Vietnam : l’armée emploie la force face à des manifestants hmongs

AFP

5 mai 2011

HANOI – Des soldats vietnamiens se sont heurtés à des manifestants de la minorité ethnique des Hmongs, dont quelques milliers étaient rassemblés dans une province de l’extrême nord-ouest du pays, a-t-on appris jeudi de source militaire.

Les manifestations, toujours très encadrées au Vietnam et extrêmement rares dans cette région du pays, ont débuté il y a quelques jours dans la province de Dien Bien, frontalière de la Chine et du Laos, a précisé cette source sous couvert de l’anonymat.

Des troupes envoyées en renfort depuis Hanoï, à plusieurs centaines de kilomètres à l’est, et des soldats basés sur place ont dû disperser la foule par la force, a-t-elle affirmé à l’AFP.

Il s’agit probablement des manifestations de minorités les plus importantes depuis celles survenues en 2001 et 2004 dans les Hauts-Plateaux du centre du Vietnam, qui avaient été violemment réprimées et suivies de la fuite au Cambodge de quelque 1.700 personnes.

Des heurts mineurs sont survenus entre les Hmongs et les forces de sécurité, a ajouté cette source. L’armée a dû intervenir pour éviter que les troubles ne se propagent.

Les Hmongs, majoritairement chrétiens, réclament selon lui plus d’autonomie et de liberté religieuse. Aucune information n’était immédiatement disponible sur d’éventuels blessés.

Une organisation américaine favorable à la cause hmong à Washington, le Centre d’analyse des politiques publiques, a fait état de 28 morts et des centaines de disparus sans qu’aucune information indépendante ne corrobore un tel bilan.

Les incidents sont survenus dans une zone montagneuse très isolée. Un responsable local contacté par l’AFP dans le district de Muong Nhe, à environ 200 kilomètres au nord-ouest de la ville de Dien Bien, a affirmé que quelque 3.000 Hmongs étaient toujours réunis jeudi.

La situation est compliquée, a-t-il indiqué en niant qu’il s’agissait de manifestations. Nous ne savons pas ce qu’ils veulent.

Le chef de la police provinciale a pour sa part affirmé que la situation était bonne dans la région avant que la ligne téléphonique ne soit coupée.

Mais la source militaire a fait état de quelques arrestations. Nous sommes très inquiets, a-t-il reconnu. La situation est assez stable mais on ne sait pas ce qui peut se passer demain.

Certains Hmongs s’étaient ralliés aux Américains contre les communistes pendant la guerre du Vietnam. Beaucoup ont ensuite fui le Laos et le Vietnam, et certains ont rejoint les Etats-Unis.

Le Vietnam compte officiellement 53 groupes ethniques, qui représentent environ 10 des 86 millions d’habitants, selon un rapport de la Banque mondiale datant de 2009, qui évaluait les Hmongs à 790.000 personnes.

Le rapport soulignait que le taux de pauvreté au sein des minorités était cinq fois supérieur à celui de la majorité Kinh.

Le gouvernement communiste de Hanoï affirme depuis plusieurs années que le développement économique des zones reculées et dominées par les minorités constituait une priorité.

Des voyageurs vietnamiens ont évoqué jeudi les manifestations dans des blogs dont beaucoup ont été ensuite effacés, l’un d’eux conseillant aux visiteurs d’éviter la zone pour cause de soulèvement majeur.