La police vietnamienne empêche des dissidents de rencontrer l’ambassadeur des Etats-Unis

AP

Ben Stocking – Vendredi 6 avril, 10h04

Michael Marine, ambassadeur des Etats-Unis au Viêt Nam.

HANOÏ, Vietnam – L’ambassadeur des États-Unis a déclaré vendredi : « la police vietnamienne a empêché des épouses de dissidents de venir boire le thé à la maison de l’ambassadeur des États-Unis, créant une situation qui aurait pu dégénérer dangereusement. »

L’Ambassadeur des États-Unis Michael Marine avait également invité la représentante Loretta Sanchez qui, selon la police « a manipulé » les femmes.

Loretta Sanchez, député Démocrate de Californie, qui a critiqué le gouvernement communiste du Viêt Nam, a indiqué que 15 policiers ont entouré deux femmes quand elles sont arrivés à la résidence de l’Ambassadeur des États-Unis, Michael Marine, jeudi soir.

Vendredi, Marine a déclaré qu’il s’était plaint au sujet de l’incident au Vice-premier ministre Pham Gia Khiem, également ministre vietnamien des Affaires étrangères.

Marine : « 15 hommes ont entouré deux femmes, vociférant, saisissant leurs bras et les tirant vivement. Je leur ai dit qu’il est absolument inadmissible que des femmes soient traitées ainsi, où que ce soit. »

Marine a déclaré qu’il avait organisé des réunions semblables dans le passé et en avait toujours informé les autorités vietnamiennes à l’avance, comme il l’a fait cette fois-ci.

Loretta Sanchez, député démocrate de Californie, est une fervente militante pour les droits de l’homme au Viêt Nam

Loretta Sanchez a déclaré : « L’ambassadeur Marine avait invité cinq femmes en sa résidence, y compris les épouses de quatre dissidents et la mère d’un autre. Trois d’entre elles ont été arrêtées dans le voisinage de Ha Nôi et ne sont jamais arrivées chez l’ambassadeur, et deux autres ont été refoulées quand elles sont arrivées.

Parlant aux journalistes à Hà Nôi, Sanchez a indiqué que les policiers – certains en uniforme, d’autres en civil – « en sont venus aux mains avec les femmes. » « Elles étaient incroyablement courageuses. Ils les ont bousculé. »

Parmi les invités au thé figuraient les épouses des dissidents Nguyen Vu Binh, Le Quoc Quan, Nguyen Van Dai de Pham Hong Son. La mère de Le Thi Cong Nhan, avocat des droits de l’homme de Hà Nôi, avait été invitée elle aussi.

Sanchez, qui a déjà demandé par le passé trois fois un visa pour le Viêt Nam, toujours refusé ou restreint par les autorités vietnamiennes, a dit que certaines des femmes ont été détenues et interrogées dans les commissariats de police locaux quand elles ont quitté leur domicile jeudi pour se rendre à la résidence de l’ambassadeur.

Sanchez : « Des barrages avaient été placés dans les rues près de leurs maisons, »

Madame Vu Thuy Ha (au centre), épouse du dissident Pham Hong Son tente de passer le barrage des policiers vietnamiens. (AP Photo)

Le district californien de Sanchez compte beaucoup de réfugiés de l’ancien Viêt Nam du Sud qui ont fui leur patrie après que le Viêt Nam du Nord communiste s’est emparé du pays et après le retrait des troupes des États-Unis, en 1975.

Vendredi, les autorités vietnamiennes accusent Loretta Sanchez d’« interférer dans les affaires internes du Viêt Nam. »

« Malheureusement, Madame Loretta Sanchez n’a jamais eu une attitude objective ni ne s’est vraiment préoccupée de l’amélioration des relations de Viêt Nam-États-Unis. » a déclaré Le Dung, porte-parole du ministère des Affaires étrangères du Viêt Nam. Le Viêt Nam, sous le règne du Parti Communiste, ne tolère pas de remise en cause de son hégémonie. La semaine dernière un tribunal a condamné un prêtre catholique à huit ans de prison parce qu’il a avait essayé de créer un groupe pro-démocratie. En mars, deux avocats défenseurs des droits de l’homme ont été emprisonnés et accusés de diffuser de la propagande nuisant à l’état.

Le député Démocrate du Texas Solomon Ortiz, qui mène la délégation des parlementaires américains à Hà Nôi, dit que les relations États-Unis-Viêt Nam deviennent plus étroites, en dépit de leurs divergences.

« Aucun mariage n’est parfait, » dit Ortiz. « Il y a hauts et des bas, mais cela ne signifie pas que vous allez au divorce. Vous restez mariés et vous essayez de résoudre vos problèmes. »