Réunion au Congrès américain à propos de la liberté sur Internet au Vietnam

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14 octobre 2009

Discours de Duy Hoang, porte-parole de Viet Tan durant la réunion à propos de la Liberté sur Internet au Vietnam, organisée par la députée Loretta Sanchez.

***

Je remercie les députées Sanchez et Lofgren pour la tenue de la réunion d’information d’aujourd’hui. Merci aussi pour la présentation de la résolution H. Res. 672 demandant la liberté sur Internet au Vietnam. Nous demandons instamment à la Chambre des Représentants d’adopter cette importante résolution.

Internet a le potentiel de transformer le Vietnam. À certains égards, il l’a déjà fait. Alors que le Parti Communiste Vietnamien (PCV) maintient un monopole sur les journaux, TV et radios, des millions de vietnamiens sont allés sur le net pour accéder aux sources d’information indépendantes. Un nombre croissant de vietnamiens ont leur propre blog, diffusent les vidéos des événements sociaux sur YouTube, et débattent des questions dans des salons de discussions, comme Paltalk. Comme partout, les personnes au Vietnam ne sont plus seulement des consommateurs d’informations sur le web, ils créent aussi leur propre contenu, ce sont des journalistes citoyens.

Les événements importants qui ont secoué le Vietnam au cours des deux dernières années — scandale de la corruption des hauts fonctionnaires, des veillées de prière pour la restitution des biens confisqués à l’Église catholique, et les protestations étudiantes contre l’annexion des îles vietnamiens par la Chine — ont été largement traités par les blogueurs, malgré le harcèlement de autorités et le silence dans les médias officiels.

En plus d’être une source d’information, Internet est aussi un outil puissant d’organisation. Hanoi continue de restreindre sévèrement la liberté d’association. De facto, les gens s’organisent en ligne autour des réseaux sociaux, forums de discussion et clubs spécifiques de réflexion. Et lorsque les membres de ces entités « se rencontrent » sur le Web, ils ne demandent pas l’autorisation du gouvernement pour se rassembler.

Craignant qu’Internet augmente le champ politique au Vietnam, l’an dernier, le gouvernement de Hanoi a institué de nouvelles mesures pour restreindre la liberté sur Internet :

  • En octobre 2008, il a créé l’Agence pour l’Administration de la Radio, Télévision et de l’Information Electronique, qui dépend du ministère de l’Information et de la Communication. Cette entité « Big Brother » est le gardien pour limiter Internet.
  • En décembre 2008, le Ministère de l’Information et de la Communication a émis la circulaire 07 relative à la gestion des blogs privés. Ce qui est inquiétant, c’est que la circulaire 07 impose aux prestataires de technologie de collaborer avec les autorités. Même les sociétés Internet étrangères, comme Yahoo, Google et Microsoft seraient obligées d’aider la police pour contrôler Internet.

Si les mesures décrites ci-dessus pour restreindre l’Internet sont relativement nouvelles, Hanoi a depuis longtemps restreint les droits fondamentaux, notamment la liberté d’expression. Cela est possible par les dispositions du code pénal, comme le fameux article 88 qui punit la soi-disante « propagande contre l’État socialiste » jusqu’à 12 ans de prison.

Compte tenu de ce que nous voyons aujourd’hui au Vietnam, comment les défenseurs des droits de l’homme — surtout au Congrès des Etats-Unis — peuvent protéger et promouvoir la liberté sur Internet ?

Je voudrais proposer trois grandes recommandations :

  1. Promouvoir les réformes judiciaires au Vietnam.
  2. Exhorter les sociétés technologiques à ne pas céder à la censure d’Internet.
  3. Soutenir les blogueurs et les cyber-militants emprisonnés.

