George Bush braque le projecteur sur le manque de liberté religieuse au Viêt Nam

Reuters

Matt Spetalnick

Dimanche 19 novembre 2006

George Bush durant le sommet de l’APEC

HÀ NÔI (Reuters) – Le Président des États-Unis George W. Bush a assisté dimanche à un office dans une église de Hà Nôi, encourageant les dirigeants communistes du Viêt Nam à accepter une plus grande liberté religieuse.

Bush, second président des États-Unis de l’après guerre à visiter le Viêt Nam, s’est avancé prudemment, évitant la critique frontale d’un état autoritaire et à parti unique, se focalisant plutôt sur ses succès économiques.

Mais lorsque, le troisième jour de son séjour dans le pays du sud-est asiatique, il s’est rendu à l’église, respectant son habitude dominicale, il a braqué un projecteur sur les soucis toujours d’actualité concernant les libertés religieuses.

« Une société accomplie est une société qui fait bon accueil aux libertés fondamentales, et il n’y a pas de liberté plus fondamentale que la liberté de culte religieux » déclara Bush à l’extérieur de l’église blanche, fleurie, du centre-ville de Hà Nôi.

« C’est notre manière d’exprimer notre foi personnelle et, en même temps, une façon d’inviter les sociétés à parfaitement accepter la religion, au point de dire à chacun : si vous aimez rendre grâce à Dieu, faites-le comme vous l’entendez » a-t-il ajouté.

Lundi, les États-Unis ont retiré le Viêt Nam d’une liste de nations considérées comme violant gravement la liberté religieuse, citant des améliorations dans la tolérance religieuse.

Les églises dirigées par l’état du Viêt Nam ont fait bon accueil au geste américain mais les critiques disent que le harcèlement des croyants dans les provinces demeure un problème.

La plupart des Vietnamiens sont bouddhistes mais beaucoup ne le disent pas officiellement. Les catholiques forment la deuxième plus grande communauté catholique en Asie.

Toutes les croyances sont sous la surveillance de l’état. Hà Nôi indique qu’il protège les droits des citoyens « à croire ou ne pas croire ».

Mais le président déclara vendredi après son arrivée que la tolérance religieuse dans le pays à parti unique demeure un souci.

Bush a semblé choisir ses mots soigneusement dimanche, conscient de la susceptibilité du pouvoir vietnamien, qui s’est efforcé d’enjoliver l’image du pays pour le sommet de la Coopération Économique en Asie-Pacifique, les représentants de 21 pays réunis ce week-end.

Il a clairement affirmé qu’au lieu de ruminer sur la guerre de Viêt Nam qui divisa l’Amérique voici une génération, il préfère regarder vers le futur.

Bush a commencé la journée en assistant à un office religieux avec son épouse, Laura, à l’église Cua Bac située dans un labyrinthe de ruelles et pleine à craquer avec 450 fidèles, catholiques et protestants réunis.

L’assemblée d’hommes aux chemises blanches impeccables et de femmes en tuniques traditionnelles de soie chanta des hymnes en vietnamien pendant que la cérémonie catholique et protestante était célébrée par l’Archevêque de Hà Nôi, Mgr Ngo Quang Kiet.

À l’extérieur de l’église, Bush se mêla à la foule des fidèles, les uns lui serrant la main, les autres s’inclinant.

Dimanche, des disciples bouddhistes de Hoa Hao déclarèrent que leur manifestation prévue près du consulat des États-Unis à Sài Gòn avait été contrecarrée par la police. Un des dirigeants, qui est assigné à résidence dans la province méridionale d’An Giang, a indiqué par téléphone que la police avait arrêté plusieurs des organisateurs durant la nuit.

Truong Van Duc se déclara « très, très contrarié » par la décision des États-Unis d’enlever le Viêt Nam de la liste noire. « Nous savons qu’il y a des persécutions religieuses dans ce pays. »

Invité à commenter les propos de Bush à l’église de Hà Nôi, Duc déclara, « Ses déclarations sont appréciables mais nous avons besoin d’action concrète contre le gouvernement du Viêt Nam. »