Une analyse et des recommandations à propos de la politique américano-vietnamienne

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Conseil consultatif communautaire Asie-Pacifique du député Ed Royce

Forum communautaire

“Analyse de la politique américano-vietnamienne – Recommandations”

23 mai 2009

Déclaration de Do Hoang Diem
Président de Viet Tan

Monsieur le député Ed Royce,
Monsieur le député Joseph Cao,
Mesdames et Messieurs,

Depuis 65 ans, les États-Unis et le Vietnam sont liés dans une relation complexe qui, aujourd’hui encore, a un impact significatif sur le cours des événements pour les deux pays. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis ont reconnu l’importance stratégique du Vietnam dans la lutte contre les forces japonaises. De cette reconnaissance est né un lien durable des États-Unis avec le Vietnam, qui a modifié le cours de l’histoire des deux pays.

Au fil du temps, cette relation a changé de façon significative, mais l’importance stratégique du Vietnam n’a pas changé pour de nombreuses raisons. Tout d’abord, le Vietnam occupe une situation géographique qui permet un contrôle de voies maritimes vitales en Asie du Sud-Est. Couplé avec le port en eau profonde de Cam Ranh, ce contrôle peut avoir d’importantes implications pour la défense des intérêts tant commerciaux que militaires dans la région.

Deuxièmement, avec une population dynamique de 85 millions de gens travailleurs, dont plus de la moitié a moins de 35 ans, ainsi qu’avec d’abondantes ressources naturelles, dont le pétrole, le Vietnam est à la fois un important marché de consommation ainsi qu’une opportunité d’investissement lucratif. Troisièmement, étant le second pays le plus peuplé parmi les membres de l’ASEAN, avec une économie au grand potentiel et avec une situation géographique avantageuse, le Vietnam peut être une force de stabilisation à la fois pour l’ASEAN et pour toute la région contre toute menace d’agression, en particulier contre celle qui viendrait de la Chine.

Pour ces raisons, le Vietnam est un acteur clé en Asie du Sud. Les États-Unis devraient continuer à reconnaître cette importance et à investir dans une relation mutuellement bénéfique entre les deux pays. Toutefois, il est essentiel que les États-Unis établissent une distinction entre, d’une part les relations avec la population du Vietnam, d’autre part une relation avec le gouvernement du Vietnam.

Cette distinction se fonde sur le fait que le gouvernement vietnamien actuel n’est pas démocratiquement élu et ne représente donc pas réellement le peuple du Vietnam. Le Vietnam est actuellement une dictature à parti unique où la liberté politique n’existe pas et où les droits de l’homme sont systématiquement violés. Nous savons tous que la dictature génère des fléaux comme la corruption et la brutalité, fléaux que nous observons maintenant au Vietnam. En plus de cela, le Vietnam étant l’un des quelques derniers pays communistes, son gouvernement est étroitement aligné sur le régime communiste chinois et sous sa forte influence, régime dont l’agressivité menace constamment la paix et la stabilité régionales.

Ainsi, une relation mutuellement profitable aux population de nos deux pays ne pourra se concrétiser que lorsque le Vietnam deviendra une démocratie. La population du Vietnam souhaite et mérite la démocratie, et nous nous battons pour cela. Il est également dans l’intérêt à long terme des États-Unis que le Vietnam devienne une démocratie. Un Vietnam démocratique sera un partenaire beaucoup plus fiable sur tous les plans. En outre, une victoire de la démocratie au Vietnam aura un impact énorme sur la politique d’ouverture et de respect des droits de l’homme dans toute la région.

Et maintenant, peut-être depuis15 ans, nous disposons des meilleures chances en raison de deux évolutions importantes : une augmentation du mécontentement social et une défiance enhardie à l’encontre du régime du parti unique. D’abord, en raison de la corruption généralisée, le mécontentement social a atteint un niveau sans précédent. Ceci est illustré par de nombreuses manifestations d’agriculteurs et par l’agitation des travailleurs salariés. Chaque année, des travailleurs débrayent par milliers, lors de centaines de grèves, et des agriculteurs protestent pendant une semaine entière, parfois pendant un mois, exigeant une juste indemnisation pour leurs terres perdues au profit de fonctionnaires corrompus.

