. Une coopération dans l’exploitation de ces réserves profiterait largement à tous les pays impliqués dans le litige tout en réduisant les pressions à la hausse sur le marché mondial du pétrole.

Peter Navarro est business professor à l’Université de Californie-Irvine, un contributeur CNBC, et auteur de The Coming Wars Chine (Les prochaines guerres chinoises, chez FT Press).

http://www.peternavarro.com/

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