Depuis 200 ans, le Vietnam n’a jamais eu l’occasion de mettre en oeuvre une politique économique qui soit le reflet de ses valeurs traditionnelles et adaptée à ses besoins de développement.
Lorsque la Révolution Industrielle éclata en Europe, à peine le Vietnam avait-il commencé à établir les premiers contacts avec les Occidentaux qu’il fut colonisé par la France. Dès lors, la politique économique mise en place pendant la colonisation visait avant tout à servir les intérêts français.
Après les Accords de Genève en 1954, qui consacrent la fin de la colonisation française en Indochine, le Vietnam fut divisé en deux et plongé dans une guerre fratricide. Au Nord-Vietnam, sous la dictature du Parti communiste vietnamien, l’économie était centralisée conformément à la doctrine marxiste et orientée pour appuyer les efforts de la guerre d’invasion contre le Sud. Au Sud-Vietnam, une politique économique libérale était appliquée. Mais son orientation était fortement influencée par la guerre et sousmise aux exigences des subventions américaines.
Depuis 1975, après avoir conquis le Sud-Vietnam par la force, le PCV instaurait sur l’ensemble du Vietnam une économie de type marxiste. Celle-ci a entrainé le Vietnam au bord de la faillite et faisait de celui-ci l’un des pays les plus pauvres du monde. Jusqu’en 1986, devant la crise économique frappant l’ensemble des pays communistes et à l’instar de l’Union Soviétique, le PCV a accepté d’introduire certains mécanismes de l’économie de marché, tout en continuant à interdire la propriété privée des moyens de production pour préserver le rôle économique majeur des entreprises d’Etat, ce qui était nécessaire afin de garder un semblant de socialisme à l’économie. Dès lors, le fonctionnement de l’économie au Vietnam est passé du centralisme en faillite à une forme hybride, où les intérêts des différents clans, réseaux d’influence ou d’opportunistes déterminent l’orientation économique.
Il est donc urgent de rénover l’économie du Vietnam. Mais rénover ne se ramène pas simplement aux réformes de structures, à l’augmentation des investissements ou à la croissance du commerce extérieur. Il est urgent de rénover pour rendre d’abord aux Vietnamiens leur liberté d’entreprendre et ensuite, pour que l’économie soit au service des citoyens.
Dans ce sens, Viet Tan prône le libéralisme à assise nationale.
C’est une économie dans laquelle chaque citoyen a le droit d’entreprendre selon les lois du marché. La propriété privée des moyens de production est respectée et défendue. Elle doit être au service de la société et non des intérêts particuliers d’entreprises ou d’Etats étrangers. Dans ce sens, Viet Tan propose le libéralisme à assise nationale avec les caractéristiques suivantes :
1. Respect de la liberté d’entreprendre
Tout citoyen a le droit d’entreprendre ou de s’enrichir légalement selon ses capacités ou ambitions, ce que la société, sous quelque prétexte que ce soit, ne peut blâmer ou empêcher. En ce sens, tout citoyen a le droit de posséder et d’utiliser :
1. la terre, les moyens de production 2. la force de travail d’autres citoyens, manuel ou intellectuel. 3. les capitaux
Finalement, la liberté d’entreprendre n’a de sens que si la notion de marché est acceptée. Le marché est un lieu où les agents économiques s’échangent librement leurs services suivant les mécanismes de l’offre et de la demande.
2. Séparation entre le politique et l’économique
Le rôle premier de l’Etat est de garantir la liberté d’entreprendre de chaque citoyen. Ensuite, Il doit limiter ses interventions économiques aux régulations macro-économiques dans le seul but de combler les insuffisances des mécanismes de marché pour éviter les dérapages incontrôlés. En aucun cas, l’Etat ne doit disposer de moyens de production de biens ou de services entrant en concurrence avec le privé, ni édicter des règles qui fausseraient le fonctionnement du marché.
3. Equilibre entre les agents économiques
Dans une économie de marché, l’équilibre entre les agents économiques est une condition primordiale pour un développement durable et équilibré pour toute la société, pour préserver à chacun sa chance d’entreprendre.
Le libéralisme à assise nationale ne signifie pas que l’Etat privilégie systématiquement le citoyen (en tant qu’agent économique) au détriment d’autres agents économiques. Il vise simplement à créer un certain équilibre pour répondre aux besoins de toute la société, condition indispensable d’une démocratie véritable.
entre les citoyens : Les bienfaits de la croissance ne sont pas répartis équitablement. Le rôle de l’Etat est de limiter ces inégalités à travers des mesures d’allégement fiscal, de subventions, d’aides aux soins médicaux, à l’éducation, au logement…pour améliorer les conditions de vie de certaines catégories de citoyens.
entre les entreprises : pour préserver les chances des entreprises quelle qu’en soit la taille d’accéder aux capitaux et éviter des fusions trop importantes qui fausseraient la concurrence.
entre les régions : dans un pays, il y a toujours des régions qui offrent des conditions de développement plus favorables que d’autres, notamment les régions côtières car nombre de pays sous-développés en font des zones économiques spéciales pour attirer les investissements étrangers. Maintenir un certain équilibre entre les régions est une nécessité pour un développement durable et profitable à une large majorité de citoyens.
4. Reflet des valeurs traditionnelles
Les valeurs traditionnelles sont propres à chaque peuple, issues de l’expérience de la vie communautaire, du rapport avec les éléments naturels à travers l’histoire.
Situé en Asie du Sud-Est, le Vietnam partage avec le Japon, La Corée du Sud, Taiwan et la Chine une culture fortement influencée par le Confucianisme, le Taoisme et le Bouddhisme tout en conservant ses valeurs propres. Dans la société vietnamienne, la famille joue un rôle très important comme au Japon et à Taiwan.
Le Japon et Taiwan ont su transposer la force du modèle familial à l’économie pour en assurer la stabilité en créant des entreprises à taille humaine, qui offrent des emplois stables à ses salariés et permettent aussi des rapports plus équilibrés et humains entre ceux-ci et le patronat. A l’instar du Japon et Taiwan, le libéralisme à assise nationale que prône Viet Tan est celle qui doit s’inspirer des valeurs traditionnelles du Vietnam pour assurer un développement durable en harmonie avec les valeurs sociales.
