Éloge du combat mené par Do Nam Hai pour la liberté et la démocratie

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DÉBAT DE CLÔTURE
M. Do Nam Hai

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(Territoire de la Capitale de l’Australie)

Le sénateur HUMPHRIES (territoire de la capitale de l’Australie) (7,48 p.m.) — Au cours du débat de clôture, je veux évoquer les ennuis d’un dissident au Vietnam, M. Do Nam Hai. La dissidence de M. Do Nam Hai a commencé lors d’un séjour en Australie, au cours de la dernière décennie. Il est arrivé à Melbourne avec son épouse et sa fille en 1994, dans le cadre d’un programme éducatif sponsorisé. En Australie il s’est passionné pour les concepts australiens de liberté, de démocratie, de droits de l’homme et de confiance dans le respect de ces droits. Il les a adoptés avec une telle conviction qu’il a écrit à leur propos, pendant ce même séjour et sous un pseudonyme, des essais concernant son pays d’origine, le Vietnam.

Il revint au Vietnam en 2002. En octobre 2004, interviewé par Radio Free Asia, il exposa les idées qu’il avait déjà présentées dans ses essais. Dans son essai « Continued writing on reassessment » Do Nam Hai écrivait :

« Pour combattre l’injustice, l’appauvrissement, l’indigence, pour accomplir de nouveaux objectifs pour le nouveau Vietnam, pour s’intégrer au monde moderne, nous n’avons pas d’autre choix que la voie de la démocratie, du pluralisme et la règle de la loi. »

Il réclama également un référendum en faveur du pluripartisme au Vietnam.

En décembre 2004, M. Do Nam Hai fut détenu pour avoir diffusé sur Internet des textes revendiquant la démocratie, et son ordinateur fut confisqué. Par la suite, il fut fréquemment harcelé par les autorités locales, à plusieurs reprises arrêté et interrogé pendant deux jours. Agent de banque, il fut licencié en février 2005 pour avoir refusé de cesser ses activités. Bien que, désormais, Do Nam Hai soit mis à l’écart et très étroitement surveillé par les services secrets vietnamiens, il continue de vanter les valeurs d’une société démocratique telle que celle qu’il connut en Australie. Sa préoccupation majeure reste le côté rétrograde du système politique de son pays. Pour lui, cela tient au parti unique. Il affirme :

« C’était, c’est encore, et ce sera toujours le problème sous-jacent à tous les problèmes, la cause fondamentale de toutes les causes qui créeront d’innombrables désastres et d’innombrables douleurs, menant à la régression honteuse de ce pays, de mon peuple. »

Bien qu’il ait condamné la médiocrité des dirigeants politiques actuels, il nourrit beaucoup d’espoir dans la capacité des vietnamiens à reconstruire leur pays, dans une ère post-Communiste. Il a invité le parti communiste et le gouvernement vietnamien à « s’engager dans un dialogue sincère avec les pro-démocrates du Vietnam, afin de trouver les meilleurs moyens de reconstruire et développer le pays. » Il poursuit :

« Nous n’appréhendons pas d’ignorer la bonne solution pour le développement mais nous craignons qu’à nouveau soit prise une mauvaise direction. Nous avons choisi le mauvais chemin dans le passé. Désormais nous devons avoir le courage de surmonter nos faiblesses, nous devons méditer les erreurs historiques et nous donner les moyens de faire les bons choix. Si le pouvoir atermoie, s’il refuse de rénover le système politique ou s’il se limite, comme aujourd’hui, à des demi-mesures, en fait des gesticulations, il continuera à mener notre nation vers l’impasse. Et les causes de notre asservissement, prétendument abolies voici 60 ans…, perdureront. »

Aucune incitation à la violence, mais assurément un plaidoyer venu du cœur, pour un changement fondamental dans son pays.

Naturellement, Do Nam Hai n’est pas le seul à avoir été persécuté pour s’être exprimé au sujet des droits de l’homme au Vietnam. Le Thi Hong Hien, une jeune enseignante, a été arrêtée au mois de mai de l’année dernière et condamnée à 12 mois de prison pour avoir pratiqué sa religion. Amnesty International la considère comme une prisonnière d’opinion. On la tortura si brutalement qu’elle en garde aujourd’hui des séquelles physiques et mentales. Lan Anh, une journaliste, a été récemment persécutée pour avoir « révélé des secrets d’état » dans une série d’articles décrivant les pratiques corrompues d’une société pharmaceutique, avec la complicité de fonctionnaires corrompus, qui pénalisait l’industrie vietnamienne de la pharmacie.

