Le député australien Luke Simpkins parle de la liberté religieuse au Vietnam

Luke Simpkins

CHAMBRE DES REPRÉSENTANTS

GRANDE COMMISSION des affaires émanant des députés

La liberté religieuse et la démocratie au Vietnam

DISCOURS

Lundi 17 août 2009

M. SIMPKINS (Cowan) (19H46)-Ce n’est pas la première fois que je prends la parole sur les questions des droits de l’homme au Vietnam et ce ne sera pas la dernière. Je présente cette motion pour souligner à nouveau le manque de libertés au Vietnam. Je me suis déjà exprimé devant le Parlement au sujet de la répression de la démocratie, de la liberté d’expression, de l’Internet et de la liberté de religion. Dans cette motion, je vais parler du Très Vénérable Thich Quang Do, patriarche de l’Église Bouddhique Unifiée du Viêt Nam, et de ses sacrifices et luttes pour la liberté de religion, pour la liberté d’expression et pour le genre de liberté qui, un jour, permettra au Vietnam et au peuple vietnamien d’exploiter son grand potentiel. En Janvier 2008, un magazine européen a désigné le Vénérable Thich Quang Do comme l’un des 15 champions de la démocratie dans le monde. Cet homme courageux et résistant est né Dang Phuc Tue, le 27 novembre 1928 dans la province de Thai Binh. Il est le chef de l’Église Bouddhique Unifiée du Viêt Nam. C’est également l’un des dissidents plus connus du Vietnam, donc l’un des plus réputés. Cette réputation n’a pas été acquise sans difficultés, de même qu’il est difficile de rester en liberté quand on s’oppose à des régimes autoritaires. Originaire du Nord, âgé de 81 ans, le Vénérable Thich Quang Do est moine depuis l’âge de 14 ans. À l’âge de 17 ans, il vit son maître exécuté sommairement par un tribunal populaire révolutionnaire. Il pressentit alors les normes de justice et de contrôle que le futur gouvernement communiste du Vietnam imposerait un jour à l’ensemble du pays. Il convient de rappeler que le maître de Thich Quang Do n’était pas un combattant mais un saint homme. Il a été largement dit qu’en vivant et souffrant de ce drame, la conviction de Thich Quang Do en a été renforcée et qu’il fut déterminé à poursuivre les enseignements bouddhistes de non-violence, de tolérance et de compassion. Il faut savoir qu’avant 1975 et la chute de la République du Vietnam, l’Église Bouddhique Unifiée du Vietnam fut la plus grande organisation bouddhiste du Sud-Vietnam. Elle rassemblait les bouddhistes des deux grandes traditions, Theravada et Mahayana, et elle fut très active pour la paix et les droits de l’homme, avec des liens avec des organisations internationales de paix. C’est en raison de cette action que le gouvernement communiste du Vietnam considéra l’Église Bouddhique Unifiée et ses dirigeants comme une menace à leur contrôle absolu. A partir de 1975, le gouvernement planifia et mit en œuvre la persécution de l’Église et de ses membres, y compris la saisie de ses biens. Cela aboutit à une unification forcée dans l’Église Bouddhique du Vietnam, une émanation du gouvernement.

Le patriarche de l’Église Bouddhique Unifiée de cette époque, le Vénérable Thich Huyen Quang, et son adjoint Thich Quang Do, se prononcèrent contre le gouvernement et son Église. Cela aboutit à leur arrestation, à leur exil intérieur et même à leur torture. En 1977, Thich Quang Do fut détenu pendant 20 mois, tous à l’isolement, pour avoir soulevé la question des droits de l’homme. En 1982 Thich Quang Do fut soumis à l’exil intérieur pendant 10 ans. Cette peine fut imposée, en réalité, en raison des protestations contre l’interdiction, par le gouvernement communiste, de l’indépendance de l’Église Bouddhique Unifiée du Vietnam. En 1992, il revint à Saigon et, en 1994, il écrivit un document accusateur de 44 pages qui détaillait la persécution et les excès par le Parti Communiste Vietnamien de l’Église bouddhique Unifiée. Pour avoir rédigé ce document, il fut arrêté en 1994, puis emprisonné pendant trois ans pour son implication dans l’organisation des secours alimentaires aux victimes des inondations et pour la distribution de lettres du patriarche d’alors, Thich Huyen Quang. Il fut à nouveau libéré en 1998, après quoi il signala à maintes reprises les violations des droits humains au Vietnam. Raison pour laquelle il fut régulièrement arrêté et interrogé.

Il fut aisément nominé pour le Prix Nobel de la Paix 2000. Depuis Juin 2001, il est assigné à résidence. En Juillet 2008, à la mort du précédent patriarche, le Vénérable Thich Quang Do devint chef de l’Église libre. Une grande partie de sa vie s’est passée en détention. Vingt-sept années de sa vie ont impliqué prison ou maison d’arrêt, le tout dans le cadre paisible de la défense des droits de l’homme, de la démocratie et, bien sûr, de la liberté religieuse. Au-delà de son importance pour les bouddhistes à l’intérieur et en dehors du Vietnam, le Vénérable Thich Quang Do est un modèle de courage, d’intégrité et d’honneur. Il devrait être libéré immédiatement. La liberté de religion et la liberté d’expression, et la démocratie ne devraient pas être des rêves mais la réalité. Nous applaudissons Thich Quang Do et lui rendons hommage, comme à un grand défenseur des droits de l’homme de notre temps.

Pour conclure, ce soir, je porte les insignes de boutonnière de la république du Vietnam et du Viet Tan, le Parti pour la Réforme du Vietnam. C’est un grand honneur de parler au nom des bouddhistes vietnamiens de mon électorat.