Procès en série et détention au secret

Reporters sans frontières

Reporters sans frontières appelle à l’acquittement des écrivains, blogueurs et militants pour la démocratie qui vont être prochainement jugés par plusieurs tribunaux du pays. Après des reports inexpliqués, les audiences risquent de déboucher sur de lourdes peines de prison. Les procès de VU HUNG, le 7 octobre 2009, et de PHAM VAN TROI, le lendemain, devraient se dérouler sans garanties des droits de la défense. Suivra, à Hai Phong, à une date encore inconnue, la comparution de six militants vietnamiens : l’écrivain NGUYEN XUAN NGHIA, représentant du mouvement démocrate Bloc 8406, NGUYEN HUU TINH, NGUYEN MANH SON, NGUYEN VAN TUC, NGO QUYNH et NGUYEN KIM NHAN qui ont été arrêtés en septembre 2008 pour avoir publié, notamment sur des sites Internet, des critiques sur certaines politiques du gouvernement. Les procès de ces derniers devraient avoir lieu les 8 et 9 octobre. Tous sont poursuivis pour “propagande contre l’Etat socialiste du Viêt-Nam” selon l’article 88 du Code pénal, pour avoir notamment écrit ou protesté contre la Chine. Ils risquent jusqu’à vingt ans de prison.

“Nous exhortons fermement les autorités judiciaires vietnamiennes à annuler les charges retenues contre les accusés et à les libérer aussitôt. Nous rappelons que les blogueurs PHAM DOAN TRANG, BUI THANH HIEU, NGUYEN NGOC NHU QUYNH ont été libérés après avoir été arrêtés pour les mêmes raisons que Nguyen Xuan Nghia, Nguyen Huu Tinh, Nguyen Manh Son, Nguyen Van Tuc, Ngo Quynh et Nguyen Kim Nhan. La même clémence devrait être accordée à ces derniers car leur arrestation n’était motivée que par la volonté de faire taire les critiques envers les relations du Viêt-Nam avec la Chine”, a déclaré Reporters sans frontières.

Plusieurs dizaines de personnes étaient venues soutenir Pham Van Troi lors de son procès, le matin du 24 septembre. La famille était venue de loin. A la dernière minute, le procès a été annulé comme pour les six de Hai Phong.

NGUYEN HOANG HAI, plus connu sous le nom de “Dieu Cay”, arrêté en avril 2008, est toujours détenu dans des conditions difficiles. Il avait également protesté en ligne contre la politique chinoise dans les archipels des Paracels et Spratly. “Sa libération est également exigée, pour des raisons humanitaires”, a conclu l’organisation.

Par ailleurs, le cyberdissident NGUYEN TIEN TRUNG entame demain son quatrième mois de détention à Ho Chi Minh-Ville. Ni sa famille, ni ses avocats n’ont pu le voir depuis le 7 juillet 2009, date de son arrestation pour violation de l’article 88 du code pénal.

Enfin, un rédacteur du site officiel du Parti communiste, DAO DUY QUAT, s’est vu infliger une amende de 30 millions de Dong (1 700 dollars) pour avoir posté en ligne, le 4 septembre, un article paru dans un journal chinois relatif à un exercice des troupes de Pékin dans les îles Paracels en mer de Chine méridionale. L’article citait un officier chinois déclarant que le but de la mission était de “défendre la frontière maritime du sud de la mère patrie”. L’inspecteur en chef du ministère de l’Information et des Communications, Nguyen Van Hung, a déclaré que Quat avait violé un décret interdisant la publication d’informations non autorisées.

Reporters sans frontières rappelle que la République socialiste du Viêt-Nam fait partie des douze ennemis d’Internet et se situe à la 168e place sur 173, dans le classement mondial 2008 de la liberté de la presse établi par l’organisation.

http://www.rsf.org/Proces-en-serie-et-detention-au.html