Les États-Unis accentuent la pression sur le Vietnam en matière de droits de l’homme

VOA

22 janvier 2012

Un rapport de Human Rights Watch stipule que le gouvernement vietnamien a intensifié les mesures de répression contre les activistes et les dissidents au cours de l’année dernière. L’organisme basé aux Etats-Unis demande la libération immédiate des prisonniers politiques au Vietnam. Cet appel survient alors que des membres du Congrès américain en visite en Asie du Sud-Est ont renforcé la pression sur le gouvernement vietnamien en conditionnant l’élargissement de ses liens bilatéraux avec les Etats-Unis à l’amélioration de son bilan en matière de droits de l’homme.

Le rapport annuel de Human Rights Watch rendu public dimanche indique que le Vietnam exerce “des mesures de répression systématiques” qui, selon le rapport, ont mené en 2011 à l’arrestation de plus de 30 militants inculpés et condamnés en application d’”articles très vagues” du Code pénal vietnamien.

Le rapport indique que des blogueurs, des écrivains, des défenseurs des droits de l’homme, des militants des droits fonciers, des religieux et d’autres groupes sont la cible du gouvernement et sont harcelés, intimidés, arrêtés, torturés et emprisonnés. Phil Robertson, Directeur Adjoint pour l’Asie de Human Rights Watch stipule que ces arrestations sont contraires aux engagements du Vietnam en matière de droits civils et politiques.

Il ajoute : “Nous savons qu’au moins 33 personnes ont été emprisonnées cette année pour avoir essentiellement exercé leur liberté d’expression, d’association ou de réunion pacifique, que ce soir pour avoir brandi une pancarte ou avoir tenu un blog sur le net. Toutes ces choses qui devraient être protégées au Vietnam, parce que les gens oublient qu’il est de fait que le Vietnam a ratifié le Pacte international relatif aux droits civils et politiques”.

Parmi ceux arrêtés récemment figure une militante, Bui Thi Minh Hang, qui a été condamnée à deux ans de camp de rééducation.

Robertson a appelé le gouvernement des États-Unis à maintenir la pression sur le gouvernement vietnamien pour libérer les activistes.

Les sénateurs américains John McCain et Joseph Lieberman (à gauche) durant une conférence de presse à Hanoi le 19 janvier 2012.

Le rapport de Human Rights Watch a été rendu public un jour après qu’une délégation américaine menée par les sénateurs John McCain et Joseph Lieberman avertissait le Vietnam que des liens militaires bilatéraux plus avancés avec les Etats-Unis reposaient sur l’amélioration de son bilan en matière de droits de l’homme. Lors d’une réunion en fin de semaine, le Sénateur McCain a dit qu’il avait été clair sur la position des Etats-Unis durant les entretiens qui se sont déroulés avec les officiels vietnamiens et qu’il avait soulevé les appréhensions des Etats-Unis concernant la détérioration du Vietnam en matière de droits de l’homme. “Je pense qu’il est indéniable qu’il n’y a pas eu de progrès sur les questions de droits de l’homme. En fait, le Vietnam a plutôt régressé en la matière. J’ai spécifiquement déclaré aux Vietnamiens que nos relations de confiance seraient directement impactées par la question des droits de l’homme. Sans aucun doute. Et je pense qu’ils l’ont clairement compris” dit-il.

Le Vietnam cherche à élargir sa coopération militaire avec les Etats-Unis et a inclus “une liste de souhaits” d’armement lors des entretiens avec les sénateurs la semaine dernière. Aucun détail de cette liste n’est disponible.

Le Vietnam connait actuellement des tensions avec les Philippines, Taïwan et surtout avec la Chine au sujet de revendications territoriales sur des zones riches en ressources en Mer de Chine méridionale.

Le sénateur Lieberman a déclaré que bien que les relations des Etats-Unis avec le Vietnam s’étaient améliorées, le bilan du pays en matière de droits de l’homme demeurait un obstacle. “Il est mauvais que le pays régresse en matière de droits de l’homme. Et nous avons été clairs. Nous avons dit que les Vietnamiens souhaiteraient nous acheter certains systèmes d’armement et que nous souhaiterions leur transférer ces systèmes. Mais cela ne se fera pas à moins qu’ils n’améliorent leur bilan en matière de droits de l’homme. Pour dire ce qui est, le Congrès n’approuvera pas ces ventes d’arme au Vietnam à moins qu’il n’y ait une amélioration en matière de droits de l’homme au Vietnam”, dit-il.

Pour Carl Thayer, analyste à l’Université de la Nouvelle-Galles du Sud en Australie, le fait qu’aussi bien l’administration du Président Barack Obama que le Congrès américain puissent conditionner les ventes d’armes aux droits de l’homme ajoute à la pression exercée sur le gouvernement vietnamien pour qu’il apporte des réformes. Il dit “qu’en conclusion, la règle de l’administration (d’Obama) est de vendre des armes et deux personnes bien placées du Sénat disent tout haut que même si l’administration voulait changer cette règle (c’est-à-dire lier les ventes d’armes aux droits de l’homme), le Congrès l’en empêcherait. Les Vietnamiens sont donc tout simplement prévenus” a-t-il dit.

Dans son rapport annuel, Human Rights Watch dénonce l’utilisation par le Vietnam de la détention administrative et du travail forcé contre ce qu’ils appellent les indésirables sociaux, dont les toxicomanes. L’association des droits humains indique que 40.000 personnes, y-compris des enfants âgés de 12 ans, étaient détenus dans 123 centres de détention à travers le pays.

Les détenus qui transgresseraient les règles de ces centres sont soumis aux coups, aux décharges électriques et sont enfermés dans des chambres disciplinaires sans nourriture ni eau.