De la dictature à la démocratie

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Viêt Tân a l’honneur de vous présenter l’ouvrage « De la dictature à la démocratie » (From Dictatorship to Democracy) de Gene Sharp. Le docteur Gene Sharp est chercheur à l’Institut Albert Einstein, spécialisé dans la lutte pour la démocratie dans le monde.

Gene Sharp rassemble dans ce livre les expériences réussies des luttes non violentes contre les dictatures dans le monde entier depuis un demi-siècle. Ces derniers temps, les mouvements démocratiques en Géorgie, Ukraine, Kirghizistan ont traduit, diffusé et appliqué avec succès les méthodes préconisées dans ce livre.

Ces méthodes de luttes non violentes contre les dictatures sont devenues le cheval de bataille du Viêt Tân au Viêt Nam, mais aussi du Bloc 8406 et de l’Alliance pour la Démocratie et les Droits de l’Homme au Viêt Nam. La version vietnamienne de ce livre a été traduite par le Viêt Tân.

L’ouvrage From Dictatorship to Democracy peut être consulté sur le site de l’Institut Albert Einstein

Viêt Tân


Préface

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Gene Sharp

Une de mes préoccupations depuis quelques années est de faire en sorte que les peuples puissent faire face aux dictatures et y mettre fin. Je nourris ce rêve parce que je crois fermement qu’on ne peut pas laisser des peuples se faire martyriser par ces régimes. Ce rêve m’est apparu de plus en plus crédible lorsque j’ai commencé à étudier les textes traitant de la liberté, de la nature des dictatures, depuis Aristote jusqu’aux analyses concernant les régimes totalitaires, ainsi que des évènements qui ont conduit à l’avènement des dictatures, notamment aux régimes Nazis et Staliniens.

Durant ces dernières années, j’ai pu apprendre beaucoup de la part des personnes qui ont souffert sous le régime Nazi, y compris des survivants des camps de concentration. En Norvège, j’ai rencontré des résistants au nazisme et recueilli les histoires de ceux qui ont péri. J’ai discuté avec des Juifs qui ont échappé aux rafles nazies et avec ceux qui les ont aidés.

Ma connaissance de la terreur produite par des régimes communistes provient davantage des livres que des contacts humains. La terreur dans ces régimes se révèle particulièrement douloureuse car ces dictatures se sont imposées au nom de la libération de l’oppression et de l’exploitation.

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LA chute du mur de Berlin

Au cours de ces dernières décennies, avec l’arrivée de personnes fuyant des régimes dictatoriaux comme ceux de Panama, de Pologne, du Chili, du Tibet et de Birmanie, les spécificités des dictatures modernes sont devenues plus concrètes. A partir des expériences des tibétains qui ont dû se battre contre l’agression communiste chinoise, des russes qui ont bloqué à temps le coup d’état des conservateurs en 1991, et des thaïlandais qui ont empêché par des moyens pacifiques le retour des militaires au pouvoir, j’ai pu collecter des éléments troublants sur la nature néfaste des dictatures.

Ma révolte contre les brutalités, en même temps que mon admiration pour le calme incroyablement héroïque de ces hommes et femmes, se sont renforcées lors de visites sur le terrain alors que le danger persistait, alors que des hommes continuaient à défier le pouvoir. Cela comprend des endroits comme le Panama sous l’ère Noriega, ou Vilnius, en Lituanie, sous la répression soviétique, ou la place Tien An Men à Pékin aussi bien pendant les manifestations joyeuses pour la liberté que lorsque les premiers transports blindés ont fait irruption durant cette nuit fatidique, ou le quartier général enfoui dans la jungle de Manerplaw avec le mouvement d’opposition démocratique « Libération Birmanie ».

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La place Tien An Men avant l’assaut des chars communistes

Parfois, il m’arrive de visiter les lieux où sont tombés les démocrates, comme la tour de télévision et le cimetière de Vilnius, le jardin public de Riga où des gens ont été abattus, le centre de Ferrare, dans le nord de l’Italie, où les fascistes ont aligné les résistants pour les fusiller, et le cimetière dépouillé de Manerplaw rempli de corps d’hommes qui sont morts trop jeunes. Il est triste de constater que chaque dictature laisse dans son sillage la mort et la destruction.

Progressivement, a grandi en moi la ferme espérance que la prévention de la tyrannie serait possible et que les combats contre les dictatures pourraient être gagnés sans pertes considérables, que pourraient être détruits les dictatures ainsi que le risque de les voir renaître de leurs cendres.

J’ai étudié et imaginé longuement les méthodes qui permettraient de désintégrer les dictatures avec le minimum de pertes humaines possibles. Dans cette optique, j’ai tiré les leçons de mes années de recherches sur les dictatures, les mouvements de résistance, les révolutions, les courants politiques, les systèmes gouvernementaux et plus particulièrement sur la lutte non violente.

Ce livre en est le résultat, avec probablement de nombreuses faiblesses mais offrant néanmoins aux mouvements de libération quelques lignes directrices pour définir des stratégies plus fortes et plus efficaces.

Par nécessité, mais aussi par volonté, cet essai se focalise exclusivement sur le problème global : comment détruire une dictature et prévenir l’avènement d’une nouvelle ? Je ne suis pas compétent pour fournir des analyses détaillées ou des préconisations précises pour chaque pays. Cependant, j’espère que cette analyse générale sera utile à certaines personnes qui, malheureusement dans trop de pays, doivent faire face aux réalités d’un régime dictatorial. Elles devront vérifier que ces analyses s’adaptent bien à leur situation et examiner si les principales recommandations sont bien applicables à leur combat.

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Je dois remercier ceux qui m’ont aidé à réaliser ce livre, tout d’abord Bruce Jenkins, mon Assistant Spécial, qui a beaucoup travaillé sur l’analyse des problèmes et sur la façon de présenter les idées. Grâce à ses suggestions, les problématiques ont été mieux abordées, présentées plus clairement et d’une façon plus convaincante, en particulier pour les stratégies. Je suis également reconnaissant envers Stephen Coady pour son assistance éditoriale. Le docteur Christopher Kruegler et Robert Helvey m’ont offert leurs critiques et conseils avisés. Les docteurs Hazel McFerson et Patricia Parkman m’ont respectivement fourni des informations sur les luttes en Afrique et en Amérique Latine. Bien que j’aie reçu ces aimables et généreux soutiens, je porte l’entière responsabilité des analyses et conclusions présentes dans ce livre.

Nulle part dans ce livre je ne me permets de dire que la résistance contre les dictateurs serait simple ou sans coût humain. Toutes les luttes sont compliquées et coûteuses. Naturellement, on ne peut éviter des pertes quand on s’oppose aux dictateurs. Cependant, j’espère que ces analyses inciteront les meneurs des mouvements de résistances à s’intéresser aux stratégies qui leur permettraient de lutter plus efficacement tout en minimisant le niveau des pertes.

Ce livre n’a pas non plus l’ambition de dire que les tous les problèmes disparaîtront avec la fin de la dictature. La chute d’un régime totalitaire n’est pas un aboutissement. Elle ne fait qu’ouvrir le chantier à long terme de la reconstruction d’un système politique, économique et social plus juste, afin d’effacer l’injustice et l’oppression. J’espère que ce court livre qui condense les méthodes destinées à faire chuter un régime dictatorial sera utile à tout peuple qui subit la répression et aspire à la liberté.

Gene Sharp

6 octobre 1993
Institut Albert Einstein
PO BOX 455
East Boston, MA 02128
Etats Unis

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