Quelques mots de remerciements

Nguyen Vu Binh
Le journaliste dissident Nguyen Vu Binh, son épouse Bui Thi Kim Ngan, et leurs deux filles.

Je suis sorti de prison !

Je ne peux pas écrire que je suis libre car le pays n’est encore libre. Et moi-même je ne suis pas libre de mes mouvements. Je n’accepte pas la mesure d’assignation à résidence qui m’est appliquée, tout comme je n’ai pas accepté ma sentence précédemment. Les arrestations, les condamnations de militants pacifiques pour la démocratie sont des actions de répression d’un régime qui ne se maintient au pouvoir que par la violence. Cependant, je suis heureux d’être sorti de prison, grâce aux efforts de nombreux bienfaiteurs que je souhaite remercier ici.

Durant ma détention, beaucoup d’organisations et de personnalités se sont impliquées pour mobiliser l’opinion internationale, les gouvernements et les organismes de défense des droits de l’homme pour réclamer ma libération. Finalement, ces efforts ont créé suffisamment de pressions pour que les autorités vietnamiennes renoncent à me laisser en prison. La toute relative liberté dont je bénéficie aujourd’hui, je la dois à mes bienfaiteurs, amis, et compagnons de lutte. Plus important encore, c’est la conviction de n’avoir jamais été oublié dans une cellule qui m’a aidé à garder la motivation et l’espoir afin de faire face aux maladies et aux difficultés de la détention. Je suis très ému d’apprendre que durant mes années passées en prison, beaucoup de personnes à l’étranger ont fourni un soutien moral et matériel à mon épouse et à mes enfants. C’est grâce à ces aides que ma famille n’a pas été désintégrée. Il n’y a vraiment pas de mots pour décrire tout ce que je ressens. Je ne trouve pas les mots pour exprimer mes sentiments, ma profonde reconnaissance.

Nguyen Vu Binh lit les lettres de soutien qu’il a reçu durant sa détention.

Je rêve d’un miracle qui me permettrait de rencontrer tous mes bienfaiteurs pour les remercier individuellement. Ce rêve ne pourra pas se réaliser. Ma situation actuelle empêche aussi le souhait plus modeste de rencontrer les organisations et les personnalités qui m’ont soutenu. Cependant, je crois fermement qu’il y a un autre moyen de remercier mes bienfaiteurs, amis et compagnons de lutte. Je comprends que votre soutien n’est pas destiné à ma modeste personne mais aux valeurs que nous partageons : la liberté, la démocratie, les valeurs humaines et l’amour de notre pays. Ainsi, la meilleure façon pour moi de vous témoigner ma reconnaissance est de continuer le combat pour ces valeurs, d’apporter ma modeste contribution dans la construction d’un Viêt Nam libre, démocratique, juste et prospère. Un Viêt Nam où chaque Vietnamien d’aujourd’hui et de demain pourra être fier.

Je vous adresse les salutations respectueuses de quelqu’un qui sait ce qu’il vous doit et qui ne l’oubliera jamais.

Hà Nội, le 27 juin 2007
Nguyễn Vũ Bình