Au Vietnam, on ne planifie pas l’aménagement. Juste la répression…

Share on facebook
Share on google
Share on twitter
Share on whatsapp
Share on email
Share on print
Share on facebook
Share on google
Share on twitter
Share on whatsapp
Share on email
Share on print

Un responsable politique genevois rentre de Hanoi

Parmi les quelques Etats à parti unique aux pratiques violant allègrement les droits de l’homme, le Vietnam communiste tire élégamment son épingle du jeu : la Ville de Genève (il est vrai représentée alors par le camarade André Hédiger) a signé un beau traité d’amitié avec Hanoi ; Mme Calmy-Rey déverse aimablement les fonds suisses de l’aide au développement ; cerise sur le gâteau, les médiateurs du « Centre pour le dialogue humanitaire », une ONG basée à Genève, annoncent qu’ils vont faire une « retraite » dans ce pays où corruption et brutale répression sont la règle. Secrétaire général du Parti radical genevois, Rolin Wavre vient de séjourner au Vietnam et livre un témoignage un peu plus lucide…

– Pourquoi un radical genevois a-t-il ressenti le besoin de visiter le Vietnam sous son jour moins souriant, et même de participer à une manifestation du Viêt Tan, parti d’opposition interdit ?

- La liberté et la démocratie ne se partagent pas. Voilà des années que certains radicaux, aux côtés d’ailleurs de personnalités d’autres partis, se battent pour faire reconnaître la situation déplorable dans laquelle le mélange de corruption sauvage et de répression politique plongent ce pays. Rappelons que le Comité Suisse-Vietnam pour la liberté et la démocratie (Cosunam), fondé en 1990, est présidé par un radical, Thierry Oppikofer, et que le maire de Genève Michel Rossetti avait invité un dissident vietnamien. On ne peut plus, aujourd’hui, dire qu’on « ne savait pas ».

– Qu’avez-vous constaté au Vietnam ?

- Que ce pays cumule les défauts du capitalisme sauvage (corruption, inégalités, atteintes irrémédiables à l’environnement) et ceux du communisme (le Code pénal autorise l’arrestation et la détention sans motif, les opinions non conformes sont condamnées pour « antisocialisme »). Un simple appel à la démocratie est considéré comme un crime ! Critiquer la politique sociale ou économique du régime est considéré comme du terrorisme, alors que chez nous, c’est juste faire de la politique…

– Comment s’est passée la manifestation du Viêt Tan ?

- Imaginez le courage de ces gens. En quelques minutes, un rassemblement d’une centaine de personnes a eu lieu, des discours ont été prononcés. La police est intervenue et a saisi le matériel. Les « délinquants » avaient réussi à quitter les lieux juste avant.

– Pourquoi soutenir le Viêt Tan ?

- C’est un parti qui demande une transition pacifique vers la démocratie. C’est ce qui séduit les Vietnamiens, qui en ont assez de constater la malnutrition des enfants tandis que les « élites » du parti communiste roulent en Porsche, qui voient leur pays privé de droits syndicaux, ou vendu morceau par morceau à des « investisseurs ». A l’étranger, le Cosunam, par exemple, est proche de ce parti.

– Y a-t-il un danger pour le développement du pays ?

- Rien ne paraît planifié, sauf le contrôle étatique sur toute velléité d’opposition. La situation du transport et de l’infrastructure est dramatique ; chacun – on ne sait comment – roule à vélomoteur, il n’y a presque pas de transports publics, l’atmosphère est irrespirable en ville ; le cadre sanitaire est digne d’un pays pauvre alors que le Vietnam pourrait être une puissance économique. Il faut sortir des clichés : plus personne ne parle français là-bas, et l’individualisme remplace la solidarité traditionnelle.

– Avez-vous eu du soutien de la part des autorités suisses ?

- Le DFAE a plutôt eu l’air gêné. Je n’ai pas pu voir de prisonniers. Il est clair qu’à Berne, on préfère ne pas bousculer les choses. Mais il y a un moment où on ne peut pas rester silencieux. Ce type de régime, dépendant de l’étranger, est très sensible aux pressions extérieures. Encore faut-il qu’elles s’exercent !

Propos recueillis par Thierry Oppikofer

Tout l’Immbolier, no 562, 1er novembre 2010

PDF - 439.3 ko

Share on facebook
Share on google
Share on twitter
Share on whatsapp
Share on email
Share on print

Derniers articles

Action collective pour les îles Paracel et Spratly

Aujourd’hui, la communauté internationale s’accorde à dire que la République populaire de Chine mène des actions de plus en plus agressives dans la région indo-pacifique, notamment en mer de Chine méridionale. Ces hostilités ont commencé il y a 49 ans avec l’invasion chinoise des îles Paracels (Hoàng Sa) le 19 janvier 1974,