Depuis peu, des scientifiques, des universitaires, des anciens combattants et des citoyens ordinaires mènent une campagne contre la décision du gouvernement autorisant la Chine à exploiter des mines de bauxite au Vietnam, en de nombreux endroits. Cette décision a de graves répercussions sur l’environnement et sur la santé publique, causant un tollé de colère et de ressentiment à travers le pays. L’ensemble de la population y voit un signe évident que le régime sert les intérêts de la Chine, sans égard pour ses propres citoyens. Jamais le niveau de frustration et de mécontentement n’avait atteint ce degré. Sur le front politique, le mouvement actuel pour la démocratie au Vietnam est similaire à celui de la Tchécoslovaquie dans les années 70 et à celui de la Pologne dans les années 80. Pour la première fois, le mouvement ne consiste plus en des individus mais en des groupes organisés de plus en plus populaires. Depuis 2006, des dizaines de partis politiques et organisations de base ont vu le jour pour contester le régime du parti unique. Bien que le gouvernement ait riposté en déclenchant la pire vague de répression de ces 20 dernières années, ces groupes tiennent le coup et se rapprochent, tant à l’étranger qu’à l’intérieur du Vietnam.

À l’évidence, ce qui se passe au Vietnam est très inhabituel et significatif. Après plus de 60 ans au pouvoir, pour la première fois le Parti communiste vietnamien est confronté à de nombreuses contestations de son autorité. Le désir de réels changements au Vietnam est désormais plus fort que jamais. Cela nous offre une bonne occasion de réclamer plus encore la liberté politique et, finalement, la démocratie. De notre côté, notre mouvement vietnamien pour la démocratie s’adapte rapidement pour saisir cette opportunité et pour mobiliser notre peuple dans une lutte non violente qui peut abattre cette dictature.

Pour les États-Unis, le choix de la politique américaine n’est pas de savoir s’il faut ignorer le Vietnam ou s’il faut au contraire s’y intéresser, mais de savoir de quelle manière poursuivre la relation bilatérale la plus constructive. Plus précisément, je propose que la politique américaine envers le Vietnam soit fondée sur trois éléments clés :

1. Défense des droits de l’homme

Cela exige d’exercer et de maintenir une pression constante sur le gouvernement vietnamien en parlant des violations des droits de l’homme au Vietnam, en approuvant des législations telles que le Vietnam Human Rights Act, en réclamant la libération de tous les prisonniers politiques, et en inscrivant à nouveau le Vietnamien sur la liste CPC [NDT : Pays Particulièrement Préoccupants]. En outre, le dialogue sur les droits de l’homme et la coopération économique devraient également être considérés comme des moyens pour obtenir l’amélioration concrète des droits de l’homme au Vietnam.

2. Soutien au changement démocratique

Les États-Unis peuvent contribuer à faciliter le changement démocratique en soutenant la liberté de l’information à travers la légalisation d’un internet libre, en s’assurant aussi que les fournisseurs de services internet ne cèderont pas aux pressions du gouvernement vietnamien visant à limiter l’accès à l’internet ou en collaborant à la répression des cybermilitants. Plus important encore, les États-Unis devraient établir des relations directes avec les groupes démocratiques et les dissidents, car, ainsi que le président George W. Bush l’a déclaré : “Les dissidents d’aujourd’hui sont les dirigeants démocratiques de demain.”

3. Appuyer la création d’une société civile

Cela est extrêmement important pour aider le peuple vietnamien à reprendre le pouvoir tout en créant les fondations sur lesquelles une démocratie durable peut naitre. Les États-Unis devraient appuyer le travail des ONG indépendantes, en collaboration avec des organisations de base au Vietnam ; ils devraient aussi promouvoir la réforme juridique ainsi que les droits fondamentaux de la liberté de réunion et d’association.

Mesdames et Messieurs,

Le 30 avril 1975 a marqué la fin de la guerre du Vietnam pour l’Amérique et pour le monde. Toutefois, pour le peuple vietnamien, ce jour marque le début d’un long chemin à travers la corruption, les abus, l’injustice sociale, la violation des droits humains, et la privation de liberté. Mais après 34 ans de persécution brutale et un règne de terreur, le mouvement démocratique au Vietnam refuse de disparaître. Au contraire, il revient avec plus de détermination et de force que jamais. La question n’est plus de savoir si la démocratie triomphera au Vietnam, mais quand.

Une société libre, démocratique au Viêt Nam qui adhère aux règles et normes du monde civilisé est dans l’intérêt non seulement du peuple vietnamien, mais aussi de l’Amérique et du monde. Le sang de plus de 58 milliers de filles et de fils d’américains a été versé pour défendre la liberté et la démocratie pour le peuple vietnamien. Pour cela, notre peuple vous sera à jamais redevable. Et pour cela, nous voulons donner un sens à leur sacrifice en offrant au peuple vietnamien une chance de vivre librement dans la dignité. Combattons ensemble une fois de plus dans cette dernière bataille pour la justice, la liberté et la démocratie au Vietnam.

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