Considérations sur l’avenir du Vietnam

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Le père Nguyen Van Ly avant son arrestation.

Considérant l’avenir proche du Vietnam (VN), beaucoup de gens ont livré leur analyse et fait des prédictions. Mais, honnêtement, est-il possible de formuler des prévisions précises ? Je ne le crois pas ; par conséquent, je préfère me limiter à une analyse du Vietnam actuel. On peut la décrire globalement ainsi :

I. Tout vietnamien ou presque, vivant au Vietnam ou à l’étranger, attend les changements nécessaires, y compris s’il est fonctionnaire, militaire ou policier, ou membre du parti, etc.

II. Le gouvernement vietnamien (GVN) subit actuellement maintes pressions : 1ère pression : le GVN lui-même comprend la nécessité d’entreprendre de profondes réformes afin de prévenir un désaveu populaire, car le GVN ne peut plus contenir le mécontentement du peuple. 2ème pression : Le Parti Communiste vietnamien (PCV) est sérieusement divisé. Un groupe souhaite faire sécession et constituer un parti d’opposition. Certains de ces membres ont quitté le parti, par mauvaise conscience ou par crainte du jugement de l’histoire, tandis que d’autres ont été exclus. 3ème pression : Tandis que la majorité des gens est passive, craintive, et ne souhaite que s’accrocher prudemment à ce qu’elle possède, de jour en jour les gens deviennent plus critiques à l’égard du parti, lui tournent le dos et veulent une alternative plus morale et plus juste. 4ème pression : ceux qui luttent pour la Liberté et la Démocratie gagnent en nombre, veulent de plus en plus contester ouvertement, et influencent de plus en plus la population. Les gens se réjouissent de voir le GVN désemparé, alors qu’il intensifie sa lutte pour trouver la meilleure parade à ce mouvement grandissant. 5ème pression : la lutte pour la Liberté et la Démocratie au Vietnam, par les Vietnamiens expatriés, devient unitaire, et parce qu’elle use des moyens les plus modernes, de plus en plus efficace. 6ème pression : la communauté internationale exerce actuellement les pressions qu’elle juge nécessaires, tout en usant de l’économie pour influencer les activités au Vietnam, du bas de l’échelle jusqu’en haut, tout cela dans l’espoir que le Vietnam se réforme par lui-même. Simultanément, le monde se réjouit du désarroi d’un GVN faiblissant et espère que le PCV acceptera bientôt le multipartisme. III. Bien que le GVN subisse simultanément 6 fortes sources de pressions, bien que les dissidents critiquent et rallient à volonté, pour réussir les dissidents doivent prioritairement aider le peuple à vaincre les 3 tristes réalités suivantes :

III.1. La crainte, l’indifférence et la passivité de la majorité des gens

Le PCV a réussi à instiller chez les gens une crainte et une incertitude permanentes. Ils ont peur de la paperasserie lorsqu’ils ont affaire aux autorités locales, des difficultés rencontrées par leurs enfants dans leur éducation, d’être suivis, de perdre leur emploi, que leur ligne téléphonique soit coupée, que le gouvernement s‘intéresse de près à leurs situation, que leurs affaires leurs vaillent des ennuis, qu’on leur retire leur passeport, d’être invités à des « séances de travail » avec la sûreté publique, d‘être convoqués, d‘être dénoncés publiquement, d‘être arrêtés… L’exemple le plus concret de tout cela cette est que la quasi-totalité de la population, particulièrement les dignitaires religieux, savent que leur participation à l’élection de l’assemblée nationale ou d’autres organes de l’état n’est que « du cinéma », bien qu’ils continuent d’accomplir leur devoir dans une apparente « bonne humeur », depuis 1945 jusqu’à aujourd’hui, sans aucune illusion. Cela suffit à prouver qu’une peur exagérée existe parmi les vietnamiens. Par conséquent, on peut dire que la quasi-totalité de la population, y compris les religieux et les intellectuels, s’intéressent beaucoup à l‘actualité mais reste majoritairement passive et refuse de soutenir ouvertement les dissidents. Les représentants de l’état, notamment la police, profitent de cette peur pour s’acharner à maintenir le régime, jusqu’au jour où cela deviendra intenable. Ils réalisent bien qu’ils s’appuient sur une coopération forcée, une soumission qui ne durera pas éternellement. (cf : Comment aider les gens à surmonter leur peur).