Promouvoir les réformes judiciaires

Les dispositions juridiques invoquées pour interdire la dissidence constituent une violation manifeste des Pactes Internationaux relatifs aux droits de l’homme auxquels la République Socialiste du Vietnam est signataire. Ces lois sont en contradiction avec la Constitution du pays et, plus important encore, les intérêts du peuple vietnamien. Des ONG internationales de défense des droits de l’homme et le Département d’Etat américain, à travers le dialogue annuel sur les droits de l’homme, ont demandé à Hanoi l’abrogation des lois anachroniques comme l’article 88.

Cependant, la politique de censure de Hanoi sur d’Internet, n’est pas seulement un problème de droits de l’homme. Elle affecte le développement socio-économique du Vietnam et va à l’encontre de l’objectif déclaré du gouvernement qui est de développer une économie du savoir. De toute évidence, aucun pays ne peut parvenir à une économie de l’information lorsque les échanges d’informations sont restreints, et encore moins lorsqu’ils sont criminalisés. Par ailleurs, les efforts visant à réformer l’enseignement supérieur du Vietnam n’auront qu’un succès limité dans un contexte où la liberté de parole et de pensée sont réprimées.

C’est pourquoi le Congrès et l’Administration, par la diplomatie et des programmes d’aide publics, devraient insister sur la réforme judiciaire au Vietnam, à commencer par l’abrogation de la circulaire 07 et l’article 88.

Rôle des entreprises technologiques

Hanoi voudrait imiter le Grand Pare-Feu chinois, mais il y au moins sur un point essentiel sur lequel il ne pourra imiter : les grandes sociétés fournissant des services sur Internet – Yahoo, Google et Microsoft – hébergent leurs serveurs en Chine, et sont donc soumises aux contraintes du gouvernement, ces mêmes sociétés opèrent au Vietnam à partir des serveurs basés à l’étranger. Cela signifie que ces entreprises ne doivent pas les données privées de leurs utilisateurs ou censurer les blogs à la demande de la police vietnamienne.

Étant donné la politique actuelle de Hanoi à propos d’Internet, ces grandes entreprises technologiques pourraient être sollicitées à collaborer avec la police vietnamienne d’Internet. Donc, rappelons aux entreprises de leur responsabilité sociale de protection de la liberté d’expression et de la vie privée, surtout depuis que les actions regrettables de Yahoo en Chine ont mené à l’arrestation de plusieurs dissidents là-bas.

Conscients de leur image publique, les sociétés comme Yahoo, Google et Microsoft peuvent être dissuadées de représenter le « mal » grâce à la vigilance publique du Congrès, les médias et les consommateurs.

Défendre les blogueurs et cyber-militants emprisonnés

La semaine dernière, des tribunaux au Vietnam ont envoyé neuf militants de la démocratie en prison. Une des principales accusations portées contre ces hommes, c’est qu’ils ont publié des articles sur Internet. La conséquence est qu’ils vont croupir en prison pour les années à venir.

Alors que Hanoï voudrais que tout le monde oublie ces courageux militants – Tran Duc Thach (poète), Vu Hung (professeur de lycée), Pham Van Troi (ingénieur), Nguyen Xuan Nghia (écrivain), Ngo Quynh (étudiant), Nguyen Manh Son (ancien membre du parti communiste), Nguyen Van Tinh (essayiste), Nguyen Van Tuc (militant des droits fonciers), et Nguyen Kim Nhan (électricien) – nous, nous ne les oublierons pas.

Les déclarations publiques et des visites au Vietnam par des membres du Congrès pour demander la libération de blogueurs et cyber-militants emprisonnés sont importantes. Ces mesures apportent le réconfort aux familles des détenus et disent aux dirigeants communistes de Hanoi qu’il y a un prix à payer pour avoir réprimé l’expression pacifique.

***

Permettez-moi de conclure mon témoignage en citant la députée Sanchez : « l’Internet est un outil extraordinaire pour le partage de l’information, promouvoir le développement social et économique, et rassembler les gens des quatre coins du monde. » En effet, les personnes au Vietnam méritent leur liberté sur Internet.

Merci encore pour votre soutien

Duy Hoang

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