Le Vietnam emprisonne des dissidents alors qu’il préside le Conseil de Sécurité des Nations Unies

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Jeudi 08 Octobre 2009

Par Patrick Goodenough, International Editor

(CNSNews.com) – Alors que le Vietnam préside le Conseil de sécurité de l’ONU ce mois-ci, chez lui, le gouvernement communiste ne tolère pas les appels à la démocratie multipartite, et a lancé une série de procès contre des citoyens accusés de propagande contre l’État.

Le premier des neuf procès prévus s’est déroulé mardi, avec la condamnation par un tribunal de Hanoï de Tran Duc Thach, un poète, à trois ans d’emprisonnement, suivis d’une assignation à résidence de trois ans, pour avoir violé l’article 88 du Code pénal du Vietnam, qui couvre la « propagande contre l’État socialiste ».

Un représentant de Viet Tan aux USA, un mouvement pro-démocratie interdit au Vietnam, dit que Thach, âgé de 57 ans, est un défenseur de la liberté d’expression pour les écrivains, de la démocratie et des droits de l’homme, et un critique de l’État à parti unique.

Mercredi, Vu Hung, un enseignant de 43 ans, a été condamné à la même peine pour avoir accroché une banderole de 3 mètres sur un pont de Hanoi critiquant la politique du gouvernement et appelant à la démocratie.

Il faisait partie d’un groupe de huit vietnamiens détenus depuis 13 mois, tous accusés de violer l’article 88. Les sept autres seront jugés jeudi, l’un à Hanoï et six dans la ville portuaire de Haï Phong, dans le nord du Vietnam.

Selon Viet Tan, Reporters Sans Frontières et d’autres groupes qui surveillent la situation, les personnes arrêtées ont été accusées d’infractions, dont la publication sur Internet d’articles critiquant la politique de l’État.

Dans certains cas, les faits reprochés ne portaient pas sur la politique intérieure mais sur un différend territorial de longue date avec la Chine concernant les deux groupes d’îles dans la mer de Chine du Sud, les Paracels et les Spratly. Beaucoup de Vietnamiens estiment que le gouvernement communiste ne revendique pas avec énergie sa souveraineté sur les îles, de peur de froisser Pékin.

La Bannière de Vu Hung mentionnait, entre autres, la perte du territoire. Viet Tan déclare que, en l’emprisonnant, « Hanoï a effectivement criminalisé la liberté d’expression et le patriotisme ».

Les procès auraient dû commencer le 24 septembre, mais ils ont été reportés sans explication.

Viet Tan estime que ce report était destiné à éviter les critiques alors que le président vietnamien Nguyen Minh Triet participait une session de l’Assemblée générale des Nations Unies à New York, où il a prononcé un discours le 25 septembre.

Cette semaine-là, les proches des accusés avaient écrit au Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, et aux dirigeants du monde présents à l’Assemblée générale, leur demandant de d’aborder ce sujet avec Triet.

De parlementaires américains sympathisants ont aussi exhorté la Secrétaire d’État Hillary Clinton, qui a rencontré jeudi dernier son homologue vietnamien Pham Gia Khiem, de l’interpeller sur la situation des droits de l’homme, y compris sur l’emprisonnement des dissidents.

« Je trouve scandaleux qu’un pays qui agit en violation flagrante de la Déclaration des Nations Unies préside le Conseil de Sécurité des Nations Unies en Octobre », écrit Loretta Sanchez (Représentante Démocrate de Californie) à Hillary Clinton.

« Je vous demande d’exhorter le gouvernement vietnamien à respecter ses obligations envers les Nations Unies et envers son peuple en défendant les principes de base des Nations Unies – le respect des droits de l’homme » a déclaré L. Sanchez, dont la circonscription compte une large communauté américano-vietnamienne.

Dans de brefs commentaires à la presse après la réunion avec Khiem, Hillary Clinton a affirmé que « les droits de l’homme, en particulier la liberté d’expression » avaient été l’une des nombreuses questions abordées.

La répression de la liberté d’expression depuis l’an dernier a succédé à une période de détente relative pendant que le Vietnam sollicitait – obtint finalement – le statut de « relations commerciales normales permanentes (PNTR) » avec les États-Unis à la fin de 2006 ainsi qu’un siège à l’Organisation Mondiale du Commerce début 2007.

Dans la perspective de la décision PNTR, les militants vietnamiens ont profité de l’ouverture relative en publiant un manifeste appelant à la démocratie multipartite. Les signataires se disaient Bloc 8406, en référence à la date de sa création.

Pendant cette période, le Vietnam a également collaboré avec les États-Unis sur la question de la liberté religieuse. Le Département d’État, notant une « amélioration significative favorisant la progression de la liberté religieuse », retira Hanoï d’une liste des « pays particulièrement préoccupants » (CPC) pour de flagrantes violations de la liberté religieuse.

Le Vietnam a couronné cette série de réussites avec un séjour de deux ans au Conseil de sécurité, commencé en janvier 2008. Le Vietnam fait partie des 10 membres non permanents, et il assure pour la deuxième fois, ce mois-ci, la présidence tournante du Conseil.

Une fois qu’il eut obtenu le statut PNTR et l’adhésion à l’OMC, le régime a commencé à resserrer de nouveau le contrôle, en ciblant les blogueurs et les dissidents liés au Bloc 8406.

Les critiques aux États-Unis affirment que les droits de l’homme au Vietnam se sont rapidement dégradés en dépit des relations nettement améliorées avec Washington. Durant l’été, les membres du Caucus du Vietnam au Congrès ont déclaré avoir identifié au moins 100 Vietnamiens emprisonnés pour « expression pacifique d’opinions politiques ou religieuses ».

Une nouvelle version du Vietnam Human Rights Act (Résolution relative aux Droits de l’Homme au Vietnam), présentée à la Chambre des Représentants en avril dernier par Chris Smith (Représentant Républicain du New Jersey) sous le parrainage d’un groupe de représentants des deux partis [Démocrate et Républicain]. Cette résolution interdirait aux États-Unis d’augmenter l’aide non humanitaire au Vietnam à moins que son gouvernement ne soutienne les libertés civiles et politiques. Un projet parallèle a été introduit au Sénat en mai par la sénatrice Barbara Boxer (Démocrate de Californie).

Les versions précédentes de la législation ont été adoptées aisément à la Chambre, mais ont été bloquées au Sénat, où l’opposition était dirigée par les sénateurs John Kerry (démocrate du Massachusetts) et John McCain (Républicain de l’Arizona), tous deux vétérans de la guerre du Vietnam, qui ont contribué à la normalisation des relations diplomatiques il ya 14 ans.

L’an prochain, pour 15e anniversaire de la normalisation des relations, le Vietnam présidera l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est et accueillera en octobre le sommet de l’ASEAN. Triet a invité Obama à venir au Vietnam en visite.

http://www.cnsnews.com/news/article/55151

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