III.2. Un manque de lucidité chez la majorité des gens :

Chacun voit l’ampleur de l’injustice, de la malhonnêteté, et de la mauvaise volonté la dans la vie quotidienne, mais tout le monde n’a peut-être pas compris :

a/- Quelle est la racine du danger qui menace notre pays ? Combien les mensonges et d’autres agissements néfastes du GVN affectent directement le bien-être de la famille, de l’individu ? La maladie dont souffre la société a-t-elle touché chaque individu ? Qui, ou quelle organisation peut soigner ce fléau ?

b/- Presque tout le monde le pense : le Vietnam perd ses terres, s’appauvrit, régresse, souffre de corruption… C’est une honte et c’est un problème pour tout le pays… Les gens pensent que la résolution de ces maux ne relève pas de leur propre responsabilité. Trop peu de gens se rendent comptent qu’eux et leurs enfants ne devraient pas et ne peuvent pas continuer à vivre dans un pays où, désormais, « l’on ment comme on respire ». Dès leur petite enfance, les enfants sont contraints de révérer Ho Chi Minh. Les étudiants doivent rédiger des thèses vantant le marxisme-léninisme afin d’obtenir leur diplôme. Les adultes doivent jouer les naïfs, faire semblant d’ignorer les méfaits du parti… s’ils veulent obtenir un visa pour sortir du pays. Ainsi, chacun cultive l’art du mensonge au plus haut degré afin de « s’en sortir ». La vérité c’est que le Vietnam est un terrain d’entraînement pour menteurs hors pairs. Voilà la cause principale de tous les autres travers, la racine de notre honte et de notre problème national. Cependant, la majorité de la population en est inconsciente.

c/- Ceux qui reçoivent quotidiennement des informations d’origine étatique, par la télévision, la radio, etc. tendent à croire : le Vietnam s’en sort très bien. Il doit faire face à de nombreux problèmes mais le GVN s’efforce de les résoudre. Quoi espérer de mieux ? Que demander de plus ? Qui ferait mieux que le GVN ? Nos familles ne devraient pas écouter une poignée de dissidents ou ces radios aux mains de pauvres ratés ! Si nous agissions ainsi, nous choisirions une voie dangereuse !

III.3 Les gens vivant au Vietnam baignent dans le mensonge d’État permanent

A mon avis, le plus désolant pour les habitants du Vietnam, c’est leur habitude du mensonge, l’impérieuse obligation de mentir, qui les fait contribuer à la perpétuation d’un système du mensonge, qui fait passer la malhonnêteté pour un trait caractéristique des vietnamiens, … alors que cette attitude ne vise qu’à assurer une existence normale. En outre, cette malhonnêteté se transmet entre générations, engendrant chez les générations futures l’incapacité à s’opposer au comportement sournois. C’est ce problème qui causera la perte du Vietnam, sans issue de secours, si rien n’est immédiatement entrepris pour l’éviter. Ceux qui se considèrent comme intellectuels ou dignitaires religieux portent la responsabilité de leur passivité, par leur long silence, par leur refus d’éclairer la population, et même par leur contribution à cette GRANDE HONTE NATIONALE, ce PROBLÈME NATIONAL qui écrase notre pays. L’architecte de cette malhonnêteté, Ho Chi Minh, ne mérite que l’opprobre.

Par conséquent il est vital pour l‘avenir immédiat du Vietnam, de favoriser à la fois l’union de tous les vietnamiens expatriés ainsi que la prise de conscience, par les vietnamiens du Vietnam, de ces trois tristes réalités.

IV. A partir de ces constats, on pourrait imaginer ainsi l’avenir proche du Vietnam :

IV.1. Le PCV ne peut ignorer intentionnellement les 6 pressions mentionnées plus haut et continuer comme s’ils étaient « éternellement irréprochables », assurés d’être aux commandes du Viet Nam pour toujours. Il devrait tirer un bilan honnête et admettre qu’en 60 ans les successeurs de Marx-Lénine et Ho Chi Minh ont obligé tout le peuple vietnamien à endurer d’innombrables désastres et malheurs. Actuellement, les vietnamiens souffrent de 2 motifs de honte et de 5 gros problèmes graves, tels que les conflits internes du parti, et particulièrement la grande honte de la malhonnêteté rampante qui est devenue, d’ores et déjà, un trop lourd tribu à payer pour la nation. À l’évidence, le PCV devrait utiliser le prochain 10ème Congrès du Parti en 2006 pour négocier un virage historique vers la démocratie, offrant des chances égales aux partis démocratiques d’opposition pour qu’ils puissent se révéler en pleine lumière, que ces partis résident à l’intérieur du pays ou bien de l’extérieur en se faisant connaître via Internet.