En fait, la dissidence est une voie très empruntée au Vietnam, par un nombre grandissant de personnes. Un groupe d’anciens membres du parti communiste, dans une lettre adressée en juin à la conférence nationale du Comité central du parti communiste du Vietnam, fait observer que les vietnamiens subissent deux hontes nationales et cinq désastres nationaux. Les hontes nationales sont la pauvreté et la corruption, au rang des plus aiguës dans le monde. Les cinq désastres nationaux sont la paperasserie et la bureaucratie ; un environnement pollué ; des moyens de transport extrêmement dangereux ; la crise de l’éducation qui affecte les enseignants et les élèves ; une prostitution fort répandue et ses conséquences sociales en cascade.

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De gauche à droite : M. Nguyen Chinh Ket, le Rév. Nguyen Hong Quang, M. Tran Khue, M. Do Nam Hai lors d’une visite au Rév. Nguyen Hong Quang, après sa libération.

Tandis qu’une longue liste de chefs religieux, de dissidents politiques et d’universitaires ont parlé des droits de l’homme et ont été persécutés pour s’être prononcés à leur sujet, monsieur Do Nam Hai, mesdemoiselles Le Thi Hong Hien et Lan Anh représentent ces nombreux vietnamiens ordinaires qui se lèvent pour exiger des valeurs démocratiques. L’association « Reporters sans frontières », qui défend les droits de l’homme, a vanté le courage de Nam Hai pour la critique des autorités qu’il a fait publier sur Internet. Cette association a déclaré :

« Do Nam Hai a choisi d’exprimer ses convictions en dépit des risques qu’il court. Son courage est remarquable dans un pays où toute remise en question du régime peut mener directement à la prison, et nous invitons les autorités vietnamiennes à cesser de le harceler, manifestant ainsi leur respect de la liberté d’expression. »

Je fus très privilégié, en novembre dernier à Sydney, en assistant à la cérémonie d’inauguration du Parti de la Réforme du Vietnam, le Viet Tan, ainsi qu’en favorisant la visite du Viet Tan à la Chambre du Parlement, en mars dernier. À cette occasion j’ai remarqué un désir fort et déterminé pour un changement pacifique du Vietnam. Je crois que cette volonté s’observe non seulement dans beaucoup de régions du monde où les Vietnamiens ont émigré mais également au Vietnam. Son influence considérable sur l’évolution du pays est déjà très manifeste.

Cette année marque le trentième anniversaire de la fin de la guerre du Vietnam. Il y eut de grandes célébrations au Vietnam, y compris des défilés, et sans doute quelques célébrations plus discrètes en Australie par quelques personnes, aussi âgées fussent-elles, qui poussèrent l’Australie à mettre un terme à son engagement dans cette guerre. J’aimerais demander à ces personnes dont la démarche aurait été respectable en Australie mais en d’autres temps, de méditer – en leur âme et conscience – sur la situation actuelle des vietnamiens, après 30 ans de domination d’un pouvoir que ces mêmes australiens contribuèrent à mettre en place.

Trente ans après, le gouvernement du Vietnam réussit encore l’exploit, en 2004, d’appartenir à la crème des « pires pays hostiles à la liberté », liste qui énumère les 15 pays les plus répressifs au monde. Le Vietnam fait partie des huit pays que le Département d’État des USA qualifia, en septembre 2004, de « particulièrement préoccupants » – (of particular concern), au regard de l’ « Acte pour la Liberté Religieuse dans le Monde » (International Religious Freedom Act), pour de graves violations de la liberté. Le Très Vénérable Thich Huyen Quang, un moine vietnamien de 85 ans, est toujours en résidence surveillée au Vietnam pour avoir tenu à pratiquer sa religion dans une église bouddhiste indépendante.

Je me réjouis de l’esprit de liberté qui se manifeste aujourd’hui au Vietnam. Notre pays entretiens depuis longtemps des relations étroites avec le Vietnam ; à ce titre nous conservons un rôle de promotion et de soutien des valeurs qui nous sont chères, non seulement au profit du Vietnam mais aussi de n’importe quelle partie du monde. J’espère que cette aspiration à la liberté domine désormais la société vietnamienne. J’en suis convaincu. J’applaudis tous ceux qui, comme Do Nam Hai, agissent pour que cet état d’esprit finisse par prévaloir au Vietnam.

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