Au Vietnam, le harcèlement d’un opposant politique se poursuit… même après la prison

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Des brigands soupçonnés d’avoir été embauchés par la police ont détruit la propriété d’un ancien prisonnier d’opinion, libéré après 4 ans d’emprisonnement. Une pratique encore jugée courante dans le pays.

Bien que Tran Minh Nhat, un ancien prisonnier d’opinion, ait été libéré en août après quatre années de prison, les autorités ne le laisse pas tranquille. Dans un courriel à Asia Sentinel, il raconte que même s’il a pu passer Noël et le Nouvel An avec ses proches, lui et d’autres membres de sa famille sont continuellement harcelés par des « voyous », soupçonnés d’être embauchés par la police. Ils ont détruit ses cultures et jeté des pierres sur sa maison.

Procès-spectacle

Nhat est l’un des 14 blogueurs vietnamiens catholiques et protestants, écrivains et militants politiques, condamnés en 2011 dans un procès retentissant où ils ont été accusés d’avoir comploté pour renverser le gouvernement pour le compte du Viet Tan, Parti réformiste basé en Californie car interdit dans le pays. Les prévenus avaient apparemment suivi une formation organisée à Bangkok par Viet Tan [1]. Cette condamnation de groupe a été le plus grand procès-spectacle mené de ces dernières années. À l’issue du procès, trois prévenus ont été condamnés à 13 ans de prison et les 11 autres avaient reçu des peines de trois à huit ans.

Nhat a donc été libéré plus tôt que prévu. Il a déclaré aux médias locaux que des aveux lui avaient été demandés à plusieurs reprises, mais qu’il avait toujours refusé. En revanche, Nhat et d’autres détenus avaient organisé une grève de la faim en prison pour exiger un meilleur traitement pour les prisonniers.

Bien que le Vietnam semble lentement assouplir ses positions, des incidents ont encore lieu, au cours desquels la police locale continue de faire appel à des brigands afin d’étouffer violemment toute contestation. Le cas de Tran Minh Nhat en fait donc partie.

Autre exemple, celui de Nguyen Van Dai, un avocat des droits humains et trois de ses amis attaqués par près de 20 policiers en civil alors qu’ils rentraient chez eux à Hanoi, après avoir participé à un forum sur les droits humains.

David Brown, un ancien diplomate américain qui écrit régulièrement pour Asia Sentinel, a écrit récemment :

« Dans leur zèle pour simplifier la situation, les gardiens idéologiques du Parti du gouvernement comme leurs opposants étrangers noircissent la réalité : bien que la loi et l’idéologie changent lentement, les citoyens sont de facto, depuis les deux dernières décennies et en particulier ces dernières années, remarquablement plus libres de gérer leur propre vie. »

Le Vietnam, a ajouté David Brown, n’est plus un État isolé. Près de 44% des citoyens sont maintenant connectés et le régime a renoncé à bloquer l’accès à Facebook.

Les jeunes Vietnamiens, surtout les urbains, continuent de lutter contre les restrictions arbitraires. Certains pointent du doigt les abus de pouvoir de la police, mais beaucoup d’autres, plus discrètement, résistent simplement en se rassemblant.

En outre, des groupes de bénévoles émergent et deviennent des acteurs importants de la vie publique. Ils répondent aux besoins d’une société de plus en plus complexe.

Selon la loi, toutes les organisations doivent être approuvées par l’État et sont soumises au contrôle du gouvernement.

Certaines organisations professionnelles, comme l’Association des Avocats ou la Chambre de Commerce, ont atteint une autonomie substantielle dans ce cadre. Les jusqu’au-boutistes ont progressivement cédé du terrain, bien qu’ils insistent pour que les agences de sécurité du régime agissent sévèrement contre les citoyens qui militent en faveur d’un pluralisme politique.

Les blogueurs rédemptoristes dans la ligne de mire

Et Nhat en paie le prix. Il est membre du groupe rédemptoriste de l’Eglise Catholique Romaine qui joue un rôle actif dans les mouvements pour la démocratie et les droits humains. Ces militants sont devenus de plus en plus actifs.

Human Rights Watch décrit les rédemptoristes comme étant des blogueurs fortement engagés et des militants pacifiques défendant les droits et les autres religions. Ils sont devenus une voix de plus en plus écoutée parmi les mouvements pour la démocratie et les droits humains, en particulier dans Nghe An, à Hanoi, et aussi à Ho Chi Minh Ville.

Les activistes affiliés à une religion ont été ciblés par des arrestations et d’autres formes de harcèlement et d’intimidation, y compris par des restrictions de circulation, des agressions violentes, ou le déploiement de forces de sécurité armées autour des églises.

« Je suis un militant social et religieux et un journaliste pour le Vietnam Redemptorist News(Nouvelles Rédemptoristes du Vietnam).

« Notre affaire très médiatisée reflète les violations des droits humains commises au Vietnam.

« Le 24 décembre, mon frère aîné, Tran Khac Dat, m’a informé que plus de 155 plants de café robusta et 11 avocatiers ont été coupés dans sa propriété de Lam Ha. Des preuves montrent que ces plants ont été coupés à l’aide d’une hache. Suite à une nouvelle inspection, nous avons constaté que de longs tuyaux d’irrigation ont été détériorés, et doivent être remplacés ».

Deux jours plus tard, il découvre que des poivriers sur son terrain, sont « mystérieusement et entièrement récoltés » :

« Il existe des preuves d’intrusion dans la propriété, comme la clôture entourant les cultures, coupée à certains endroits. À ce jour, plus de 400 poivriers ont été chimiquement empoisonnés et sont actuellement en train de mourir. »

Le 1er janvier, un autre de ses frères aînés, Tran Duong Khac, découvre que 382 poivriers ont aussi été empoisonnés, ainsi que certaines des vignes environnantes. 30 de ses poivriers avaient été abattus le mois précédent.

Le 2 janvier, il raconte :

« Je cherchais des signes d’intrusion sur notre terrain lorsque deux pierres ont été lancées sur ma maison, vers 22h30. Ces événements ont bouleversé mes parents, inquiets pour leur sécurité même au sein de la famille. Nous avons signalé ces incidents à la police, mais nous n’avons reçu aucune réponse de leur part ».

Traduction : Matthieu Boudet, d’après l’article original d’Asia Sentinel « Vietnam Activist Harassment continues after leaving prison »

Source : Alter Asia

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