IV.2. Le PCV ne devrait pas continuer de tromper le monde en réformant au compte-gouttes les institutions, alors qu’il manque de courage pour s’attaquer à la racine du problème : le Système Politique. Ceux qui détiennent le monopole du pouvoir doivent avoir le courage d‘adopter la Démocratie Représentative, pluraliste et satisfaisante aux yeux de la population et du reste du monde. Il est vain de se dérober, de se plaindre, d’être récalcitrant, de jouer les sourds et muets… ; le résultat sera jugé par l’histoire. Sur ce point, le PCV continue à se donner le nom de « parti révolutionnaire », mais en fait, c’est un parti très conservateur, qui ne veut rien révolutionner du tout car il y a toujours trop d’avidité et de cruauté dans ce parti. Ceux qui ont le sens du bien et du mal et de la bonne volonté espèrent tous qu’un jour, avec humilité et courage, le PCV admettra que l’humanité ne veut plus du Socialisme, qu‘il n’est qu’une illusion – L’entêtement, la naïveté du PCV a pour conséquence que les autres pays en tirent profit à nos dépends, causant au peuple encore plus de souffrance. Ce n’est pas que le Socialisme soit périmé, comme beaucoup de gens le pensent, à tort, – il fut un temps où il était peut-être approprié – En vérité il était dès ses origines, fondamentalement inadapté. Le Pape Jean-Paul II, l’homme qui a joué un grand rôle dans l’effondrement du Socialisme en Union Soviétique et en Europe de l’Est, a livré une analyse correcte : « Le Socialisme et le Communisme ne se sont pas égarés dans leur idéologie, mais dans leur application, parce que les utiliser pour guérir les maladies de la société ne peut qu’aggraver les maladies de la société. » L’histoire de l’humanité durant le 20ème siècle l’a prouvé. Espérons que le PCV va le réaliser, car c’est déjà trop tard de 60 ans !

IV.3. Les 6 pressions mentionnées précédemment doivent s’intensifier dans le but de conduire prochainement à une élection pour une Assemblée Nationale démocratique, juste, digne d’une société civilisée. Ne laissez pas le Peuple, même s‘il continue de se complaire dans l’obligation de voter joyeusement, avec un taux de participation supérieur à 99%, comme cela s’est passé avec les 11 derniers scrutins législatifs, scrutins ouvertement truqués durant ces 60 dernières années. Le Peuple Vietnamien n’est plus « sincère et uni » comme on le croit. Il suffit de comprendre quelques notions de base de la démocratie pour savoir que personne ne veut prétendre faire partie de « la masse des votants exaltés », typiquement marxiste – Ho Chi Minh n’est plus !

IV.4. Malgré la force démonstrative de cette analyse, le PCV pourrait continuer de pratiquer la censure afin de conserver son pouvoir d’immobilisme jusqu’au prochain congrès, voire au-delà, même si la population en as « raz le bol ». Le PCV continue d’expliquer avec condescendance que « nous sommes toujours lucides, toujours derrière avec la population et pour le guider ; nous sommes le modèle et la conscience de l’humanité » (!?), jusqu’au jour où un Gorbatchev vietnamien sortira des rangs du PCV. Si seulement cela pouvait advenir avant le 10ème congrès du parti ! Sans doute, la population est disposée à faire plus que simplement s’asseoir et attendre cet évènement hypothétique ? Et si ce jour mettait un siècle avant d’arriver, allons-nous simplement attendre ?

IV.5. Ceux qui, vivant au Vietnam ou à l’étranger, luttent pour un Vietnam Libre et Démocratique, ne doivent pas se faire d’illusion sur une solution facile et rapide, mais d’abord conjuguer leurs efforts pour aider la population à vaincre les 3 tristes fléaux décrits ci-dessus, dont elle souffre depuis longtemps, qui touchent même les intellectuels et jusqu’aux dignitaires de toutes les religions. L’inertie face à cet enjeu vital discrédite tous les intellectuels habitant le Vietnam. Ainsi, la question de l’avenir du Vietnam est, avant tout, une question de culture, d’intégrité morale, d’éthique dans le rapport aux autres. C’est l’enjeu majeur pour les habitants du Vietnam. Si nous cultivons l‘honnêteté, la droiture, l’intégrité morale, la noblesse, nous atteindrons l’essentiel. Pour y parvenir, il importe au premier chef de gagner la Liberté d‘Expression, l’indépendance des journaux. Cette liberté de la presse permettra de mieux informer, donc mieux guider la population. Ce n’est qu’à cette condition que nous pourrons véritablement discuter organisation.

