Au Vietnam, la grogne des ouvriers continue

Christine Chaumeau

La décision de repousser au mois d’avril la hausse du salaire minimal redonne de la vigueur aux grèves sauvages qui secouent le sud du pays. Une situation qui inquiète les autorités.

Le Premier ministre vietnamien, Phan Van Khai, est intervenu auprès du ministère du Plan et des Investissements afin de limiter les effets des grèves sauvages qui continuent d’affecter les entreprises à capitaux étrangers dans les zones de développement spécial de la capitale économique, Sai Gon. “Cette intervention est le signe de la reconnaissance par le gouvernement que les ouvriers des entreprises à capitaux étrangers sont mécontents de la décision de reporter à avril l’augmentation de 40 % du salaire minimal,” indique Asia Times Online.

Cette augmentation était initialement prévue pour février, à la suite des grèves sauvages qui ont secoué de nombreux sites pendant plusieurs semaines. Si le salaire minimal était au départ fixé aux environs de 41 euros par mois dans les entreprises étrangères, le gouvernement l’a baissé en 1999 pour satisfaire les investisseurs. Mais, incapables de faire face à l’inflation et à l’augmentation du coût de la vie avec de tels salaires, les ouvriers ont décidé de débrayer dans le courant du mois de janvier et de réclamer une hausse de leur rémunération.

“Nous soutenons les grèves menées contre les versements tardifs des salaires ou les violations du droit du travail,” explique à Asia Times Online Pham Van Hung, le responsable du département du travail dans l’administration qui régit les zones franches de Sai Gon. “Mais les grèves actuelles, organisées spontanément et en dehors du syndicat, sont illégales”, poursuit-il.

Le décret décidant de l’augmentation du salaire minimal dans les entreprises étrangères a suscité des réactions chez les ouvriers travaillant dans les entreprises vietnamiennes. “Si les employés des entreprises à capitaux étrangers ne peuvent vivre avec leur salaire de base mensuel, comment pouvons-nous le faire, nous qui travaillons dans des entreprises vietnamiennes où la rémunération est encore plus basse ?” s’interroge Nguyen Van Tu, un ouvrier d’une usine de chaussures cité par Asia Times Online. “Les conditions de travail des ouvriers ne sont pas la principale préoccupation des officiels de la grande métropole du Sud, remarque le webzine. Ils craignent que l’extension des grèves affecte les investissements dans la région, où 700 entreprises étrangères emploient 130 000 personnes.”