Vietnam : le régime commémore la guerre, le pays attend la croissance

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23 décembre 2012

Depuis plusieurs jours, les autorités communistes du Vietnam commémorent les terribles bombardements de Hanoï par les Américains en 1972. Mais alors que le régime continue de chérir cette légitimité issue de la guerre, le peuple attend une stratégie de sortie de crise.

Des images de bombardiers B-52 en flamme ont été placardés et des concerts donnés en souvenir de ces onze jours, il y a 40 ans, lors desquels 20.000 tonnes de bombes avaient été lâchées sur la capitale avant la reprise des négociations de paix.

Mais le régime est aujourd’hui confronté à une menace plus contemporaine : l’impatience de la population face à la crise.

“Le gouvernement devrait dépenser moins pour ce genre d’activités et se préoccuper plus d’améliorer la vie des gens”, grommelle Tran Van Duong, 65 ans, ancien fonctionnaire et vétéran de la guerre.

“Tout le monde semble gagner de moins en moins, et tout le monde se plaint. Les gens ne sont pas contents des performances du gouvernement”.

Des discussions de café à l’émergence de blogs dissidents, en passant par des manifestations en tous genres, la colère est vive.

“Le parti communiste marche sur un fil”, estime David Koh, de l’Institut des études sur l’Asie du Sud-Est de Singapour. “Ils devraient s’attendre à ce que les nouvelles générations regardent au-delà de ces grands moments du passé pour décider si le système politique actuel mérite d’être soutenu”.

Décrit au milieu des années 90 comme le futur “dragon” du continent, le Vietnam a déçu. Les réformes inachevées se sont multipliées, la corruption s’est développée et les banques croulent sous les dettes toxiques.

Les dépenses de santé augmentent, le système éducatif public est pitoyable, symboles de ce que le capitalisme d’Etat à la vietnamienne peut produire de pire dans un pays où l’économie parallèle et l’indiscipline sont telles que les réformes restent souvent lettre morte.

“C’est sclérosé”, tranche Adam Fforde, de l’université Victoria de Melbourne. “Les gens ont perdu confiance dans l’idée qu’il y aura quelqu’un capable d’actionner les leviers et de changer les choses”.

Pendant 20 ans, une forte croissance a dissimulé ces faiblesses. Mais les résultats sont catastrophiques depuis deux ans, fragilisant le Premier ministre Nguyen Tan Dung. Un million de jeunes entrent chaque année sur le marché du travail sans que la machine économique ne puisse tous les satisfaire. Et de scandales en banqueroutes, le pouvoir piétine.

“L’appareil d’Etat est dans un état de stupeur”, constate Jonathan London, de la City University de Hong Kong, soulignant le besoin de faire rentrer dans le rang armée, millionnaires, conglomérats publics et leaders de provinces.

“Reste à savoir qui est capable de ça”, constate-t-il, alors que règne “une sorte de pouvoir corrompu, patrimonial qui produit des Bentleys et des Rolls Royce d’un côté, et des dizaines de millions de gens qui ne vivent pas très bien de l’autre”.

Parmi les priorités du parti, comme des bailleurs de fonds, figurent la réforme du secteur public, le redressement des banques, le retour de la croissance sans inflation à deux chiffres et une meilleure compétitivité dans une région dynamique.

A défaut, “le rêve du miracle économique au Vietnam (…) va continuer à se dissiper”, assure London.

En octobre, le parti a admis ses échecs mais aucun responsable n’a été puni, au grand dam des Vietnamiens dont deux tiers n’ont pas connu la guerre.

“Le problème, c’est l’absence totale de responsabilité dans le système”, estime un analyste vietnamien. “La Constitution garantit le contrôle du pouvoir par le parti communiste. Mais il ne peut contrôler le flot d’informations comme auparavant. Alors combien de temps cela peut-il tenir ?”.

Source : Libération

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