Hanoï réprime des militants démocrates hostiles au régime du parti unique

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Par Bruno Philip, Correspondant régional Bangkok

6 août 2011

Pour s’être publiquement opposés à un projet d’exploitation minière, un dissident vietnamien a été condamné à sept ans de prison et un autre doit être jugé le 10 août

Le sort réservé à plusieurs dissidents vietnamiens illustre la volonté d’Hanoï de museler toute voix discordante s’élevant contre le règne sans partage du Parti communiste. Parmi eux, figurent notamment un avocat de 53 ans, Cu Huy Ha Vu, titulaire d’un doctorat en droit de la Sorbonne, et un professeur de mathématique franco-vietnamien de 54 ans, Pham Minh Hoang.

Cu Huy Ha Vu, placé en détention en novembre 2010, avait été condamné, le 7 avril, à sept ans de prison par un tribunal d’Hanoï pour “propagande contre l’Etat”. L’appel de sa condamnation a été rejeté mardi 2 août. Amnesty International a qualifié son procès de “simulacre”.

Cu Huy Ha Vu, qui a été accusé de diffuser des textes appelant au multipartisme, a déclaré, mardi devant le tribunal, qu’il était la victime d’une “revanche”. Le juriste s’est opposé à deux reprises au premier ministre Nguyen Tan Dung, reconduit le 26 juillet.

En 2009, il avait poursuivi en justice le chef du gouvernement, après que ce dernier eut accordé à une entreprise chinoise la concession d’une mine e bauxite sur les hauts plateaux vietnamiens. Une affaire qui avait provoqué un tollé, ce projet ayant été jugé dommageable pour l’environnement.

En octobre 2010, juste avant son arrestation, l’avocat a de nouveau visé le premier ministre en déposant une plainte devant la Cour suprême pour protester contre un décret interdisant les recours collectifs en justice. Le chef du gouvernement avait été affaibli par ces mises en cause.

Depuis qu’il a réussi à réaffirmer son autorité, il chercherait à régler ses comptes avec ses adversaires. Le fait que l’avocat prodémocratie soit également le fils d’un célèbre poète et compagnon de route du fondateur du Parti communiste vietnamien, Ho Chi Minh, ne l’aura pas aidé. Les juges ont estimé qu’il n’avait pas suivi la “tradition” de son père et des héros révolutionnaires. Les Etats-Unis ont appelé, mardi, les autorités vietnamiennes à “libérer M. Cu ainsi que tous les autres prisonniers de conscience”.

Le cas du professeur de mathématique franco-vietnamien, qui enseigne à l’Institut de technologie d’Ho Chi Minh-Ville, ex-Saïgon, présente des similitudes avec celui du juriste. Pham Minh Hoang, 56 ans, qui a publié des blogs critiquant le régime, est en détention depuis le 13 août 2010, après avoir été accusé de “mener des activités en vue de renverser le gouvernement”. Il doit être jugé le 10 août à Ho Chi Minh-Ville.

Il est aussi accusé d’appartenir au Viet Tan, une organisation prodémocratie clandestine disposant d’un réseau de militants à l’étranger. Son épouse, Le Thi Kieu Oanh, est également soupçonnée d’être membre de cette organisation. Mme Le a indiqué que son époux a été arrêté pour son opposition à la mine de bauxite.

Selon la Fédération des pays asiatiques pour les droits de l’homme (FPADH), le gouvernement vietnamien a rejeté les démarches des diplomates français et du Quai d’Orsay, en raison de l’appartenance supposée de Pham Minh Hoang au parti interdit Viet Tan.

Cette fédération indique par ailleurs que la dissidente et écrivaine vietnamienne Tran Khai Thanh Thuy, qui est membre du Viet Tan, a été libérée par le gouvernement vietnamien. Condamnée, le 5 février 2010, à trois et demi de prison après avoir assisté aux procès de militants prodémocratie, elle a été expulsée vers les Etats-Unis le 23 juin. Cette mesure de clémence a été perçue par certains analystes comme l’un des signes du rapprochement en cours entre Washington et Hanoï, sur fond de montée en puissance économique et militaire de la Chine dans la région.

Enfin, les proches de Nguyen Van Ly, un prêtre de 65 ans, l’une des grandes figures de la dissidence vietnamienne, ont indiqué, vendredi 5 août, qu’il refusait de s’alimenter après avoir été de nouveau incarcéré le 25 juillet.

B. P.

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