La musique emprisonnée

Thanh-Mai Tran

Avril 2012

Je souhaiterais vous faire découvrir un artiste chanteur-compositeur vietnamien que j’admire beaucoup. Son nom est Viet Khang. Vous ne le connaissez sûrement pas, mais il a déjà fait la une de plusieurs reportages asiatiques américains… Pourquoi ?

Parce que ses chansons font la tournée des night-clubs ? Parce qu’il a vendu des milliers d’albums ? Non. Mais bien parce que des milliers de personnes, y compris des politiciens américains, se sont prononcés pour sa libération.

Viet Khang a été arrêté par la police vietnamienne et emprisonné sans aucune accusation valable à Saigon, au sud du Vietnam il y a trois mois. La raison profonde de cette arrestation réside dans ses chansons qui prônent la démocratie. Cet artiste de 33 ans a découvert sa passion pour la musique depuis son plus jeune âge en jouant dans plusieurs groupes de musique de sa région. Il gérait un petit studio d’enregistrement pour subvenir aux besoins quotidiens de sa famille. Lors de ses petites tournées à travers le Vietnam, il remarqua les injustices sociales et la pauvreté endémique qui touchaient son pays. Il décida donc de soulever ces problèmes dans ses chansons intitulées « Qui es-tu ? » et « Où est mon Vietnam ? », ce qui lui a valu la prison pour une durée indéterminée.

Le Vietnam possède encore un régime communiste où la liberté d’expression n’existe pas et où les gens sont opprimés chaque jour. Parfois, nous oublions la chance que nous avons de vivre dans un pays démocratique où nous avons le droit de nous exprimer en toute liberté.

Une pétition a été lancée aux États-Unis qui a rassemblé plus de 150 000 signatures pour la libération de Viet Khang. C’est un exemple parmi des milliers sûrement… Tous ces courageux dissidents qui osent protester contre le gouvernement dans les pays où les Droits de l’Homme ne sont pas respectés notamment en Chine, en Corée du Nord, au Tibet, connaissent le même sort. Il faudrait que « le peuple se libère de la peur pour installer une démocratie » selon Aung San Suu Kyi, lauréate du prix Nobel de la paix en 1991 et chef de file de l’opposition birmane qui vient de remporter les élections législatives après 20 ans de lutte politique non violente. Cela nous montre que la situation commence à évoluer. Nous sommes en 2012, il est temps pour ces gouvernements communistes de changer. La communauté internationale devrait agir et stopper l’indifférence afin d’accélérer le processus de démocratie.

Source : Agora Magazine, page 32


Agora Magazine est une publication de la Toile Internationale des Étudiants de HEC Montréal