Grèves massives au Viêt Nam pour obtenir des salaires décents

Depuis fin décembre 2005, des milliers de viêtnamiens, salariés de plusieurs dizaines d’usines, ont organisé une série de grèves massives et spontanées pour protester contre la baisse du salaire minimal. Ils demandent également la mise en place de mesures de sécurité sur les lieux de travail ainsi que la possibilité de créer des syndicats libres, indépendants de l’état vietnamien.

28 décembre 2005 – Des grèves sans précédent

À Saigon, tous les employés de la société Freetrend, au nombre de 18 000, se mettent en grève pour exiger des salaires plus élevés.

En novembre 2005, la société Freetrend avait promis d’augmenter les salaires de 30% pour tout le personnel employé depuis le 1er janvier 2006. Mais, peu après, Freetrend avait déclaré qu’elle ne pourrait augmenter les salaires que de 100 000 dôngs (environ US$ 6), soit bien en dessous des 30 % promis.

3 janvier 2006

Dans la région de Linh Xuat, province de Thu Duc, onze mille employés de six usines font grève pour exiger une augmentation de salaire.

Dès le jour suivant, ces grèves gagnent les usines de Hai Vinh et Chutex.

Le même jour, cinq mille employés de la société Kollan & Hugo rejoignent la grève pour demander que les salaires minimums soient augmentés à 710 000 dôngs par mois (soit US$ 44), comme promis par la société à son personnel le 29 décembre 2005. Le Directeur, M. Lee Xiu Feng, répond aux employés : « Toute augmentation doit avoir l’accord du gouvernement. Tout employé faisant grève plus de cinq jours sera licencié ».

A la société Latex, tous les 2 340 employés font grève par solidarité avec celle de Kollan et demandent une augmentation de 30% pour les salaires les plus bas. Ces ouvriers se rendent à la société Danu Vina, entraînant les membres du personnel à se joindre à leur grève.

4 janvier 2006

Les travailleurs viêtnamiens de la plantation Grawn Timbers Limited, dans la province de Binh Duong, près de Saigon, manifestent contre la réduction soudaine des salaires, sans préavis ni aucune explication. Une femme déclare que son salaire mensuel était de 800 000 dôngs/mois (soit US$ 50) mais qu’il a été réduit à 560 000 dôngs/mois (soit US$ 35).

Les travailleurs protestent aussi contre les conditions de travail dangereuses. En outre, la Plantation Grawn Timbers Limited impose désormais une contribution de 50 000 dôngs (US$ 3) aux travailleurs qui utilisent les salles de bains plus d’une fois par jour.

Nombreux sont les grévistes qui sont agressés par les représentants de la direction. Un directeur frappe une femme avec un talkie-walkie. Elle perd connaissance. On l’envoie à l’hôpital. Elle est enceinte de trois mois.

Le même jour, des milliers d’employés de l’entreprise Hai Vinh, Chutex, située dans la même région industrielle que la Plantation Grawn Timbers Limited, se mettent en grève pour protester contre les salaires.

9 janvier 2006

Les grèves dans ces régions se poursuivent. Dans la banlieue de Saigon, éclatent quatre nouvelles grèves, auquelles participent des milliers de travailleurs.

Cinq cents ouvriers de l’entreprise Liên Phuong, spécialisée dans la machine à coudre, se mettent en grève afin d’obtenir de meilleurs salaires, des repas améliorés, ainsi qu’une transparence des bénéfices de la société et des arrêts de travail pour maladie. La plupart des ouvriers sont exténués par l’allongement de la durée du travail.

Environ trois mille travailleurs de l’entreprise Lissie manifestent contre les salaires trop bas.

La semaine précédente, le Premier Ministre PhanVan Khai avait signé à Hanoi un décret portant le salaire minimum à 870 000 dôngs mensuels (US$ 54) dans les compagnies et sociétés étrangères. Par contre, dans les compagnies viêtnamiennes, le salaire minimum reste à 350.000 dôngs (US$ 22). En comparaison, le salaire mensuel minimum au Cambodge est de US$ 45.

Au lieu de protéger les droits des travailleurs et résoudre les conflits, le gouvernement communiste viêtnamien envoie ses forces, y compris l’Association des Jeunes, Les Pionniers Communistes, le Service Public de Sécurité de la ville de Saigon et de la province de Binh Dinh, la Fédération Viêtnamienne des Travailleurs et les syndicats pour détecter et prévenir le déclenchement d’autres grèves.