30 août 2011
HANOI – Huit militants politiques vietnamiens ont été arrêtés depuis fin juillet et sont accusés de subversion, a déclaré mardi à l’AFP leur conseiller juridique.
Ces répressions ont été déclenchées après la confirmation au pouvoir du Premier ministre Nguyen Tan Dung.
Les militants, tous catholiques, qui avaient notamment participé à de récentes manifestations contre la politique de Pékin en Mer de Chine méridionale, ont été arrêtés depuis le 30 juillet à Ho Chi Minh-Ville (ex-Saïgon, sud), à Hanoï et dans la province de Nghe An (centre), a précisé à l’AFP M. Le Quoc Quan.
Ils sont soupçonnés d’activités visant à renverser l’administration du peuple. Cinq autres sont aussi détenus dans le cadre du même dossier pour des raisons non précisées.
Il n’était pas possible pour le moment d’obtenir confirmation de l’information de la part des autorités vietnamiennes.
Des organisations de défense des droits de l’homme ont récemment exprimé leurs inquiétudes après la reconduction en juillet dans ses fonctions du Premier ministre Nguyen Tan Dung, dont le second mandat leur fait craindre une période difficile pour les libertés publiques.
M. Quan s’est dit informé du dossier notamment grâce à ses liens avec le Comité pour la Paix et la Justice du diocèse de Vinh, une organisation catholique de la province de Nghe An.
Selon lui, ces militants avaient étudié les luttes non-violentes et signé une pétition réclamant la libération du dissident Cu Huy Ha Vu, condamné à sept ans de prison. Ils s’opposaient par ailleurs à un projet très controversé du gouvernement d’exploitation de la bauxite sur les hauts plateaux du centre du Vietnam.
L’un d’eux, Paulus Le Ve Son, tenait aussi un blog politique.
L’ONG Reporters sans frontières (RSF), dont le siège est à Paris, a critiqué la brutalité avec laquelle, selon elle, les autorités ont arrêté M. Son, devant son domicile à Hanoï. RSF affirme que cette arrestation a toutes les caractéristiques d’un kidnapping de la police.
L’accusation de subversion est régulièrement utilisée contre les dissidents.
Elle a aussi été portée à l’encontre d’un autre blogueur, le Franco-Vietnamien Pham Minh Hoang, condamné ce mois-ci à trois ans de prison ferme, et dont la France a à nouveau réclamé mardi la libération.
Les remises de peine qui doivent intervenir le 2 septembre, à l’occasion de la fête nationale vietnamienne, auraient pu être l’occasion d’une remise en liberté de M. Pham Minh Hoang. Cela n’a pas été le cas. Nous sommes profondément déçus que nos messages n’aient pas été entendus, a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Bernard Valero, au cours d’un point de presse.
Selon un autre blogueur, la détention de ces militants pourrait dénoter la crainte des autorités d’un soulèvement sur le modèle des révoltes arabes.
Je pense qu’elles ont si peur que ce genre de révolution ne se produise qu’elles doivent éteindre tous les feux, a-t-il dit sous couvert d’anonymat.
