Impérialisme chinois et complaisance des autorités vietnamiennes

Marc Fournier

À Paris aujourd’hui, face à l’ambassade chinoise, des vietnamiens protestaient contre l’attitude belliqueuse de la Chine. Celle-ci s’est traduite récemment par le meurtre de 8 pêcheurs vietnamiens et l’emprisonnement de dizaines d’autres. La Chine prétend que ces pêcheurs étaient des pirates. Mais les pays expansionnistes, l’Allemagne de 1938 comme la Chine d’aujourd’hui, invoquent toujours des prétextes justifiant leur agression. Seuls les naïfs croient ces mensonges, seuls les lâches prétendent y croire.

À ces protestations s’ajoutaient celles qui visaient les autorités vietnamiennes, car celles-ci, curieusement, ont réagi mollement à l’agression chinoise. Curieusement ? Pas autant qu’il paraît, si l’on sait la complicité des dirigeants de Ha Noï avec ceux de Pékin. Ils partagent un vice commun : le déni de toute démocratie. Aussi les dirigeants vietnamiens ménagent leurs critiques à l’encontre de leurs derniers soutiens, les dirigeants chinois et leur puissante armée.

Mais le peuple vietnamien a souvent prouvé sa fierté, au cours de sa longue histoire. Les manifestants d’aujourd’hui illustraient bien cette force de caractère. Malgré leur conscience aiguë de la difficulté de leur lutte, malgré la pluie froide de l’hiver parisien, ils prouvèrent à nouveau que l’esprit vietnamien reste vivace, plus à Paris ou à Sydney que dans les bureaux gouvernementaux de Ha Noï. Ils savent qu’en d’autres temps, à Paris même en 1940, beaucoup ont désespéré face à une force qui semblait invincible, alors que d’autres, un peu « cinglés » sans doute, ont osé imaginer la libération de leur sol, quatre ans avant le 25 août 1944.

Marc Fournier