Phương Uyên, Une pour Tous

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Que s’est-il passé à Long An (Vietnam), ce 16 août ? Faut-il croire que cette frêle jeune fille de vingt et un ans est parvenue à terrasser un monstre prédateur comme dans les contes pour les âmes pures ?

Nguyễn Phương Uyên, lors de son procès en appel, avec Đinh Nguyên Kha, son aîné de quelques années, a refusé toute aide d’avocats, préférant utiliser le peu de temps alloué à la défense pour s’exprimer. Elle ne demande pas un abaissement de peine (une vraie nouveauté) car selon elle, critiquer le Parti n’est pas trahir son pays. On a allégé sa condamnation de 6 années de prison ferme en 3 années avec sursis. Elle est sortie libre dans la joie de la famille et des amis qui se sont rassemblés devant le tribunal pour la soutenir.

Ne soyons pas trop naïfs, il n’y a pas eu de confrontation entre les acteurs présents, le juge d’un côté, et la jeune Phương Uyên de l’autre. C’était plutôt une confrontation entre une étudiante de 21 ans, patriote, et le système de justice du régime totalitaire du Vietnam. Le verdict était préparé à l’avance. Le monstre avait été en fait déjà terrassé, mais on ne le savait pas. Phương Uyên, non plus. Elle a donné le coup de grâce de façon magnifique. Pour beaucoup, la joie était immense.

Bien sûr, Phương Uyên n’était pas seule, elle était soutenue par sa mère, Mme Nguyễn Thị Nhung, les membres de sa famille, et aussi par ses amis proches ou lointains qui avaient crié à haute voix pour se faire entendre du monde entier.

Dans un de nos éditoriaux récents nous avons signalé que le véritable adversaire du régime de Hanoï est la jeunesse de ses opposants. Comment un régime aussi décadent que le régime vietnamien actuel pourrait-il résister à la foi en un monde plus juste et plus libre d’une Nguyễn Phương Uyên ?

Attention, il n’est pas de notre rôle de chanter les louanges d’une jeune étudiante qui, placée dans un contexte de l’Histoire, a su donner une conclusion belle et triomphante à son combat, alors qu’elle a encore beaucoup à apprendre. La difficulté première pour Phương Uyên est certainement d’être seule à se guider dans la jungle de la vie. Beaucoup, avant elle, se sont égarés dans le jeu des flatteries éphémères.

Encore une fois, nous insistons sur sa jeunesse, et son courage, et sa détermination. Mais le jeu est fait, en ce qui la concerne, avant son dernier passage au tribunal (il est vrai qu’il existe des événements qui peuvent déclencher l’explosion susceptible de changer le cours de l’Histoire – comme le suicide de Mohamed Bouazizi en janvier 2011 – mais ce n’est pas le cas ici).

Ceux qui ont agi directement en faveur de Phương Uyên pensent que leurs actions ont été les éléments les plus déterminants pour sa libération, les économistes parlent d’économie, pourquoi pas ? Ceux qui analysent de loin la situation vietnamienne parlent essentiellement de la géostratégie, l’équilibre fragile du Vietnam entre deux puissances, les Etats-Unis et la Chine, sans ignorer, bien sûr, le rôle grandissant des Philippines et du Japon. Cependant, les facteurs qui interviennent dans l’explication de cet événement qui a surpris plus d’un (la libération de Phương Uyên) apparaissent si nombreux qu’il vaut mieux être prudent quand on les analyse de loin. La géostratégie est certainement au premier rang, mais que penser des problèmes de société, de culture, de conflits internes du Parti (on suit souvent un schéma très superficiel et aléatoire de l’extérieur) ? Peut-on ignorer le symbole Phương Uyên, son jeune âge, son visage d’ange, son courage ?

En ce qui nous concerne, la question est : comment aider Phương Uyên dans sa très grande solitude ?

Alors : Tous pour Une ?

Paris 26 août 2013. BXQ

Source : Vietnam Infos

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