Au Vietnam, parler d’actualité est désormais interdit sur Internet

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2 septembre 2013

Par Mylène Renoult

Les internautes vietnamiens n’ont désormais plus le droit de partager des articles d’actualité sur les blogs et les réseaux sociaux. A l’heure où Internet connaît une montée en puissance dans le pays, cette restriction marque une étape de plus dans la politique de surveillance, de censure et de répression du gouvernement à l’égard des internautes.

Partager de l’information sur Internet, c’est fini. Désormais, les 31 millions d’internautes vietnamiens doivent se cantonner au partage de leurs seules informations personnelles sur les blogs et réseaux sociaux, tels que Facebook et Twitter, sous peine de sanction. Une restriction instaurée par le « décret 72 », rendu public le 31 juillet dernier par le Premier ministre vietnamien Nguyen Tan Dung et effectif depuis le 1er septembre.

Une censure globale

Alors qu’Internet reste le moyen de communication prédominant dans le pays avec plus d’un tiers de la population connectée, le gouvernement vietnamien affiche clairement sa volonté de contrôler l’information et de réprimer les voix dissidentes qui se répandent sur la Toile. « L’objectif à peine dissimulé de ce décret est le suivant : maintenir à tout prix le parti communiste au pouvoir en faisant de l’information un monopole étatique », s’insurgeait l’organisation Reporters sans frontières (RSF) dans un communiqué publié le 2 août suite à l’annonce par le gouvernement vietnamien de la mise en place de ces restrictions.

Si le décret prévoit que les internautes ne pourront utiliser Internet que pour « fournir et échanger des informations personnelles » afin de disposer d’informations « propres et correctes », le gouvernement vietnamien va plus loin. Même les informations émanant de la presse officielle ou de sites contrôlés par l’Etat sont proscrites. Autrement dit, la censure est globale. Moins surprenant : le texte interdit également les fournisseurs de services Internet à « fournir des informations contre le Vietnam, portant atteinte à la sécurité nationale, à l’ordre social et à l’unité nationale. »

Faire taire les voix dissidentes

Dans un pays où les médias – le Vietnam en compte près de 700 différents – sont placés sous le contrôle absolu du Parti communiste vietnamien et où la presse privée est absente, Internet représente pourtant une importante source d’informations et un moyen efficace pour contourner la censure exercée par le gouvernement. De plus en plus connectés, les citoyens vietnamiens utilisent les réseaux sociaux (ils sont 12 millions sur Facebook) et les blogs, dont le nombre ne cesse de croître, pour s’informer et relayer les informations sur la Toile.

En instaurant une telle mesure, le gouvernement vietnamien tente d’enrayer les discours d’opposition relayés sur les sites de blogeurs influents et les informations pouvant nuire au pouvoir en place. Un objectif dont ne se cachent pas les autorités. Dans son édition du mardi 6 août, le quotidien officiel Nhan Dan assurait que le décret était « nécessaire » pour « nettoyer » Internet, utilisé pour « attaquer » le Parti communiste et l’Etat.

Inciter à l’auto-censure

Pour Reporters sans frontières, la mise en application d’un tel décret relève de la gageure. Car pour appliquer le texte à la lettre et sanctionner d’éventuelles infractions, le gouvernement devrait être à même d’établir une surveillance généralisée et permanente de la Toile, un contrôle nécessitant des infrastructures dont ne disposerait pas Hanoï.

« En revanche, [Le décret] renforce l’arsenal législatif à la disposition du gouvernement qui n’aura plus besoin d’invoquer une ‘‘ tentative de renversement du gouvernement ’’ ou de la ‘‘ propagande contre l’Etat pour inculper les acteurs indépendants de l’information, déplore l’association. Quitte à faire quelques exemples pour inciter les autres à l’auto-censure. »

Classé parmi les « ennemis d’Internet » par l’organisation Reporters sans frontières, le Vietnam multiplie les intimidations et les arrestations à l’égard de cyberdissidents ayant osé aborder les sujets sensibles. Actuellement, 35 cyber-dissidents sont incarcérés dans ce pays, considéré comme la deuxième prison au monde pour les acteurs de l’information après la Chine.

Source : Radio France Internationale

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