Gros titres déformés : suppression de l’information au Viêt Nam

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Loretta Sanchez

Les média ont toujours joué un rôle majeur dans le processus de renforcement démocratique et dans la promotion du développement de par le monde. En tant qu’avocate pour les droits de l’homme, je crois que le pouvoir de la presse et l’effort pour améliorer les droits humains vont de pair.

La propagande gouvernementale et la censure de la presse ont pour but de créer une réalité déformée et de manipuler les opinions d’un peuple. Bien que le gouvernement vietnamien soutienne que la liberté de presse existe, comment explique-t-il l’incarcération des journalistes Nguyen Vu Binh et Tran Khai Thanh Thuy ?

Bien que la Constitution vietnamienne stipule que « les citoyens bénéficient de la liberté d’opinion et d’expression, de la liberté de presse, du droit d’être informé, et du droit d’assemblée, de former des associations et d’organiser des démonstrations selon la loi », la réalité est que l’information est toujours sujette à la discrétion du gouvernement.

Les statistiques parlent d’elles-mêmes :

- Au Viêt Nam, il n’y a pas de propriété privée pour ses plus de 500 journaux et magazines ;
- Près de 2 000 des 5 000 sites Internet vietnamiens sont actuellement bloqués, accusés de présenter un contenu que l’Etat qualifie de « subversif » ou « réactionnaire » ;
- Les journalistes étrangers sont sujets à un contrôle sévère lorsqu’ils couvrent des événements à l’intérieur du Viêt Nam, et sont souvent expulsés s’ils sont soupçonnés de travailler à l’encontre des intérêts de l’Etat ;
- Radio Free Asia est continuellement brouillée ;

Journalistes, poètes, avocats pour la défense de la démocratie et des droits de l’homme et cyberdissidents continuent d’être persécutés, assignés à résidence et condamnés à de lourdes peines.

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Incidents devant la résidence de l’ambassadeur des Etats-Unis à Hà Nôi le 6 avril 2007.

Et vous le voyez dans les gros titres. Après mon voyage au Viêt Nam en avril dernier, dans les gros titres aux Etats-Unis et en Europe, on pouvait lire : La police vietnamienne empêche les femmes de dissidents de rencontrer l’ambassadeur américain (AP, 06/04/2007) ; Législateur d’Orange County : Des sbires de Hanoi intimident un groupe (Orange County Register, 06/04/2007). Tandis qu’on pouvait lire sur les manchettes des média contrôlés par le gouvernement vietnamien : Un groupe terroriste élabore un plan pour la visite de Sanchez (Vietnam Net Bridge, 08/04/2007).

A l’inverse, les gros titres dans mon district (la 47e circonscription), où se trouve l’une des plus grandes communautés vietnamienne en dehors du Viêt Nam, comptent des récits d’oppression, de persécutions religieuses et politiques, donnant une image plus juste de ce qui se passe au Viêt Nam. Ils ont été un véhicule pour informer les Américains des injustices qui se produisent au Viêt Nam.

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Loretta Sanchez, Vu Thuy Ha (épouse du dissident Pham Hong Son), Bui Thi Kim Ngan (épouse du journaliste emprisonné Nguyen Vu Binh).

La Journée Mondiale de la Liberté de Presse (observée le 3 mai) célèbre la liberté de presse et reconnaît les difficultés continuelles des journalistes qui rapportent librement les nouvelles. Les journalistes au Viêt Nam luttent chaque jour contre la censure et les persécutions. En dépit des nombreuses publications et agences d’information opérant au Viêt Nam, l’information est considérablement censurée et surveillée. Les journalistes risquent la vengeance policière pour oser critiquer le gouvernement.

En tant que membre du Caucus du Congrès sur les Droits Humains et co-fondatrice au Congrès du Caucus sur le Viêt Nam, j’ai participé à des discussions en panel sur les mesures prises pour réduire au silence les média au Viêt Nam, sur les violations répétées et les persécutions à l’encontre de la liberté d’expression et d’information au Viêt Nam.

Cette année, j’ai mené un effort international en en appelant à la libération immédiate du journaliste incarcéré Nguyen Vu Binh, ancien journaliste pour Tap Chi Cong San (la Revue du Communisme). Binh a été incarcéré peu après avoir publié des articles sur Internet appelant à une démocratie pluripartiste. Selon son épouse, il a subi des intoxications alimentaires à plusieurs reprises en prison et nécessite des soins médicaux immédiats. Bien que la requête du Congrès ait gagné le soutien de la Secrétaire d’Etat Condoleeza Rice, le gouvernement vietnamien ne l’a pas libéré.

Un autre incident mettant en cause la liberté de presse est l’arrestation récente de Tran Khai Thanh Thuy, journaliste primée et auteur. Thuy aurait été mise en garde à vue le samedi 21 avril chez elle, où elle a été assignée à résidence. Selon le Comité de Protection des Journalistes (CPJ) Thuy a été accusée de violer l’article 88 du code pénal vietnamien qui interdit la diffusion d’informations que les autorités estiment dangereuses pour l’Etat.

Cette année seulement, Reporters Sans Fontières a rapporté 7 cas d’emprisonnement de journalistes vietnamiens pour violation, par leurs écrits ou leurs articles en ligne, du code pénal. Reporters Sans Frontières affirme que « le Viêt Nam est l’un des pays les plus répressifs en matière d’Internet. » Ils affirment que « le gouvernement [vietnamien] bloque l’accès aux sites web qu’il considère politiquement ou moralement « dangereux », ce qui inclut les sites d’information étrangers et les organisations pour la défense des droits de l’homme établis par les Vietnamiens à l’étranger. »

En dépit des restrictions, les journalistes au Viêt Nam continuent de risquer leur vie en rapportant des faits qui souvent défient ou remettent en question les politiques du gouvernement. Bien que le gouvernement vietnamien interrompe et contrôle les canaux de communication en créant des pare-feux sur les sites Internet, brouillant les lignes de téléphones cellulaires, fermant les agences d’information et arrêtant les journalistes, il continuent d’écrire.

Je continuerai mon travail avec mes collègues au Congrès américain pour sensibiliser et promouvoir le débat politique sur la politique de répression des droits humains au Viêt Nam et ses conséquences sur les relations Etats-Unis – Viêt Nam.

La liberté d’expression est un droit humain fondamental et elle joue un rôle essentiel dans la détermination du niveau de transparence et d’ouverture d’une société. Et le gouvernement vietnamien a beaucoup de chemin à faire s’il espère un jour devenir un membre à part entière de la communauté internationale.

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