L’archevêque du Vietnam défend les manifestants pour la terre

Radio Free Asia

06/09/2008

Les catholiques vietnamiens obtiennent un soutien de haut niveau dans leurs manifestations demandant au gouvernement de restituer les terres de l’Eglise.

BANGKOK (RFA) – A la suite de l’arrestation de plusieurs manifestants, un haut dignitaire de l’Eglise catholique au Vietnam a défendu les manifestations pacifiques menées par des centaines de catholiques Vietnamiens pour la restitution des terres de l’Eglise saisies par le gouvernement communiste dans les années 1950.

« Je ne vois rien d’illégal dans cette affaire, parce que la parcelle de terrain à côté de leur église leur appartient, » déclare dans une interview l’Archevêque de Hanoi, Mgr Ngo Quang Kiet, se référant aux protestations de plusieurs centaines de catholiques vietnamiens de la paroisse Thai Ha pour récupérer les terres de l’église.

Certains manifestants ont été roués de coups, et ces derniers jours, plusieurs ont été arrêtés, selon des témoins.

Le 21 Août, le journal d’état Nouvel Hanoi a exhorté l’archevêque à appeler les manifestants de mettre fin à leurs protestations, mais Mgr Kiet dit qu’il ne l’a pas fait.

« Je ne les ai pas demandé [les manifestants], d’arrêter leurs prières. Je leur ai demandé de continuer leurs prières, et en particulier à prier dans la paix et sans violence, à prier en toute quiétude », a déclaré Kiet.

Pas d’accès aux médias

Kiet a également critiqué le gouvernement vietnamien et de son monopole sur les médias du pays. « La raison pour laquelle vous n’avez pas vu ou entendu les avis du Bureau de l’Archevêché dans les médias de masse, c’est que ces moyens de communication appartient au gouvernement, et que nous n’avons pas de droit de l’utiliser pour exprimer nos points de vue », dit Kiet.

« Bien sûr que j’ai appelé le gouvernement à écouter les autres. Les gens ont leurs besoins et leurs aspirations, alors le gouvernement devrait écouter leur voix », dit-il.

« Il n’y a rien qui enfreigne la loi, et il n’y a pas du tout de trouble à l’ordre social, à la sécurité et il n’y a pas d’ingérence dans la vie d’autrui, en quoi que ce soit », dit-il.

« Nous n’avons pas d’outils ou d’armes entre nos mains, nous n’avons que nos prières. Et nous prions pour que les catholiques soient en sécurité et que la justice apparaisse, » déclare Kiet.

Les terres en question faisaient partie de la paroisse Thai Ha, dans la capitale, jusqu’au milieu des années 1950 quand les communistes ont pris le pouvoir des français dans le Nord-Vietnam et ont saisi la plupart des terres de l’Eglise.

Le gouvernement a utilisé plus de six hectares (15 acres) de propriété pour construire un hôpital, une usine de textile qui est maintenant démolie, et d’autres structures. Les officiels du gouvernement disent que l’église leur a donné cette terre il y a des décennies, mais les catholiques réfutent cette affirmation.

Une action en justice

L’agence de presse d’état Vietnam News Agency (VNA) a signalé que la police a lancé des « procédures judiciaires » contre les personnes impliquées dans le différend après que des chrétiens aient cassé une partie d’un mur d’enceinte et sont entrés dans la propriété le 15 Août.

Après les Philippines, Vietnam possède la plus grande communauté catholique en Asie du Sud-Est, avec environ 6 millions de pratiquants.

Dans son plus récent rapport sur les droits de l’homme dans le monde, le Département d’Etat américain a noté que, si la Constitution vietnamienne et le gouvernement prévoient la liberté de culte, « le gouvernement a persisté à placer des restrictions sur l’organisation, les activités politiques des groupes religieux, » bien que l’ensemble du respect de la liberté religieuse se soit améliorée au cours de 2007.

La Commission américaine sur la liberté religieuse internationale la semaine dernière critiqué du Vietnam en matière de liberté religieuse, en invoquant les abus contre l’Église bouddhique unifiée du Vietnam, les sectes tels que Hoa Hao et Cao Dai, et la discrimination contre les chrétiens.

La Commission a prié instamment le Département d’État à re-désigner le Vietnam comme un « pays particulièrement préoccupant » en vertu de la International Religious Freedom Act de 1998.

Rapport original en vietnamien par Tra Mi pour la RFA.