Mobilisation et soutien pour Dang Xuan Diêu, prisonnier de conscience au Vietnam

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27 octobre 2014

Par Michel Tran Duc

Récemment, l’ancien prisonnier Truong Minh Tam était libéré et révélait le triste sort réservé au prisonnier de conscience François-Xavier Dang Xuan Diêu, lequel est soumis à des traitements dégradants et inhumains en prison. Depuis, un grand élan de mobilisation et de soutien se fait connaître à travers le monde et au Vietnam.

Via M. Truong Minh Tam, Diêu a réussi à faire sortir quelques mots écrits de son sang sur un papier : « J’ai soif de vivre dans une société de liberté et de vérité, où il n’y aura pas de classes sociales. Les gens se comportent envers les autres par amour et responsabilité. Mais si ces idéaux étaient persécutés, je serais d’accord d’accepter et d’être prêt à en mourir ! »

Messes de soutien

A Paris, une messe était célébrée le 25 octobre 2014 à la Chapelle Sainte Thérèse des Orphelins Apprentis d’Auteuil, avec l’aimable bénédiction du père Cesbron. La messe a réuni les paroissiens de la Chapelle Sainte Thérèse, mais également un nombre important de personnes de la communauté vietnamienne venu prier pour François-Xavier Dang Xuan Diêu. Plusieurs intentions de prières dédiées à Diêu rappelaient sa situation : « Durant ses trois années d’emprisonnement, François-Xavier Dang Xuan Diêu a été maintes fois battu, privé de nourriture, jeté au cachot, vivant à côté de ses excréments, les pieds enchaînés, là où il fait nuit en plein jour ! Cette maltraitance vise à briser sa dignité d’être humain et constitue des actes de barbarie et de violation de ses droits fondamentaux. »

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Messe à la Chapelle Sainte Thérèse des Orphelins Apprentis d’Auteuil pour prier pour François-Xavier Dang Xuan Diêu.

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Au Vietnam, plusieurs messes se sont tenues ce dimanche 26 octobre, comme à l’église des Rédemptoristes à Saigon, à l’église de Thuan Nghia à Nghe An, ou encore à l’église Thai Ha à Ha Noi.

Cartes postales

Une campagne d’envoi de cartes postales a été lancée afin de permettre à chaque personne qui le souhaite d’exprimer son soutien moral à Diêu. Il est certes illusoire de croire que ces cartes postales arriveront jusqu’aux mains de Diêu. Mais à travers ces cartes postales qui vont arriver en provenance de plusieurs pays, et même du Vietnam, ses geôliers seront avertis que le monde observe ce qui se passe derrière les murs de la prison n° 5 de Thanh Hoa.

Les textes des cartes, en vietnamien, sont déjà pré-imprimés. Il est écrit au recto : « Je respecte et je partage votre rêve ». Au verso, figure un extrait de la décision rendue par le Groupe de Travail des Nations Unies sur la Détention Arbitraire (UNGWAD) : « L’UNGWAD considère que l’arrestation et la détention de M. Dang Xuan Diêu est une violation de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et le gouvernement vietnamien doit le libérer immédiatement. »

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Cartes postales à envoyer pour François-Xavier Dang Xuan Diêu.

A différents endroits dans le monde, des vietnamiens se sont mobilisés pour inviter les résidents à envoyer des cartes postales à Diêu. Cela a été le cas en Australie, aux Etats-Unis ou encore en Belgique. Mais le plus remarquable est qu’à l’intérieur même du Vietnam, des jeunes catholiques de la paroisse de Diêu se sont mobilisés pour imprimer et envoyer ces cartes postales.

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Des catholiques de Vinh rédigent les cartes postales qui seront envoyées à la prison où est détenu Diêu.

Soutiens nationaux et internationaux

Le 14 octobre 2014, le député australien Bernie Ripoll a écrit 3 lettres aux autorités vietnamiennes (le Président Truong Tan Sang, le Premier ministre Nguyen Tan Dung et le ministre de la Justice Ha Hung Cuong) pour exprimer son inquiétude quant au sort de Dang Xuan Diêu.

