La corruption gangrène le Parti communiste vietnamien

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Sous les accusations de corruption, des règlements de compte entre factions communistes. Au Vietnam, l’émergence de scandales de corruption est très souvent le reflet de luttes entre groupes politiques pour s’approprier des postes clés à la tête du Parti communiste, dans ce qui est l’un des derniers régimes à parti unique de la planète.

Alors que le Xe congrès du PC s’est ouvert hier à Hanoi, l’affaire du PMU 18, du nom d’une entreprise d’Etat chargée des travaux publics, qui défraie la chronique et catalyse une presse revigorée, s’inscrit dans cette ligne. Mais ce nouveau scandale fait figure d’exception par son ampleur : le ministre des Transports (qui chapeaute le PMU 18) a été contraint à démissionner début avril, des généraux de police et des juges sont mis en difficultés et même l’homme théoriquement le plus puissant du pays, le secrétaire général du PC, Nong Duc Manh, est éclaboussé. Surtout, cette affaire scabreuse témoigne de l’extension croissante d’une corruption qui gangrène non seulement le Parti, mais aussi une bonne partie du secteur privé. « Il ne s’agit pas seulement des circuits du Parti. C’est général, qu’on soit du Parti ou non, on peut être corrompu ou corrupteur », indique un journaliste vietnamien requérant l’anonymat.

Enorme trafic. L’affaire démarre en décembre avec un coup de filet au zoo de Hanoi : une vingtaine de personnes pariant aux cartes ¬ ce qui est illégal ¬ sont arrêtées. Lors d’une perquisition chez l’un des joueurs, un bookmaker de haut vol, les policiers tombent sur un ordinateur qui contient des listes de personnes qui ont parié sur les matchs européens de football. Le sujet est brûlant, car une affaire de matchs internationaux truqués, concernant sept joueurs vietnamiens, a échauffé les esprits dans ce pays qui voue un culte au ballon rond. Parmi les parieurs, un haut fonctionnaire ¬ Bui Tien Dung, directeur du PMU 18 ¬ a misé 1,5 million d’euros en un peu plus d’un mois. La police comprend qu’elle a mis la main sur un énorme trafic. « C’est un système complexe. L’argent des projets d’infrastructures a été détourné pour les paris, mais aussi pour acheter des centaines de voitures de luxe remises à des officiels dans le cadre d’un immense trafic d’influence », indique un autre journaliste vietnamien.

Prestige. Qui plus est, l’affaire s’internationalise : la Banque mondiale, la Grande-Bretagne et le Japon sont des contributeurs importants du PMU 18. Le gouvernement britannique annonce qu’il va envoyer des experts pour réexaminer l’ensemble des projets de coopération bilatérale au Vietnam. « Ce que le gouvernement craint, c’est l’impact sur le prestige international du Vietnam et ses relations avec les pays donateurs et les investisseurs internationaux », estime le journaliste vietnamien.

A cette occasion, la presse vietnamienne, étroitement contrôlée par le pouvoir, s’en donne à coeur joie. Chaque jour amène son lot de révélations, notamment dans les magazines les plus dynamiques, comme Tuoi Trê et Thanh Nien. Des membres du gouvernement réclament haut et fort une agence indépendante de lutte anticorruption sur le mode de ce qui existe à Hongkong. Une des tares du régime : l’absence de contre-pouvoirs devient plus perceptible aux yeux de l’opinion. Le numéro 2 de la police est mis en cause, ainsi qu’un procureur général et plusieurs candidats au Comité central du Parti qui doit être renouvelé lors du congrès. Pour certains analystes, cette témérité laisse supposer qu’un accord a été donné en haut lieu. « Il se peut que certaines factions veulent utiliser la lutte contre la corruption pour défavoriser d’autres clans », dit le journaliste vietnamien.

« Le plus inoffensif ». Une information n’a pourtant pas encore été révélée explicitement par la presse vietnamienne : l’implication dans l’entreprise d’Etat controversée du gendre du secrétaire général du parti. Cette affiliation pourrait fragiliser fortement la position de Nong Duc Manh, déjà critiqué pour son manque de leadership, même si beaucoup s’attendent à ce qu’il conserve son poste, à l’issue du congrès qui se termine mardi prochain, car il est « le personnage le plus inoffensif ».

Arnaud DUBUS
Mercredi 19 avril 2006

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