Les défis du mouvement vietnamien pour la démocratie

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Les défis du mouvement vietnamien pour la démocratie

Do Hoang Diem – Président du Viêt Tân
(Parti pour la Réforme du Viêt Nam)

Commission des droits de l’homme au Congrès
Discours aux parlementaires – 10 mai 2007


Madame la présidente, mesdames et messieurs les parlementaires,

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M. Do Hoang Diem

Le 17 février 2007, à la veille de la nouvelle année vietnamienne, le régime communiste au Viêt Nam a lancé une répression massive contre le mouvement pour la démocratie. Depuis, de nombreuses personnes ont été arrêtées ou condamnées à beaucoup d’années en prison. Certaines sont des dissidents bien connus ; beaucoup d’autres sont des militants moins connus. Nombre de questions ont été posées sur cette répression mais probablement les deux prioritaires sont : (1) pourquoi maintenant ? et (2) quel est l’objectif principal ? Afin de bien répondre à ces questions, nous devons analyser le développement récent du mouvement pour la démocratie au Viêt Nam.

Le mouvement pour la démocratie au Viêt Nam

Après que beaucoup de groupes pro-démocratie tôt se furent dissous ou cachés, à la fin des années 1980, la décennie suivante fut marquée principalement par des voix individuelles réclamant plus de liberté et de droits de l’homme. Mais en décembre 2000, surgit un inconnu, prêtre catholique, le Père Nguyen Van Ly, qui organisa avec ses disciples de la paroisse de Nguyet-Bieu une campagne pour la liberté religieuse. Avec leur slogan « la liberté religieuse ou la mort », le Père Ly et ses paroissiens donnèrent un second souffle au mouvement pour la démocratie. Immédiatement, beaucoup de nouveaux visages apparurent et rejoignirent le mouvement. La plupart étaient de jeunes gens ayant une activité professionnelle tels que des avocats, des médecins et des journalistes. Mais les autorités communistes réagirent rapidement. D’un seul coup en 2001, elles arrêtèrent le Père Ly et beaucoup d’autres. Tous furent condamnés à de longues peines de prison, entre 4 ans et 15 ans. Avec cette campagne de terreur en 2001 et jusqu’en 2002, les autorités communistes réduisirent efficacement le mouvement pour la démocratie et étouffèrent la plupart des voix dissidentes.

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Les parlementaires Loretta Sanchez et Edward Royce

Les cinq années suivantes furent marquées par un silence angoissant et l’absence évidente d’opposition.

Soudain le 8 avril 2006, le Père Ly à nouveau, et 117 autres citoyens vietnamiens courageux, proclament et signent le Manifeste pour la liberté et la démocratie pour le Viêt Nam. Avec cette déclaration, ils relancent le mouvement pour la démocratie. Cette fois, il ne s’agit plus d’individus mais de groupes organisés qui se lèvent pour exiger la démocratie et qui défient la dictature. Après cinq ans de silence, le mouvement pour la démocratie est de retour, vraiment populaire cette fois, rassemblant de nombreuses organisations et beaucoup de militants.

La répression, pourquoi maintenant ?

Après avoir attendu presque une année, en février 2007, le gouvernement vietnamien lança une campagne de répression fort bien planifiée, pour trois raisons :

D’abord, le régime a obtenu des États-Unis et du monde ce qu’il voulait. Avec l’entrée du Viêt Nam dans l’Organisation du Commerce Mondial (OMC), avec l’obtention du statut des Relations Commerciales Normales Permanentes (en anglais PNTR), et avec le retrait de la liste des Pays Particulièrement Préoccupants (en anglais CPC), le gouvernement vietnamien a obtenu tout ce qu’il souhaitait ardemment ; dès lors, il pouvait consolider sa puissance. Auparavant, il tolérait le mouvement pour la démocratie, mais désormais cette tolérance est inutile.

En second lieu, le régime avait prévu que les États-Unis et la communauté internationale n’émettraient que des protestations limitées, protestations que le régime laisserait facilement s’estomper. L’avenir dira si la communauté internationale enverra un message ferme contre les flagrantes violations des droits de l’homme et contre la persécution des appels non-violents aux changements démocratiques au Viêt Nam.

Troisièmement, le régime veut empêcher toute perturbation au processus bien huilé de l’élection du 20 mai 2007. Avec l’appel au boycott de la prochaine élection de l’Assemblée nationale, le mouvement pour la démocratie suggère la désobéissance civile pour éveiller la conscience publique et pour mobiliser la pression populaire contre cet événement frauduleux. Puisqu’ils claironnent que cette élection serait plus « ouverte » avec 10% de sièges « accordés » à des candidats non-communistes, le gouvernement ne peut pas tolérer la moindre contestation de leur propagande.

Quel est le principal objectif de la répression ?

Au regard de la longue histoire du régime communiste vietnamien qui a toujours voulu maintenir la dictature du parti unique à tout prix, le principal objectif de la répression est clair. C’est encore une fois couper à la base le mouvement démocratique vietnamien comme il l’a déjà fait par le passé. Il veut remonter la pendule à 2001 et réduire encore une fois au silence ceux qui osent appeler à la démocratie. On peut comprendre que le monde extérieur n’entende parler que des dissidents bien connus, mais au Viêt Nam il y a des centaines d’autres militants et de citoyens ordinaires qui sont pourchassés et persécutés.

