Le Viêt Nam retiré de la liste des pays ne respectant pas la liberté religieuse

CNS News

Par Kate Monaghan
Correspondante de CNSNews
14 novembre 2006

À la veille de la première visite du Président Bush au Viêt Nam, ce lundi, le Département d’État a retiré ce pays de la liste des pays ne respectant pas la liberté religieuse, mais les militants Vietnamiens ne sont pas satisfaits.

Le Département d’État a précisé que le Viêt Nam ne répond plus aux critères d’appartenance à la liste des « pays particulièrement préoccupants » (country of particular concern – CPC) pour le non respect de la liberté religieuse, une qualification en rapport avec la Loi Internationale sur la Liberté Religieuse de 1998.

Le gouvernement communiste de Hà Nôi accueille cette semaine le sommet annuel de la Coopération Économique en Asie-Pacifique, et le Président Bush y sera.

« Cette année, le Viêt Nam ne sera pas qualifié à nouveau de pays préoccupant. » déclare au Service d’Informations Cybercast le porte-parole du Département d’État, Edgar Vasquez.

« La raison en est que le Viêt Nam a réalisé des progrès significatifs en matière de liberté religieuse et n’entre plus dans les stricts critères de la Loi Internationale sur la Liberté Religieuse ».

Vasquez ajoute que le Viêt Nam a libéré tous ses prisonniers religieux. Or l’emprisonnement de religieux avait constitué l’une des principales raisons pour lesquelles le Viêt Nam avait été classé parmi les CPC.

« Nous suivons les progrès. Par exemple, au cours des deux dernières années, le gouvernement a libéré tous les prisonniers religieux. »

« Je ne suis pas d’accord, » déclare Diem Do, président de Viêt Tân, un parti pour la réforme et qui milite pour la démocratie et le développement économique du Viêt Nam.

« Je pense que la persécution religieuse continue au Viêt Nam, actuellement. » déclare-t-il au Service d’Informations Cybercast depuis la Californie. « Je ne pense pas que tous les prisonniers religieux aient été libérés. Même s’ils l’avaient été, cela ne concernerait qu’une poignée de personnes, qui d’ailleurs ne seraient pas véritablement libres. » En effet, Do précise que les anciens prisonniers sont souvent placés en assignation à résidence. « Dans 99% des cas, lorsque les gens sortent de prison, ils sont placés en assignation à résidence pour 2, 3 ou 4 ans. Qu’est ce que cela veut dire ? Cela veut dire qu’ils ont simplement changé de prison, pour une autre forme de détention. »

Do ne crois pas que le Viêt Nam soit retiré de la liste des CPC parce qu’il aurait réellement fourni des efforts pour améliorer la liberté religieuse.

C’est, poursuit-il, un « échange » pour que le Viêt Nam abolisse un décret permettant au gouvernement de mettre en détention administrative, jusqu’à deux ans, des personnes sans preuves.

Il croit également que le gouvernement américain cède à la pression des lobbys « pro commerciaux », une référence à ceux qui soutiennent la normalisation permanente des relations commerciales (PNTR) USA – Viêt Nam.

Un vote aux deux chambres du Congrès, cette semaine, doit trancher sur l’octroi éventuel au Viêt Nam du statut PNTR, auquel cas Bush pourrait entériner cette décision quand il sera à Hà Nôi, lors du sommet de l’APEC.

“Dire qu’ils ont fait de grands procès est pour le moins optimiste si ce n’est naïf » déclare Do.

Il reste confiant sur le fait que la sortie du Viêt Nam de la liste noire sera temporaire.

« Si nous apportons assez de preuves [des violations], nous serons capables de convaincre le gouvernement américain que le Viêt Nam doit rester dans la liste CPC. »

La commission américaine sur la Liberté Religieuse dans le monde – comité ayant vocation à vérifier le respect de la Loi Internationale sur la Liberté Religieuse – avait demandé expressément à l’administration Bush, la semaine dernière, de ne pas sortir le Viêt Nam de la liste CPC.

« De sévères restrictions et des violations de la liberté religieuse continuent au Viêt Nam dans tous les aspects déjà cités par le Département d’État lorsque le Viêt Nam a été mis pour la première fois dans la liste CPC, en 2004 » disait la lettre de la commission adressée à la Secrétaire d’État Condoleezza Rice.

Alors que le Département d’État retirait le Viêt Nam de la liste, il y ajoutait ce lundi un nouveau pays, qualifié désormais de CPC : l’Uzbékistan.

Les autres pays figurant sur cette liste sont la Birmanie, la Chine, l’Érythrée, l’Iran, la Corée du Nord, l’Arabie Saoudite et le Soudan.