Prison maintenue pour des Vietnamiens accusés de tentative de subversion

AFP

11 mai 2010

HANOI – La justice du Vietnam a maintenu mardi en appel les peines de prison de deux Vietnamiens accusés de tentative de subversion du régime communiste de Hanoï, réduisant celle d’un troisième qui avait demandé la “clémence” des juges, a-t-on appris auprès de la Cour et d’un avocat.

A l’issue d’un procès d’une journée, que médias et diplomates étrangers n’ont pas été autorisés à suivre, la Cour d’appel de Ho Chi Minh-Ville (ex-Saïgon, sud) a maintenu les cinq ans de prison infligés à l’avocat Le Cong Dinh, connu pour sa défense de confrères militants des droits de l’Homme.

Elle a aussi confirmé la peine de 16 ans d’emprisonnement prononcée en première instance contre l’homme d’affaires Tran Huynh Duy Thuc.

La Cour a estimé que les deux hommes n’avaient pas “présenté de nouveaux éléments” justifiant une réduction de peine, a expliqué par téléphone l’avocat du troisième accusé, Me Nguyen Minh Tam.

Ce troisième accusé, Le Thang Long, a vu sa peine passer de cinq à trois ans et demi de prison. L’homme, après avoir qualifié “d’injuste” son verdict en première instance, a fini par affirmer avoir “violé” la loi et appelé à la “clémence” des juges, a ajouté l’avocat.

Les trois hommes avaient été jugés en première instance en janvier aux côtés du blogueur-informaticien Nguyen Tien Trung, formé en France. Le jeune homme, qui avait écopé de sept ans de prison, n’a pas fait appel.

La Cour avait accusé les quatre hommes d’avoir porté “atteinte à la sécurité nationale”. Elle leur avait reproché leur défense du multipartisme, une “collusion” avec des groupes “réactionnaires exilés à l’étranger” et d’avoir tenté de renverser le gouvernement par des moyens “non violents”, notamment par de la “propagande” anti-régime sur internet. Lors du procès de première instance, Le Cong Dinh et Nguyen Tien Trung avaient admis avoir violé la loi, à l’inverse des deux autres, dont l’accusation avait dénoncé l’attitude “défiante” devant la Cour.

Avant l’ouverture de l’appel, Human Rights Watch (HRW) avait appelé à la libération des condamnés.

“Le processus judiciaire pour les prisonniers politiques au Vietnam est généralement une route sans issue”, avait estimé Brad Adams, responsable Asie de l’organisation. “Les longues peines témoignent du manque de tolérance du Vietnam pour les citoyens qui expriment pacifiquement leurs opinions”.

Diplomates occidentaux et militants des droits de l’homme dénoncent depuis plusieurs mois une détérioration de la situation de ces droits au Vietnam. Certains n’excluent pas un lien avec le prochain congrès du Parti communiste au pouvoir, où seront distribués les postes-clés du régime début 2011.

Au moins 20 militants ont été condamnés à de la prison ferme depuis octobre.

http://www.romandie.com/ats/news/100511104346.lf9jzuzl.asp