Le Vietnam durcit la répression contre les sites Web d’opposants

Le Monde

15 janvier 2010

Une série de procès de militants pour la démocratie est prévue la semaine prochaine au Vietnam communiste, où la communauté occidentale dénonce un tour de vis politique. Sur le banc des accusés doivent se retrouver un informaticien-blogueur formé en France, Nguyen Tien Trung, et un avocat, Le Cong Dinh, connu pour sa défense de confrères militants des droits de l’homme, ainsi que deux autres militants, Le Thang Long et Tran Huynh Duy Thuc.

Tous sont accusés de “tentative de subversion du régime”, un crime passible de la peine de mort, et de liens avec une organisation illégale, le Parti démocratique du Vietnam. Un autre activiste, Tran Anh Kim, arrêté en même temps qu’eux, a déjà été condamné à cinq ans et demi de prison. Les cinq militants avaient à l’origine été appréhendés pour “propagande” contre le régime, charge uniquement passible de prison.

A partir de lundi, doivent aussi se tenir les procès en appel de neuf autres militants condamnés en première instance à des peines de deux à six ans de prison pour “propagande” contre le régime. Ces militants sont accusés d’avoir déployé des banderoles pro-démocratie, dénonçant parfois les ambitions territoriales régionales chinoises, et pour certains d’avoir distribué des tracts et diffusé leurs opinions sur Internet.

HARCÈLEMENT DES AUTEURS DE SITES CRITIQUES

Si la répression contre les militants des droits de l’homme s’est durcie ces derniers mois au Vietnam, à l’approche du prochain congrès du Parti communiste prévu l’an prochain, c’est plus particulièrement le Web qui semble être dans le collimateur des autorités. Alors que la presse est étroitement contrôlée par le gouvernement, Internet reste l’un des seuls canaux où peuvent circuler les critiques contre le régime et contre son allié idéologique, la Chine.

Cette semaine encore, ont été entendus par la police à Hanoï les fondateurs d’un site Internet en pointe dans la critique de grands projets de mines de bauxite dans les hauts plateaux du centre, qui impliquent aussi la Chine, via des technologies ou investissements. Le chercheur Nguyen Hue Chi, rédacteur en chef du site Bauxite Vietnam, a été convoqué à trois reprises et son ordinateur saisi, selon son collègue Pham Toan, également interrogé. “Leur intention est de fermer notre site”, estime-t-il.

Les fondateurs du site sont à l’origine d’une pétition contre les projets de mines, signée par nombre d’intellectuels. Les risques dénoncés portent sur l’environnement mais aussi sur la sécurité nationale : dans un pays où le souvenir du millénaire d’occupation chinoise reste vif, certains craignent une mainmise de Pékin sur une région-clé.

http://www.lemonde.fr/technologies/article/2010/01/15/le-vietnam-durcit-la-repression-contre-les-sites-web-d-opposants_1292345_651865.html