Dans leur campagne de terreur pour éliminer les voix pacifiques pour la démocratie, le régime de Hà Nôi s’est senti conforté par son apparente acceptation par la communauté internationale, en particulier sa réussite auprès des États-Unis. Il est temps pour nous d’envoyer un message signifiant clairement que cette acceptation n’est pas permanente et que le monde n’ignorera pas la soif de liberté du peuple vietnamien.

Qu’est ce qui doit être fait ?

Le mouvement démocratique vietnamien fait face à la fois à un important défi et à une opportunité risquée. Notre défi est de surmonter la répression actuelle à tout prix. Le gouvernement vietnamien met le paquet pour éradiquer toute organisation indépendante, en particulier les partis politiques. Cependant, si nous pouvons survivre à cette répression dans les six prochains mois, dans un an ou même au-delà, ce sera véritablement un tournant pour le mouvement démocratique. Au lieu d’être réduits au silence comme il y a 5 ans, si nous poursuivons notre effort, alors ce sera le point de non retour pour des changements démocratiques au Viêt Nam.

Dans cette bataille pour la liberté et la démocratie, Viêt Tân s’est tenu côte à côte des autres partis et organisations pro-démocratie et du peuple vietnamien. Dans ces moments très difficiles, nous continuerons à faire de même. Nous continuerons à suivre notre principe de lutte pacifique, non violente, pour mobiliser le peuple vietnamien et l’encourager à défier le régime. Actuellement, l’équilibre du pouvoir ne penche pas du côté du peuple. C’est seulement à travers des moyens non violents que nous pouvons pousser le peuple vietnamien à reprendre le contrôle du pays. Le régime communiste le sait et il a peur. C’est pourquoi il essaie de terroriser notre peuple et de le soumettre à nouveau à travers cette répression.

Dans notre effort pour conserver notre élan et atteindre le point critique, nous appelons les États-Unis à soutenir le peuple vietnamien. Je soumets les actions suivantes à votre réflexion :

1. Exercer des pressions sur le gouvernement de Hà Nôi pour qu’il libère les prisonniers d’opinion :

- Dr Le Nguyen Sang, Mr. Huynh Nguyen Dao and Mr. Nguyen Bac Truyen, dirigeants du Parti Démocratique du Peuple, qui sont jugés aujourd’hui au Viêt Nam, 10 mai 2007.

- L’avocat Nguyen Van Dai du Comité Vietnamien des Droits de l’Homme et l’avocate Le Thi Cong Nhan du Parti Progressiste Vietnamien qui seront jugés demain, 11 mai 2007.

- M. Tran Quoc Hien, porte-parole du Syndicat des Travailleurs et Ouvriers Vietnamiens, qui sera jugé mardi prochain, 15 mai.

2. Réinscrire le Viêt Nam sur la liste des pays particulièrement préoccupants (CPC). Le régime de Hà Nôi est sensible à l’opinion internationale car il a besoin de maintenir une image acceptable pour attirer les investisseurs et favoriser les échanges commerciaux.

3. Soutenir la liberté d’information, en particulier en adoptant la loi sur la liberté d’Internet et demander au gouvernement vietnamien de cesser le brouillage de Radio Free Asia.

4. Envoyer un message clair au président communiste du Viêt Nam Nguyen Minh Triet quand il visitera les États-Unis en juin. Les membres du Congrès devraient rappeler au président Bush de demander le respect des droits de l’homme, la libération de tous les prisonniers politiques, et la fin de la répression politique.

5. Soutenir le travail des ONG indépendantes et des initiatives visant à construire une société civile au Viêt Nam. Ceci est extrêmement important pour renforcer le peuple vietnamien et jeter les fondations sur lesquelles une démocratie durable pourra être construite.

Mesdames et messieurs,

Après avoir subi pendant 32 ans une persécution continuelle et le règne brutal du régime communiste, le mouvement pour la démocratie au Viêt Nam refuse de s’effacer. Au contraire, il revient plus déterminé et plus fort que jamais. Jamais auparavant les autorités communistes n’avaient vu un mouvement aussi populaire, représenté par tant d’organisations et de partis politiques indépendants qui défient ouvertement leur pouvoir. La question n’est plus de savoir si la démocratie triomphera au Viêt Nam, mais quand.

Un Viêt Nam libre, démocratique, qui adhère aux standards et normes internationaux du monde civilisé n’est pas seulement essentiel pour le peuple vietnamien mais aussi pour l’Amérique et le monde.


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Réunion de la Commission des Droits de l’Homme du Congrès des Etats-Unis, 10 mai 2007.

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De gauche à droite : Do Hoang Diem (Viêt Tân), T. Kumar (Amnesty International), Jane Dobui (Vietnam Women for Human Rights) et Dr Nguyen Quoc Quan (militant pour la démocratie, grand frère du dissident Nguyen Dan Que)

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Loretta Sanchez et Do Hoang Diem

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Do Hoang Diem et Edward Royce

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