Sept ans de prison pour le dissident Vu : démonstration de clémence du Vietnam

CNS News

Mardi 5 avril 2011

Par Patrick Goodenough

(CNSNews.com) – Une cour vietnamienne a indiqué que sa décision de n’infliger qu’une peine de sept ans de prison à un célèbre dissident pro-démocratie reflétait sa clémence envers l’accusé, fils d’un digne membre du Parti.

Lundi, le jury du Tribunal Populaire de la Ville de Hanoï a indiqué que l’affaire de Cu Huy Ha Vu était sérieuse et ses actions dangereuses pour la société, reportait l’Agence de presse officielle du Vietnam (VNA).

“Cependant, eu égard aux services que sa famille a rendu à la nation, la cour a décidé de ne lui infliger qu’une peine de sept ans”.

En janvier dernier, un autre dissident avait été condamné à huit ans de prison pour le même délit – “propagande contre l’état socialiste” – passible d’une peine pouvant aller jusqu’à 12 ans d’emprisonnement. Le juriste Vu, 53 ans, est le fils d’un célèbre poète, compagnon de route de Ho Chi Minh.

Arrêté en novembre dernier, il est accusé d’avoir posté sur internet des articles de propagande contre l’état.

“Ces articles et interviews ont déformé les lignes directives et les règles du Parti ; ils ont porté atteinte aux institutions gouvernementales et à l’Etat et ont noirci la guerre de résistance du peuple vietnamien” a indiqué VNA.

Duy Hoang, un porte-parole basé aux Etats-Unis du groupe pro-démocratie interdit Viet Tan, déclarait que des milliers de Vietnamiens s’étaient rassemblés à l’extérieur du palais de justice à Hanoï en signe de soutien à Vu.

“Au lieu de respecter le droit des citoyens à se réunir pacifiquement, la sécurité publique a dispersé le rassemblement et a arrêté des douzaines de personnes” a-t-il déclaré.

Le porte-parole du département d’État Mark Toner a déclaré que les Etats-Unis étaient “profondément préoccupés” par cette condamnation et également troublés par “l’absence apparente de procédure légale durant le procès et par le maintien en détention de plusieurs personnes qui cherchaient tout simplement à assister au déroulement du procès”. Toner demande la libération de Vu et de “tous les autres prisonniers de conscience”, en indiquant que cette condamnation soulevait des questions sérieuses quant à l’engagement de Hanoï à apporter du changement.

“Personne ne devrait être emprisonné pour avoir exercé son droit d’expression”.

Des douzaines de militants pour la démocratie et les droits de l’homme, d’écrivains, de blogueurs et de militants contre la corruption ont été poursuivis ou arrêtés au cours d’une vaste campagne de répression qui n’a fait qu’empirer l’année dernière, alors même que, 15 ans après la normalisation des relations entre les deux anciens ennemis, les liens entre le Vietnam et les Etats-Unis se resserraient.

Le Secrétaire à la Défense Robert Gates et la Secrétaire d’État Hillary Clinton ont tous deux visité le Vietnam en 2010, deux visites ont été effectuées dans le cas de Mme Clinton.

Viet Tan a exhorté les gouvernements et les organisations des droits de l’homme à condamner les actions de Hanoï et a invité les Vietnamiens à utiliser les médias sociaux “pour continuer à discuter des questions affectant l’avenir du pays que Cu Huy Ha Vu a contribué à soulever”. Un rapport de Viet Tan a récemment mis en évidence la façon dont internet, et notamment le site de réseau social Facebook, avait permis aux citoyens vietnamiens de s’organiser et ce malgré les tentatives discontinues du gouvernement depuis fin 2009 de bloquer le site. Le rapport soutenait que l’intervention du gouvernement avait en fait eu un effet boomerang.

“Les étudiants et les jeunes qui auraient normalement reculé devant toute forme d’activités d’opposition ont commencé à s’organiser sur Facebook pour protester contre le verrouillage de Facebook” dit le rapport.

“En filtrant l’accès à Facebook, il semble que le gouvernement vietnamien a confirmé la loi des conséquences imprévues : les Vietnamiens se réunissent en ligne pour manifester contre la censure gouvernementale.” Dans un discours en février dernier sur la liberté d’internet, Clinton a mentionné plusieurs pays où les régimes répressifs essaient d’étouffer l’expression en ligne, notamment le Viêt-Nam, où elle dit que “les blogueurs qui critiquent le gouvernement sont arrêtés et maltraités”.