Témoignage de Viet Tan sur la situation des droits de l’homme devant le Parlement Australien

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Exposé de M. Do Hoang Diem
Président de Viet Tan

Témoignage devant la Sous-Commmission des Droits de l’Homme,
la Commission permanente mixte des Affaires étrangères, de la Défense et du Commerce,

le Parlement d’Australie

Enquête sur les Mécanismes des Droits de l’Homme en Asie-Pacifique

19 mars 2009

***

Mesdames et messieurs,

Je vous remercie d’avoir invité Viet Tan (Parti pour la Réforme du Vietnam) à témoigner lors de cette audience publique d’aujourd’hui, dans le cadre de l’enquête sur les mécanismes des droits de l’homme en Asie-Pacifique. Viet Tan est un parti défenseur de la démocratie, actif au Vietnam bien qu’il y soit officiellement interdit. Notre objectif est d’améliorer la situation actuelle des droits de l’homme et de susciter un changement politique pacifique à travers le pouvoir du peuple vietnamien. Nous croyons qu’une société libre, non seulement est le meilleur moyen d’exploiter le vaste potentiel du pays et de son peuple, mais aussi constitue les fondations des mécanismes des droits de l’homme. En outre, un Vietnam démocratique peut être un pilier de prospérité et de stabilité dans la zone Asie-Pacifique.

Situation actuelle au Vietnam

Le Vietnam est gouverné par une dictature corrompue et responsable de l’un des pires bilans sur les droits de l’homme dans le monde. Le pays a une population dynamique, jeune dont la vie et les aspirations sont réprimées par un appareil de sécurité et des « lois » arbitraires destinées à protéger le Parti communiste des points de vue dissidents et d’une opposition organisée.

Je voudrais illustrer plusieurs sujets de préoccupation

1. Arrestation et détention arbitraires

Le gouvernement utilise des décrets ambiguës et des dispositions juridiques visant à criminaliser l’expression politique et à considérer une opposition légitime et pacifique comme attentant à la sécurité nationale. Usant de lois aussi puissantes, le gouvernement vietnamien a lancé une série de répressions que Human Rights Watch a qualifié de pire en 20 ans. Plus récemment, en septembre 2008, de nombreux militants pour la démocratie (dont Nguyen Xuan Nghia, Pham Thanh Nghien, Ngo Quynh, Vu Hung, Tran Duc Thach, Nguyen Van Tuc et Pham Van Troi) ont été arrêtés pour avoir distribué des tracts en faveur de la démocratie et pour avoir diffusé des slogans critiquant le gouvernement. Ils sont toujours détenus sans aucune accusation formelle. Dans le cas de Pham Thanh Nghien, bien qu’elle soit détenue depuis déjà six mois, sa famille n’a pas encore été autorisée à lui rendre visite. Sa santé serait en train de se détériorer.

2. Liberté de parole et d’expression

La constitution du Vietnam garantit la liberté d’expression et de la presse ; pourtant le gouvernement continue d’étouffer les journalistes indépendants d’esprit et Internet. Les autorités persécutent notamment ceux qui discutent de pluralisme politique ou qui s’interrogent sur les politiques concernant des questions sensibles comme la corruption impliquant des fonctionnaires du gouvernement ou des différends frontaliers avec la Chine. Par exemple deux journalistes, Nguyen Viet Chien et Nguyen Van Hai, respectivement des quotidiens Thanh Nien et Tuoi Tre, ont été arrêtés pour avoir exposé le scandale de corruption politique portant sur plusieurs millions de dollars et impliquant le détournement de fonds, les jeux de hasard et la prostitution au ministère des Transports (PMU-18) [82]. Ces hommes ont ensuite été jugés, condamnés et accusés d’avoir « abusé des libertés démocratiques ».

De même, ces derniers mois, les autorités ont lancé une campagne pour faire taire les militants sur Internet. Un blogueur bien connu, Dieu Cay, a été arrêté après avoir critiqué la politique du gouvernement sur les litiges territoriaux avec la Chine. Il a été condamné à 30 mois de prison pour « fraude fiscale » dans un procès qui a été condamné par la communauté internationale. Sa famille et ses collègues blogueurs ont été constamment harcelés et menacés.

Le gouvernement est même allé jusqu’à promulguer un nouveau décret en décembre 2008 interdisant aux blogueurs de publier des articles susceptibles d’être considérés comme « attentant à la sécurité nationale ». Ce nouveau décret impose aux fournisseurs internationaux de services Internet de fournir aux autorités des informations sur les utilisateurs privés.