Père Thadeus Nguyen Van Ly
Hue, 08.8.2005



Addendum

[Extrait de « Constitution de la République Socialiste du Vietnam » – 1992 :

Article 69 : les citoyens doivent jouir de la liberté d’opinion et de parole, de la liberté de la presse, du droit à l’information, et le droit de réunion, de former des associations et de manifester, à condition de respecter la loi.

*** Immédiatement après la Constitution figurent les cinq droits, puis aussitôt à la suite, l’expression « à condition de respecter la loi » qui nie ces droits. De fait, depuis 60 ans le Vietnam n’a pas eu un seul journal privé indépendant, aucune des 6 grandes religions du Vietnam ne possède son propre journal, et même le simple acte de copier et distribuer cet article peut nous condamner à une « séance de travail », à devoir écrire une autocritique, à être expulsé d’une école, à se voir retiré un diplôme universitaire, à être licencié, à être placé dans un prétendu centre de rééducation, véritable prison, ou à tout autre harcèlement… Telle est au Vietnam la définition du « droit à la liberté et à la démocratie définies dans le contexte du Socialisme » qui est si séduisante pour « un peuple arriéré », tout de suite ! Pour ceux qui se réfèrent aux « lois arbitraires » pour interdire la liberté de parole, qui est pourtant un droit légitime du peuple, il n’y a rien à dire. Par conséquent, les gens en sont réduits à « volontairement mettre leur main à la pâte » dans ce cas, prendre conscience avec fierté qu’ils sont « de vrais soldats au service d’une Démocratie authentique dans un Vietnam neuf »].

[Extrait de « Convention Internationale sur les Droits civils et politiques » des Nations Unies, du 16 décembre 1966, signée par le Vietnam le 24 septembre 1982.

Article 5.1 : Rien dans la présente convention ne doit être interprétée comme laissant entendre pour un état, un groupe ou une personne, le droit d’agir ou de prendre part à une action visant à supprimer l’un quelconque des droits et libertés affirmées ci-après ou à en limiter la portée.

Article 5.2 : Il ne doit pas y avoir la moindre dérogation ou restriction aux droits de l’homme fondamentaux reconnus ou existants dans un pays sous prétexte que la présente convention ne reconnaîtrait pas de tels droits ou qu’elle en limiterait la portée.

Article 19,2 : Chacun doit disposer de la liberté d’expression ; ce droit doit la liberté de chercher, recevoir, et transmettre des informations et des idées de toutes sortes, indépendamment des frontières, sous forme orale, écrite ou imprimée, sous forme artistique ou au moyen de tout autre media.]

***. Les états totalitaires tirent souvent avantage de l’article 19.3.b dont voici un résumé : les droits énoncés dans la partie 2 de l’article 19 figurant ci-dessus peuvent être restreints « pour assurer la sécurité du pays ou l’ordre public, pour protéger la santé publique ou les bonnes mœurs. Il est crucial que :

a/- La sécurité nationale est-elle plus affectée lorsque chaque citoyen est libre de communiquer et de prendre connaissance de l’actualité mondiale, ou au contraire lorsque le gouvernement pratique la censure comme le font les fascistes ?

b/- La « sécurité nationale, l’unité nationale ou la sécurité des dirigeants de l’état » est-elle invoquée mensongèrement, par prétexte ?

c/- Quels sont les véritables dangers dans notre « Nation » : les armes à feu, les couteaux, les militants, le terrorisme, or un simple courriel ou une simple feuille de papier ? Il faut que les différents degrés de danger soient clairement affirmés et conformes à la Charte des Nations Unies, notamment à son article 19.2, si le Vietnam veut éviter d’être une curiosité parmi les nations civilisées. Est-il concevable de se prétendre « à l’avant-garde » alors que l’on piétine, et que signifie « La démocratie au Vietnam dépasse toute autre forme de démocratie existant dans le monde », ainsi que le prétend si souvent le PCV !

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