La France convoite le marché vietnamien de l’armement

AFP

De Hervé ASQUIN – 28 novembre 2010

HANOI — La France convoite le marché vietnamien de l’armement qui s’ouvre rapidement depuis la fin du monopole russe, alors que les Américains, autrefois ennemis jurés du régime communiste, reviennent en force.

A Hanoi jeudi et vendredi, le secrétaire d’Etat français au Commerce extérieur Pierre Lellouche a assuré qu’il y aurait “une place pour la France” sur ce marché.

Un pas important avait été franchi en juillet lorsque son ex-collègue Hervé Morin avait effectué la première visite “hautement symbolique” d’un ministre français de la Défense au Vietnam depuis la débâcle de Dien Bien Phu, en 1954.

La France, avait-il expliqué, est “politiquement prête” à participer à la “modernisation” de l’armée vietnamienne. M. Morin avait évoqué des achats de radars, hélicoptères et avions de transports français.

Le Vietnam communiste a engagé ces dernières années une brusque remise à niveau de son “armée populaire” dont les victoires contre les “colonialistes français” en 1954 et les Américains en 1975 sont encore célébrées avec emphase au musée des armées de Hanoi.

Avec près de 3.200 kilomètres de façade maritime, le Vietnam met logiquement l’accent sur l’équipement de sa marine, d’autant que les tensions avec la Chine vont croissant à propos de la souveraineté contestée des archipels Spratleys et Paracels, en mer de Chine méridionale.

Théâtre de nombreux incidents, la région contrôle les accès maritimes de la Chine, compterait d’importantes réserves de pétrole et de gaz et constitue une zone de pêche convoitée.

Dans ce contexte, la Russie demeure malgré tout, et de très loin, le fournisseur d’armement privilégié de la République populaire du Vietnam qui a encore acquis en 2009 et 2010, vingt avions de chasse Soukhoï Su-30MK2 et six sous-marins russes de classe Kilo.

Mais la Russie d’aujourd’hui n’est plus l’URSS d’autrefois, celle qui avait apporté un soutien décisif aux Vietminhs du général Giap. “Le Vietnam cherche désormais à se rapprocher des grandes puissances occidentales dans l’hypothèse où les choses tourneraient mal avec Pékin”, note un observateur.

Et c’est ainsi qu’ont été brisés les tabous français et américains. Fin 2009, le ministre vietnamien de la Défense, Phung Quang Thanh, s’est rendu en France après une visite aux Etats-Unis, où il s’était entretenu avec le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates.

La rencontre avait eu lieu au Pentagone, un développement spectaculaire quinze ans après le rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays.

De multiples accords techniques ont été noués par Hanoi avec l’Australie, la Belgique ou la Nouvelle-Zélande. On évoque même des contacts avec l’industrie de l’armement israélienne.

“Alors que l’armée populaire vietnamienne se cachait volontiers pour signer des partenariats avec des pays étrangers, elle le fait maintenant beaucoup plus ouvertement”, note Benoît de Tréglodé, directeur de Institut de recherche sur l’Asie du sud-est (IRASEC), à Bangkok. “Il y a quelques mois, des Vietnamiens ont même évoqué le terme de +communauté d’esprit+ avec les Américains”, souligne le chercheur. Qu’en est-il précisément de l’effort d’équipement militaire de Hanoi ? Cette question reste nimbée d’un épais mystère.

Officiellement, le Vietnam consacre près de 2% de son PIB à ses dépenses militaires. Mais ce chiffre n’inclut ni les contrats d’armement, dont beaucoup restent un secret d’Etat, ni la multitude d’activités commerciales des armées (production de café, exploitation minière, téléphonie mobile..) qui abondent leur budget.

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