Vietnam : trois blogueurs poursuivis pour propagande contre l’Etat

Share on facebook
Share on google
Share on twitter
Share on whatsapp
Share on email
Share on print
Share on facebook
Share on google
Share on twitter
Share on whatsapp
Share on email
Share on print

2 août 2012

Bruno Philip (Bangkok, correspondant régional)

Le suicide d’une femme de 64 ans, lundi 30 juillet, désespérée par le procès intenté à sa fille par la justice vietnamienne, vient de contribuer de manière spectaculaire à la médiatisation du cas de trois blogueurs dont le jugement pour propagande “contre l’Etat et le Parti” communiste devrait débuter le 7 août. Dang Thi Ki Lieng s’est immolée par le feu devant les bureaux du Comité populaire de Bac Lieu, une province située dans le sud du Vietnam, à 280 kilomètres d’Ho Chi Minh-Ville (ex-Saïgon).

Ce suicide a été annoncé par des militants catholiques, Mme Dang appartenant elle-même à cette confession. Sa fille, Ta Phong Tan, une ancienne policière de 43 ans devenue blogueuse impertinente, fait partie de la “bande” de ces trois “journalistes citoyens” à être poursuivie pour “distorsion de la vérité et insulte contre l’Etat et le Parti”.

Arrêtée en septembre 2011, elle s’était taillé une réputation sur le Web pour avoir dénoncé les carences et les injustices du système judiciaire. Aujourd’hui, elle en subit les conséquences. Mme Ta va donc être jugée à partir du 7 août en compagnie de deux autres blogueurs, Phan Thanh Hai et Nguyen Van Hai, alias “Dieu Cay”.

CONTRÔLER CE QUI SE DIT SUR LE CONFLIT EN MER DE CHINE

Phan a écrit sur les très sensibles questions liées à la tension sino-vietnamienne en mer de Chine méridionale : Hanoï est l’une des capitales d’Asie du Sud-Est à être en première ligne pour résister à la volonté de Pékin de s’arroger la légitimité sur les archipels Spratleys et Paracel, dont le Vietnam revendique une partie de la souveraineté. Mais le pouvoir vietnamien, engagé dans une partie de bras de fer complexe avec le voisin et ennemi chinois, entend contrôler ce que ses citoyens disent de l’affaire.

Le troisième blogueur, “Dieu Cay”, est emprisonné depuis 2008 pour “évasion fiscale”, une accusation considérée par les militants de la cause des droits de l’homme au Vietnam comme un prétexte pour juger un homme qui a lui aussi écrit sur la corruption et la Chine…

En mai, lors du World Press Freedom Day, ce blogueur a eu droit au soutien appuyé de Barack Obama : le président américain a mentionné son nom en disant qu’il ne “fallait pas oublier” ce militant dont “l’arrestation en 2008 a coïncidé avec une répression massive contre les blogueurs du Vietnam“.

Mercredi, les Etats-Unis ont d’ailleurs demandé au Vietnam de relâcher les trois blogueurs, l’ambassade américaine à Hanoï se disant “attristée” par le suicide de Mme Dang. Jeudi, le porte-parole du ministère vietnamien des affaires étrangères, Luong Thanh Nghi, a confirmé le suicide à l’AFP, ajoutant qu’une “enquête avait été ouverte”.

LA PEINE MAXIMALE ENCOURUE EST DE VINGT ANS DE PRISON

Les trois accusés, qui avaient publié leurs textes sur un site vietnamien en ligne interdit au Vietnam, le Free Journalists Club, encourent une peine maximale de vingt ans de prison.

En janvier, l’organisation des droits de l’homme Human Rights Watch (HRW) avait jugé que le Vietnam “intensifiait” sa répression contre les dissidents. En 2011, des dizaines de militants, de blogueurs et de critiques du régime avaient été jugés et emprisonnés au nom d’”articles mal définis” du code pénal, selon HRW.

Le 4 avril 2011, un avocat vietnamien, docteur en droit de la Sorbonne et dissident connu pour ses prises de positions pro-démocratiques, avait ainsi été condamné à sept ans de prison pour “propagande contre l’Etat”. Cu Huy Ha Vu, 54 ans cette année-là, avait été arrêté en novembre 2010 avant le congrès quinquennal du Parti communiste vietnamien (PCV). Le fait que cet avocat, par ailleurs fils d’un célèbre poète et compagnon d’Ho Chi Minh, avait osé tenter de poursuivre en justice le premier ministre Ngyuen Tan Dung, n’était certes pas étranger à la lourdeur du verdict…

Alors que la condamnation en mars d’un pasteur à onze ans de prison pour “atteinte à l’unité nationale” a été maintenue en appel mercredi, la répression est considérée par les observateurs comme un moyen pour le pouvoir communiste et le parti unique d’envoyer un message sans ambiguïté à ceux qui espèrent une réforme politique émanant de l’intérieur même du système.

Source : Le Monde

Share on facebook
Share on google
Share on twitter
Share on whatsapp
Share on email
Share on print

Derniers articles

Action collective pour les îles Paracel et Spratly

Aujourd’hui, la communauté internationale s’accorde à dire que la République populaire de Chine mène des actions de plus en plus agressives dans la région indo-pacifique, notamment en mer de Chine méridionale. Ces hostilités ont commencé il y a 49 ans avec l’invasion chinoise des îles Paracels (Hoàng Sa) le 19 janvier 1974,