3. Liberté religieuse

Toutes les organisations et pratiques religieuses au Vietnam doivent être officiellement enregistrées et reconnues par le gouvernement. L’Église Bouddhique Unifiée du Vietnam (EBUV) est toujours hors-la-loi et son plus haut dirigeant, le Vénérable Thich Quang Do, a été soumis arbitrairement à la détention à domicile et au harcèlement depuis plus de trente ans.

L’Église catholique souffre encore de grandes restrictions. Toute nomination ou affectation de son clergé exige l’approbation du gouvernement. En septembre 2008, plusieurs grandes veillées de masse ont été effectuées par l’archevêque de Hanoï et la paroisse de Thaï Ha, avec parfois la présence de plus de 15 000 fidèles, veillées demandant la restitution des propriétés confisquées de l’Église. Huit de ces paroissiens ont été arrêtés puis condamnés.

Mais plus opprimée encore est l’Église mennonite, là où ses adeptes appartiennent principalement à des minorités ethniques vivant dans les Hauts Plateaux du centre du Vietnam. Un des dirigeants de l’Église, le pasteur Nguyen Hong Quang a été maintes fois arrêté et emprisonné pour avoir exercé sans autorisation officielle. Lui et ses collègues font actuellement l’objet d’une surveillance policière et de harcèlement.

4. Droits des travailleurs

Il n’y a pas de syndicat des travailleurs indépendant reconnu au Vietnam. Il est interdit aux travailleurs de former un tel syndicat ou d’y adhérer.

Le seul syndicat qui existe est un organe de l’État appelé Confédération Générale du Travail du Vietnam, qui répond directement au Parti communiste vietnamien. En raison de cette antinomie, les droits des travailleurs sont souvent violés et négligés. Ces dernières années, des grèves à grande échelle ont eu lieu dans tout le pays en raison de mauvaises conditions de travail, de bas salaires et de traitements dégradants. Des milliers de travailleurs ont participé à ces grèves et de nombreux chefs de file de ces grèves ont été arrêtés et emprisonnés. Selon la loi vietnamienne, les grèves sans autorisation du gouvernement sont considérées comme illicites ; par conséquent, les travailleurs eux-mêmes prennent souvent un risque important d’être persécutés par les autorités et licenciés par leur employeur. L’agitation dans le monde du travail reflète les difficultés économiques et le mécontentement social. Le contrôle étroit des travailleurs exercé par le gouvernement et les restrictions au droit de grève enfreignent gravement le Code du travail.

Recommandations

1. Dialogue sur les droits de l’homme

Le dialogue Australie-Vietnam sur les droits de l’homme peut être un mécanisme efficace pour encourager une plus grande liberté politique au Vietnam. Pour accroître son efficacité, nous suggérons un renforcement des programmes concrets. Les programmes devraient en particulier se concentrer sur la promotion de la liberté des médias, de la libre utilisation d’Internet et de la liberté d’association. Toute aide financière pour ces projets doit avoir des repères clairs ; Il faut que soient documentés clairement des objectifs précis ainsi que les progrès effectués. Les résultats doivent être communiqués à la Commission permanente mixte et être transparents de telle sorte que le public puisse les étudier.

2. Soutien parlementaire pour le changement démocratique

Alors qu’est nécessaire l’institution de mécanismes de prévention et de réparation des violations des droits de l’homme, il importe également de promouvoir la démocratie car elle contribue à garantir ces mécanismes dans le long terme. Un système autoritaire à parti unique est un terrain fertile pour les violations des droits de l’homme. Nous pensons que la solution aux droits de l’homme est une société démocratique où les citoyens ont le droit de faire des choix politiques et de tenir le gouvernement pour responsable de ses actions. Le parlement australien peut soutenir le peuple du Vietnam et d’autres peuples réprimés en critiquant les persécutions, en discutant avec la société civile et les groupes démocratiques, en continuant à pousser au changement le régime actuel.

3. Commission des droits de l’homme de l’ ASEAN [83]

Nous appuyons fermement l’initiative du Groupe de Travail pour un Mécanisme des Droits de l’Homme de l’ASEAN de former une commission intergouvernementale des droits de l’homme. Nous recommandons que tous les États membres de l’ ASEAN soient automatiquement membres de cette commission et soient ainsi tenus de respecter les normes internationales des droits de l’homme. La Commission agira comme un organe de contrôle veillant à ce que les plaintes puissent être entendues et que ses recommandations soient mises en œuvre. Nous préconisons aussi que la Commission des droits de l’ASEAN puisse recommander une Cour qui, dans certaines circonstances pourrait prendre une décision collective à valeur contraignante. Bien que l’Australie ne soit pas membre de l’ASEAN, avec sa longue histoire d’une étroite relation de travail et d’un engagement dans la région, nous pensons que l’Australie peut engager un dialogue avec l’ASEAN et le Forum Asie-Pacifique afin de faire progresser la protection des droits de l’homme dans la région.


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