Parler pour le Vietnam

Sara Colm

Par Sara Colm [100], publié dans The New York Sun

25 Juin 2008

Un moine bouddhiste disparu depuis que les autorités l’ont expulsé de sa pagode. Un Montagnard chrétien battus à mort en garde à vue. Une avocate internée contre son gré dans un hôpital psychiatrique après avoir défendu les droits des agriculteurs chassés de leurs terres. Des journalistes emprisonnés pour avoir dénoncé la corruption. Un jeune homme condamné à la prison après voir participé à une discussion en ligne sur la démocratie et les droits de l’homme. Plus de 400 personnes en train de dépérir dans des conditions de détention éprouvantes, pour leurs opinions politiques ou croyances religieuses.

Cette semaine, le Premier ministre du Vietnam, Nguyen Tan Dung, emmène le cirque du Vietnam à Wall Street et va rencontrer le président Bush et les candidats à l’élection présidentielle américaine, John Mc Cain et Barack Obama.

Lorsque les dirigeants politiques et financiers de l’Amérique s’asseyent avec le Premier ministre Dung, ils ne devraient pas oublier ces courageuses personnes et devraient aborder directement des violations systématiques des droits au Vietnam que ces gens représentent : le manque de tolérance du gouvernement vietnamien pour la dissidence et le déni des droits fondamentaux à la liberté d’expression, de réunion, d’association et de croyance religieuse.

Au Vietnam aujourd’hui, le gouvernement continue de contrôler tous les médias, comme en témoigne l’arrestation en mars 2008 de deux journalistes d’investigation qui ont révélé un grand scandale de corruption en 2005. Les journalistes, Nguyen Viet Chien du journal Thanh Nien (Jeunes) et Nguyen Van Hai du journal TUOI Tre (Jeunesse) sont accusés d’ « abus de positions et de pouvoirs dans l’exercice de leurs fonctions officielles. »

La police harcèle et arrête des bloggueurs et des cyber-dissidents pour avoir posté sur Internet leurs critiques du gouvernement. En janvier 2008, un tribunal a condamné le cyber-dissidents Truong Quoc Huy à six ans de prison pour avoir distribué des tracts critiquant le parti communiste et participé à des forums pro-démocratie Internet. Il a été inculpé d’ « abus des libertés démocratiques d’association, d’expression, de réunion de nuire aux intérêts de l’État. »

Les lois sur la sécurité nationale sont utilisées pour emprisonner les membres des partis politiques d’opposition, des syndicats indépendants, et journaux non agrémentés ou des organisations religieuses. Les lois telles que l’ordonnance 44 autorise la détention sans procès de dissidents dans les « centres de protection sociale » et les établissements psychiatriques s’ils sont soupçonnés d’avoir enfreint la législation sur la sécurité nationale.

En Mars 2008, la police a arrêté Bui Kim Thanh, une militante qui défend les victimes des confiscations de terres et a été internée contre son gré dans un hôpital psychiatrique.

L’avocate défenseur des droits de l’homme Bui Kim Thanh internée de force dans un hôpital psychatrique du 3 mars au 21 juin 2008.

M. Bush devrait savoir que les dirigeants du Vietnam harcèlent et arrêtent les responsables des églises qui militent pour les droits de l’homme ou ont choisi de ne pas s’affilier aux organisations religieuses contrôlées par l’état. Pendant les 30 dernières années, le Patriarche Thich Huyen Quang de l’Eglise bouddhiste unifiée du Vietnam, est resté en prison ou en résidence surveillée pour avoir protesté publiquement contre les politiques du gouvernement. Les autorités ont battu et arrêté des membres des minorités ethniques dans les régions éloignées comme les Montagnards pour avoir refusé de rejoindre les organisations religieuses agrémentées par l’état, pour avoir protesté contre la confiscation de terres, pour avoir contacté la famille ou des groupes montagnards à l’étranger, ou pour avoir tenté de demander l’asile politique au Cambodge.

En avril dernier, la police a arrêté Ben Y Hdok à Dak Lak après que d’autres Montagnards de son district aient tenté de fuir au Cambodge. La police a refusé de permettre à sa famille ou à un avocat pour lui rendre visite pendant trois jours de détention. Le 1er mai, la police a demandé à l’épouse de M. Ben Y de ramener son corps meurtri. Ses côtes et les membres ont été brisés et ses dents ont été cassées. La police a attribué sa mort à un suicide.

Au cours de la visite en Amérique du Premier ministre Dung, il devrait entendre comment le peuple et le gouvernement américain s’inquiètent de la façon dont le Vietnam traite son peuple. C’est une trop rare chance de sauver ces courageux militants du Vietnam, écrivains et défenseurs des droits de l’homme, qui ont risqué leur liberté pour rendre leur pays plus ouvert, tolérant et libre.

http://www.nysun.com/opinion/speaking-up-for-vietnam/80643/