La Révolution des Parapluies à Hong Kong : un avertissement sérieux à la Chine

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19 octobre 2014

Depuis le 28/09/2014 jusqu‘au 10/10/2014, le monde, y compris des chinois dans les provinces avoisinantes a assisté avec un mélange d’admiration et de ressentiment à la première phase de la révolution pacifique à Hong Kong, baptisée Révolution des Parapluies, dans un territoire de 7,2 millions d’habitants contrôlé par la Chine. C’étaient des manifestations d’une ampleur insoupçonnée, 25 ans après le tragique évènement de Tian An Men le 4 Juin 1989 à Pékin, où plusieurs milliers de jeunes et étudiants ont été massacrés par des unités de l’armée populaire chinoise venant des provinces continentales lointaines, appelée à la rescousse par Ly Peng et Deng Xiao Ping, suite aux défections des unités de la zone militaire de Pékin, pour réprimer dans le sang les aspirations démocratiques de la jeunesse chinoise. Entre temps, la Chine a fait marche forcé dans le domaine économique pour devenir la deuxième puissance économique du monde, mais la société chinoise reste toujours gouvernée par une structure politique archaïque despotique, dominée par les oligarchies du Parti Communiste Chinois qui tente de surnager et orienter ce développement tout azimut et frénétique d’une population laborieuse, assoiffée de réussites, de modernité de 1,4 milliards d’habitants.

Basée sur les Principes de Lutte Non Violente, la seconde phase de la Révolution des Parapluies a commencé le vendredi 10/10/2014, après le refus de Leung Chun-Ying, le chef de l’exécutif de Hong Kong d’ouvrir un dialogue avec le Mouvement Démocratique Occupy Central dirigé par des jeunes étudiants, organisateurs chevronnés qui maîtrisent parfaitement les fondamentaux de la lutte non violente, dont le plus jeune et très charismatique Joshua Wong, âgé seulement de 17 ans. Ce refus est tout à fait prévisible, suite aux pressions des autorités chinoises qui prônent la fermeté et la répression, de peur que les évènements de Hong Kong ne fassent tâche d’huile en Chine. Après 2 semaines de démonstration de forces pacifiques du mouvement Occupy Central, l’exécutif de Hong Kong appelle au dialogue, mais finalement la suite des évènements a démontré que la stratégie d’appel au dialogue du 30/09/2014 ne s’est révélée finalement qu’une leurre pour gagner du temps et tenter de casser le momentum du mouvement démocratique plutôt qu‘une offre sincère.

Pendant la phase 1, tous les stratagèmes possibles et imaginables sans usage des armes pour contenir, espionner, neutraliser, disperser les manifestants ont été déployés par les autorités de Hong Kong avec l’aide des conseillers spéciaux venant de Chine. Mêmes la stratégie de faire appel à des bandes de voyous déguisés en contre manifestants a été utilisée pour molester sans ménagement les jeunes étudiants sur les places de Mong Kok, dans le but de répandre la peur chez le mouvement démocratique. Même des contre-manifestations de l’Alliance pour la Paix et la Démocratie, inféodée aux autorités chinoises ont été organisées pour discréditer Occupy Central. Mais finalement, au bout de cette première phase importante, le mouvement Occupy Central a tenu bon et s’est même distingué aux yeux de l’opinion mondiale par l’excellence de son organisation, ses maîtrises dans les communications aux media étrangers, la rapidité de ses réactions et de redéploiement pour contre carrer les manœuvres d’intimidation des forces de police. Sur le front des média et Internet, la guerre a aussi commencé avec des contrôles du réseau Internet : toutes les nouvelles concernant les manifestations de Hong Kong sont étroitement filtrées, des blocages des accès à google, yahoo ont eu lieu, des logiciels-espion ont été installés dans les magasins d’Android pour piéger les smartphones des étudiants, en contrepartie, des attaques de solidarité provenant des groupes d’activistes internationaux dont Anonymous ont visé des centaines de sites officiels à Hong Kong et en Chine Continentale en représailles à la répression orchestrée par les autorités de Hong Kong.

Les racines du mouvement démocratique ont existé bien longtemps avant son éclosion dans les rues de Hong Kong le 28 septembre 2014 où plus de 13 000 étudiants venant de 25 universités et collèges de Hong Kong ont commencé leur manifestation en faveur des élections libres, le référendum non officiel en faveur des réformes démocratiques à Hong Kong en juin 2014 a réuni plus de 800 000 votants, soit 12% de la population de ce territoire. Il est indéniable que les bases du fonctionnement démocratique de la société à Hong Kong, qui perpétuent même après la rétrocession à la Chine en 1997, ont fortement contribué à cette éclosion suite au refus des autorités de Hong Kong d’accepter l’élection libre de l’exécutif en 2017. Mais ce n’est ni la raison principale ni unique, l’éclosion ne pourrait se produire qu’avec la conjonction d’autres facteurs favorables : l’existence d’une masse de jeunes étudiants qui se sont familiarisés avec les échanges libres et multipartites sur le réseau mondial Internet par Facebook, Twitter, l’usage massif d’outils de communications mobiles et intelligents Firechat, les principes de lutte non violente largement éprouvés à travers le monde, les mécanismes d’économie de marché profondément enracinés et incontournables dans la société hongkongaise, le contexte économique et social tendu de la Chine secouée de plus en plus intérieurement par des exaspérations populaires explosives face à la corruption, les extorsions illégales, les enrichissements scandaleux des cadres locaux au dépens de milieux pauvres, et surtout l’apparition d’une nouvelle classe de dirigeants jeunes extrêmement motivés, qui ont un sens d’organisation aigu et qui sont de fins stratèges dans le mouvement démocratique.

La Révolution des Parapluies à Hong Kong est toujours en marche. L’objectif final n’est pas encore atteint mais les résultats sont encourageants et largement favorables à la persistance du mouvement démocratique dans les prochaines années. 25 ans après Tian An men, c’est un avertissement sérieux au pouvoir du Parti Communiste Chinois sur un terrain où le rapport de force ne sera pas forcément toujours en leur faveur. Et également un exemple à suivre pour les autres mouvements démocratiques en Asie dont le Vietnam avec la présence des membres de Viet Tan sur le terrain pour exprimer la solidarité et le soutien des vietnamiens démocrates.

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M. Nguyen Hoang Thanh Tam de Viet Tan (à gauche) et le leader des manifestants hong-kongais Joshua Wong.

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M. Nugyen Hoang Thanh Tam avec des étudiantes hong-kongaises.

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