La situation en prison des dissidents Nguyen Hoang Hai et Pham Thanh Nghien

Radio Free Asia

Trà Mi, Radio Free Asia, 16 avril 2009

Nguyen Hoang Hai et Pham Thanh Nghien sont des vietnamiens actuellement en prison pour avoir exprimé leurs opinions divergentes vis-à-vis des autorités. Ils font partie de ces écrivains-dissidents soutenus par Pen International.

En attente de la justice

M. Nguyen Hoang Hai, alias blogueur Dieu Cay, membre du Club des Journalistes Indépendants, a eu des démêlés avec les autorités après avoir exprimé publiquement ses opinions personnelles sur la situation de la société vietnamienne, puis participé aux manifestations contre l’annexion des archipels Paracels et Spratly par la Chine.

Il a été arrêté en avril 2008 et jugé en septembre où il a été condamné à 2,5 ans de prison pour « fraude fiscale ».

Après un entretien avec madame Tân, l’épouse de Hai, nous avons appris qu’il a changé de prison depuis le 30 mars dernier, en quittant la prison Chi Hoa pour Cai Tau, commune de Khanh An, province Ca Mau. Madame Tân, épouse de M. Hai, nous raconte :

« Après une longue détention provisoire et la fin des procès [en première instance et en appel], j’ai été autorisée à lui rendre visite en prison, une seule visite par mois. À chaque fois, on me laisse entre 15 et 30 minutes avec lui, selon les mois.

En fait, la prison Cai Tau n’est destinée qu’aux résidents du delta du Mékong et de l’extrême sud du Vietnam. Les prisonniers résidant à Sai Gon sont détenus à Binh Thuan. Je ne comprends pas pourquoi mon mari n’a pas été transféré à Binh Thuan mais à Cai Tau.

Selon moi, je pense qu’elles [les autorités] veulent me créer des difficultés de manière indirecte. Car c’est vrai, me rendre jusqu’ici pour lui rendre visite, ce n’est vraiment pas simple.

Par exemple la dernière fois, les fonctionnaires m’ont dit que je n’avais pas le droit de lui rendre visite car nous étions en instance de divorce avant son arrestation. Mais j’ai dit que les gens des autres prisons m’ont toujours laissée lui rendre visite. Les enfants sont tous à l’école, je les représente en allant voir leur père à leur place. Ils m’ont fait attendre deux heures avant de m’autoriser à le rencontrer. Ici, les conditions de détentions sont plus difficiles qu’à Chi Hoa. En plus, il me faut 10 heures de voiture pour me rendre à Khanh An, sans compter les 20 km de motocyclettes pour aller jusqu’à la prison.

Hai tient beaucoup à ce que justice lui soit rendue, maintenant ou après sa sortie de prison. Il veut faire la lumière pour que tous voient l’injustice dans laquelle on nous a poussés.

Sa santé a l’air de s’améliorer par rapport aux mois précédents, lorsqu’il devait répondre aux interrogatoires. À cette époque, il était très affaibli. Mais d’une façon générale, il ne se porte pas aussi bien que lorsqu’il était libre.

Hai m’a demandée de transmettre ses salutations et remerciements à tous ceux qui s’intéressent à son sort. Je lui ai dit que dehors, je continue de faire les démarches pour porter plainte contre notre locataire qui nous conduit dans cette situation.

Le surveillant qui nous écoutait a alors dit qu’il ne valait mieux pas que je poursuive les actions en justice, car sinon la situation ici va devenir très difficile pour Hai.

Mais Hai tient beaucoup à ce que justice lui soit rendue, maintenant ou après sa sortie de prison. Il veut faire la lumière pour que tous voient l’injustice dans laquelle on nous a poussés.

Ma famille partage également ce point de vue. Nous affirmons que nous sommes innocents des accusations [de fraudes fiscales] portées contre nous. Ils auraient pu arrêter Hai pour un autre motif. Tout ce qu’il a fait c’est avoir pris part, avec des amis, aux manifestations contre la Chine pour leur annexion des archipels Paracels et Spratly, qui appartiennent au Vietnam.

Ils ont considéré que c’était une trahison, un acte de révolte contre le régime. Ils n’ont aucune raison de l’arrêter pour cela. C’est pour cette raison qu’ils ont dû recourir à cet argument [de fraude fiscale]. »

À quand le procès ?

Mademoiselle Pham Thanh Nghien, une journaliste indépendante et une cyberdissidente, est arrêtée depuis septembre 2008 pour ses écrits et pour avoir manifesté à son domicile, protestant contre l’attitude du gouvernement vietnamien face à l’annexion des archipels par la Chine. Sa famille nous a fait savoir que récemment, sa détention provisoire a été prolongée de 4 mois, faisant suite aux 4 premiers mois initiaux.

Tout ce qu’elle a fait, c’est militer pour la liberté, les droits de l’homme, la liberté d’expression, la liberté de la presse et dire la vérité, comme le fait que les archipels Paracels et Spratly appartiennent au Vietnam.

Selon madame Nguyen Thi Loi, la mère de Mlle Nghien, depuis son arrestation le 18 septembre de l’année dernière, elle n’a toujours pas été mise en examen pour un motif quelconque, la date du procès n’est toujours pas fixée, et enfin, elle n’est toujours pas autorisée à rendre visite à sa fille. Madame Loi raconte :

“Je suis autorisée à lui envoyer des colis, mais pas à la voir. J’ai demandé de ses nouvelles auprès des policiers qui m’ont dit qu’elle va bien. Je dois me contenter de cela car je ne l’ai pas revue depuis son arrestation !

Tout ce qu’elle a fait, c’est militer pour la liberté, les droits de l’homme, la liberté d’expression, la liberté de la presse et dire la vérité, comme le fait que les archipels Paracels et Spratly appartiennent au Vietnam.

C’est tout. Dans le mandat d’arrêt, ils ont écrit qu’elle a enfreint l’article 88, propagande contre l’état. Je ne sais pas où chercher de l’aide. Est-ce qu’ils vont la juger après 8 mois de détention provisoire ? Et si à ce moment là, ils ne le font pas, je ne saurai vraiment plus quoi faire. Je suis âgée maintenant. Ma fille n’a rien fait de mal. Je ne peux plus qu’espérer que vous pourrez faire en sorte que notre pays connaisse la démocratie comme les autres pays. Je sollicite votre aide depuis l’étranger, parce que je ne sais plus quoi faire. »

Dans la liste des sept écrivains dissidents actuellement emprisonnés au Vietnam et qui sont parrainés par Pen International, en dehors de Nguyen Hoang Hai et de Pham Thanh Nghien, il y a également Nguyen Xuan Nghia, Pham Van Troi, Le Thi Kim Thu, Nguyen Van Tuc et Ngo Quynh.

Tous ont été arrêtés durant une campagne de répression contre ceux qui ont protesté contre la Chine en août et septembre de l’année dernière. Ils sont toujours en prison et aucun procès n’a encore été fixé.