Le Vietnam assassine ses citoyens

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2 mars 2021 – Pascale Berry-Wavre

Il n’y a pas qu’en Birmanie où un régime à parti unique bafoue violemment les droits de l’homme.

Le 8 mars prochain, la justice vietnamienne jugera en appel six des vingt-neuf personnes qu’elle avait condamnées le 14 septembre 2020 pour des faits de résistance à l’autorité. Parmi elles, deux ont été condamnés de la peine de mort. Quel sera le sort de ces hommes qui, début 2020, se battaient encore contre l’expropriation des terres de leur village ?

Le Vietnam reste aujourd’hui l’une des pires dictature qui soit. Ses ambitions touristiques et économiques le conduisent à exproprier sans indemnisation équitable, asservir une grande partie de la population avec un impact catastrophique sur l’environnement. L’affaire dite de « Dông Tâm » illustre ces pratiques. En 1980, ce village situé à une cinquantaine de kilomètres de Hanoi donne son accord au pouvoir central pour l’occupation d’une surface de 47 hectares destinés à un aéroport militaire. Les villageois ne conservent alors plus que 59 hectares pour leurs cultures.

Mais 40 ans plus tard, pas trace d’aéroport. Les terres restent inutilisées. Qu’à cela ne tienne : en 2017, le gouvernement veut mettre la main sur les autres 59 hectares, au profit d’un projet d’urbanisation massive. Il propose un montant dérisoire aux paysans pour les indemniser pour la perte de leurs terres, les condamnant à la misère. Le litige, avec de nombreuses péripéties, s’éternise jusqu’à ce que la police vietnamienne, dans la nuit du 8 janvier 2020, donne l’assaut sur Dông Tâm, faisant plusieurs victimes, en particulier le leader de la communauté, âgé de 85 ans, abattu.

Les 29 personnes condamnées le 14 septembre sont des villageois de Dông Tâm, qui ont tenté de protéger les leurs contre cette agression. Le procès lui-même fut un simulacre, avec menaces sur les témoins, intimidation des avocats et extorsion d’aveux sous la torture. Aucune des garanties de droit les plus élémentaires n’ont été respectées à ces accusés, qui ont été condamnés à de peines d’une sévérité extrême, deux d’entre eux à la peine capitale : Lê Dinh Chuc et son frère Lê Dinh Cong, fils du patriarche.

L’affaire a suscité de nombreuses réactions. Grâce à l’activisme de la diaspora vietnamienne, les chancelleries de très nombreux pays, l’Union européenne et la Suisse sont alertées et se penchent désormais sur ce cas. Pour les militants des droits de l’homme, ces pressions internationales sont le seul espoir de voir la justice vietnamienne changer d’attitude dans ce dossier.

La prochaine fois que vous achèterez des biens fabriqués au Vietnam ou y songerez comme destination de vacances, pensez-y. Il y a de fortes chances que de simples paysans ou pêcheurs aient été spoliés, voire assassinés pour permettre l’installation d’une usine ou d’un complexe hôtelier. Que des avocats aient été arrêtés et emprisonnés pour avoir osé défendre ces victimes. Que des familles se trouvent endeuillées ou menacées. Le jugement en appel qui est attendu ces prochains jours donnera une indication de l’état de ce pays en matière de fonctionnement judiciaire et s’il est prêt à améliorer ses institutions politiques, comme s’est engagé à le faire le Premier ministre vietnamien le 19 février à Hanoï dans le cadre de l’ambitieuse stratégie de développement du tourisme jusqu’en 2030.

Pascale Berry-Wavre

Comité Suisse-Vietnam COSUNAM

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