Vietnam : ouverture du procès d’un fermier qui s’est opposé à son expropriation

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Le Monde.fr avec AFP

2 avril 2013

Le procès d’un pisciculteur qui avait utilisé des explosifs contre les forces de l’ordre venues l’expulser de sa terre s’est ouvert mardi 2 avril au Vietnam. Des centaines de policiers ont fermé les routes conduisant au tribunal de Haïphong (nord du pays), tenant à distance la foule venue soutenir Doan Van Vuon. D’autres militants ont été bloqués à la périphérie de la ville. Ce dernier avait blessé quatre policiers et deux militaires lors d’une expropriation forcée en janvier 2012, devenant un véritable héros populaire dans le pays communiste où les questions foncières sont devenues très sensibles.

M. Doan et trois autres hommes, tous membres de la même famille catholique, comparaissent pour tentatives de meurtre. L’épouse de M. Doan et sa belle-sœur sont jugées pour résistance aux forces de l’ordre. Cette acte de défi, très rare au Vietnam, a déclenché une vaste campagne nationale de soutien en faveur des accusés. Le premier ministre Nguyen Tan Dung, qui avait même jugé leur expulsion “illégale”, a promis de poursuivre les responsables locaux corrompus.

Lundi prochain, cinq anciens responsables locaux seront jugés pour avoir détruit la maison de Doan Van Vuon. “Nous sommes venus ici pacifiquement pour montrer notre soutien à la famille de Vuon”, a déclaré à le célèbre dissident Pham Hong Son, qui a passé des années en prison pour ses activités pro-démocratie. Il craint que M. Doan ne soit condamné à une lourde peine “pour susciter la peur”. “Beaucoup d’autres personnes sont confrontées à des expulsions illégales et à l’injustice. Si le gouvernement infligeait une peine clémente, cela pourrait pousser d’autres à réagir plus fortement.”

Les expropriations de terres sont sources de tensions depuis des décennies au Vietnam, mais la température est montée d’un cran avec l’affaire Doan Van Vuon. Le régime a entamé à la fin des années 1980 une difficile transition vers l’économie de marché. Et depuis 1993, les Vietnamiens ont le droit d’acquérir pour vingt ans un “droit d’usage de la terre”, laquelle demeure de facto propriété de l’Etat.

Des millions de paysans sont à la merci des responsables locaux, qui peuvent récupérer des terrains au nom du très vague “intérêt public”, puissant terreau pour la distribution d’enveloppes bien remplies.

Le dossier de Doan Van Vuon constitue le “paradigme de tout ce qui ne va pas avec le système foncier” vietnamien, estimait en 2012 David Brown, diplomate américain à la retraite et spécialiste de la région. Plus de 70 % des plaintes déposées contre les pouvoirs locaux dans le pays sont liées à des litiges fonciers, et la crise ne peut qu’empirer en 2013, lorsque des millions de baux vont arriver à terme.

Ces dernières années, de nombreuses manifestations ont été organisées dans les grandes villes du pays sur des dossiers similaires. En 2007, ils étaient des milliers à Ho-Chi-Minh-Ville à dénoncer la saisie de terres pour faire place à un centre commercial.

Source : Le Monde

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