Vietnam : la police empêche une manifestation anti-chinoise, 15 arrestations

AFP

21 août 2011

HANOI – La police vietnamienne a interpellé dimanche à Hanoï au moins 15 personnes qui défiaient l’ordre de mettre un terme à une série sans précédent de rassemblements quasi hebdomadaires contre la politique de Pékin en mer de Chine méridionale, a constaté un journaliste de l’AFP.

Quelques minutes après le début de la manifestation, des agents en civil ont fait monter de force les participants dans des bus qui attendaient à proximité et les ont emmenés.

Il s’agissait du onzième rassemblement anti-chinois depuis le 5 juin, dans un pays communiste où manifester n’est en général pas autorisé. Les autorités avaient laissé faire la plupart d’entre eux, avant d’en disperser deux par la force en juillet, puis de tolérer les suivants.

Mais cette semaine, Hanoi Moi, quotidien officiel du Parti communiste dans la capitale, avait publié un ordre réclamant la fin de ces manifestations, prévenant que les autorités prendraient les mesures nécessaires contre ceux qui désobéiraient.

Il avait assuré que les plus récentes manifestations avaient été utilisées par des forces anti-gouvernementales et avaient causé des troubles à l’ordre public.

Avant d’intervenir dimanche, les autorités ont mis en garde par mégaphone.

Une trentaine de personnes ont quand même eu le temps de déployer leurs banderoles près du petit Lac de Hoan Kiem, lieu de promenade des Hanoïens et des touristes en plein centre-ville. L’une comparait la Chine aux Nazis : Danger. Stop Chinazi.

La Chine et le Vietnam se disputent les archipels des Spratleys et des Paracels, censés être riches en hydrocarbures et qui ont fait l’objet de plusieurs incidents ces derniers mois.

Nguyen Quang Thach, 36 ans, qui a participé à toutes les manifestations, avait envisagé de rester chez lui dimanche, jusqu’à la publication de l’ordre des autorités. Parce qu’il y a eu cette déclaration, je devais venir, a-t-il indiqué.

Des intellectuels en vue, impliqués dans ces manifestations, avaient rejeté vendredi l’ordre des autorités, assurant dans une pétition qu’il était illégal et que toutes les manifestations avaient eu lieu pacifiquement.

Selon les analystes, les rassemblements ont dans un premier temps servi les intérêts vietnamiens dans sa dispute avec Pékin. Mais selon certains militants, le gouvernement craindrait désormais des manifestations politiques inspirées par les révolutions dans le monde arabe.