Le 15 octobre 2014, l’ONG irlandaise Front Line Defenders a communiqué sur les mauvais traitements perpétrés contre Dang Xuan Diêu. Depuis, Front Line appelle maintenant ses membres et sympathisants à écrire au Premier ministre vietnamien pour demander l’abandon des charges contre Diêu et à traduire ses tortionnaires en justice.

Le 17 octobre, le Conseil Inter-religieux du Vietnam, qui regroupe en ensemble de prêtres, pasteurs et bonzes, s’insurge « contre la politique du régime de Hanoi, où l’emprisonnement est une punition et une vengeance dirigée contre les prisonniers politiques, en utilisant tous les moyens violents et méprisables pour forcer les prisonniers à plaider coupable. »

Le 21 octobre 2014, le professeur Allen Weiner du Stanford Law School a alerté le Groupe de Travail des Nations Unies sur la Détention Arbitraire (UNWGAD) sur les mauvais traitements dont Diêu est victime. Il rappelle que ces mauvais traitements sont une « flagrante violation de l’article 10(1) de Pacte international relatif aux droits civils et politiques qui stipule que « toute personne privée de sa liberté est traitée avec humanité et avec le respect de la dignité inhérente à la personne humaine ». Ils violent également l’article 5 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme : « Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. »

Le 27 octobre, Viet Tan et six organisations internationales de défense des droits de l’homme dénoncent les « sévères maltraitances » contre Dang Xuan Dieu en prison alors que le Vietnam a « signé la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels en novembre 2013 ». Les sept ONGs, dont ACAT (Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture), MLDI (Media Legal Defense Initiative), et PEN International, appellent les ambassades étrangères présentes à Hanoi à envoyer des représentants visiter Diêu en prison pour prendre des nouvelles de son état de santé.

Visite en prison

Toujours dans le but de faire pression sur les geôliers de Diêu, le 22 octobre dernier, une vingtaine de paroissiens et de ses proches se sont rendus à la prison n° 5. Il semble que les autorités aient eu vent de cette visite car le bus qui transportait ces personnes a été bloqué à deux reprises à cause d’accidents de circulation pour le moins étranges. D’abord, ce fut un camion benne qui perdait une partie de son chargement constitué de gros blocs de pierre. Puis plus loin, ce fût le tour d’un autre camion qui perdait son chargement d’arbres fraichement coupés.

Le bus a dû s’arrêter mais la détermination des proches de Diêu était telle que le groupe a continué à pied pour arriver jusqu’à la prison. Après de longues minutes de discussions tendues avec les autorités pénitentiaires, seuls les trois membres de la famille de Diêu ont eu l’autorisation de franchir l’enceinte de la prison pour voir le prisonnier politique. Ils ont pu voir Diêu de loin pendant une minute, sans pouvoir lui parler. Diêu leur a adressé un salut de la main, sans pouvoir dire quoique ce soit non plus. Puis, les gardiens ont ramené Diêu dans sa cellule. Les proches de Diêu n’ont rien pu faire d’autre que pleurer. Les geôliers ont réfuté tout acte de maltraitance envers Diêu. Concernant ses privations de nourriture, ils disent que les repas de Diêu sont servis tous les jours. Si Diêu ne veut pas manger, cela ne les concerne pas.

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Des pertes de chargements à répétition sur le chemin de la prison K5 à Thanh Hoa.

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Discussions tendues avec un des gardiens de la prison (en chemise bleue à gauche).

Toutes ces marques de soutien ont pour objectif de montrer à François-Xavier Dang Xuan Diêu qu’il n’est ni seul ni oublié en prison. Tôt ou tard, il sera informé de tous les soutiens qu’il reçoit de part le monde. Mais le plus important dans l’immédiat, c’est que le régime de Hanoi prenne conscience que le cas de Diêu est surveillé et qu’il doit faire cesser immédiatement les tortures physiques et mentales infligées contre cet ingénieur et militant social de 35 ans.

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