Le Défenseur des droits de l’homme du mois – Nguyen Van Hai alias Dieu Cay

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2 avril 2012

Le blogueur Nguyen Van Hai (pseudo Dieu Cay) s’est attiré les foudres du gouvernement vietnamien pour avoir défendu les droits de l’homme et critiqué les autorités. Il est derrière les barreaux depuis 2008 et cela fait 18 mois que sa famille et ses avocats n’ont pu lui rendre visite. Il sera de nouveau jugé en avril, cette fois ci pour ses activités de blogueur et conformément à la législation concernant la sécurité nationale.

Nguyen Van Hai était sensé être libéré le 19 octobre 2010 après avoir passé deux ans en prison pour fraude fiscale. Le jour même, sa famille était informée qu’il ne serait pas libéré. Au lieu de cela, Van Hai a été accusé de « propagande contre la République Socialiste du Vietnam » (Article 88 du Code pénal vietnamien).

Van Hai est considéré comme l’un des blogueurs les plus influents du Vietnam. Sous son nom de plume ‘Dieu Cay’, il fait acte de pionnier en lançant la mode du blog au Vietnam en 2007. ‘Dieu Cay’” en vietnamien signifie la pipe à eau du paysan. Il a choisi ce nom pour montrer son soutien et parler au nom de ceux qui vivent dans la misère et en marge de la société vietnamienne.

Van Hai a commencé à faire campagne pour la justice sociale après une vague de manifestations de fermiers à Hô Chi Minh-Ville en 2007. Les fermiers de plusieurs provinces plus à l’ouest s’étaient rassemblées pour protester contre les indemnisations jugées insuffisantes qu’ils avaient reçues des autorités en compensation des terres qu’on leur avait confisquées. La Police avait utilisé la force pour disperser les manifestants. Van Hai avait rencontré certains manifestants et avait été ému par leur histoire qu’il avait décrit dans un livre. Il a déclaré plus tard qu’il partageait leur fardeau et qu’il voulait se lever pour leurs droits.

En 2008, suite à des manifestations d’ouvriers d’une usine à chaussure qui protestaient pour de meilleures conditions de travail, il a également indiqué que leur vulnérabilité était sienne : « A compter d’aujourd’hui je me tiens aux côtés du syndicat des travailleurs et je suis avec eux dans leur lutte parce que je suis devenu l’un d’eux. Côte à côte, avec mes frères et sœurs, je me battrai jusqu’au bout. La vie m’a béni de m’avoir donné des amis si merveilleux. Espérons que le moment arrivera bientôt où tous mes collègues l’emporteront. » (Extrait de son blog)

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Avec quelques autres militants, Van Hai a crée le Cercle Indépendant des Journalistes, un réseau de blogueurs qui a rapidement pris de l’importance. Tous écrivaient sur des questions telles que la corruption, les relations politiques avec la Chine, l’injustice sociale et l’absence de droits de l’homme au Vietnam.

En 2008, les autorités ont réduit cette voix indépendante au silence en maintenant Van Hai en prison. Dès mai 2009, le Groupe de travail des Nations Unies sur la Détention Arbitraire avait conclu que sa détention était contraire aux lois internationales.

Après un an et demi de détention au secret, son avocat a été autorisé à le rencontrer le 29 mars à la prison de Hô Chi Minh-Ville. Il est malade et a perdu beaucoup de poids. Sa famille n’a pas encore été autorisée à le rencontrer.

En avril 2012, Van Hai sera de nouveau jugé. Il est important que les médias et les diplomates étrangers cherchent à assister au procès afin d’assurer une visibilité maximale à l’affaire Van Hai. On s’attend à ce que le procès ait lieu à la mi-avril. Deux autres blogueurs seront jugés dans le même temps, eux aussi accusés de compromettre la sécurité nationale par leurs écrits pacifiques.

On ne sait pas vraiment dans quelle ou quelles prison(s) il a séjourné depuis octobre 2010. On sait cependant que les conditions dans les prisons vietnamiennes sont très pénibles et que les prisonniers dépendent de la nourriture supplémentaire que leur apporte leur parents et amis. Ceci explique pourquoi l’épouse de Van Hai, Duong Thi Tan, est très inquiète pour son mari. Elle a demandé à plusieurs reprises aux autorités pénitentiaires de pouvoir apporter de la nourriture et autres provisions à son mari. Mais les paquets de ravitaillement ne lui ont jamais été livrés. On lui a même une fois rendu un paquet en lui disant « qu’il les refusait ».

Civil Rights Defenders estime que les accusations portées contre Nguyen Van Hai ont été motivées sur un plan politique afin qu’il arrête de critiquer et de défendre les droits de l’homme. Son premier procès était loin d’être équitable et ne se conformaient pas aux normes internationales.

Bio : Nguyen Van Hai

Environ 60 ans.
A servi dans l’armée.
Marié

Le pseudo de Van Hai, ‘Dieu Cay’, signifie quelque chose comme « la pipe à eau du paysan ». Ces pipes à eau sont faites de bambou, et sont utilisées par les paysans pour fumer le tabac. Il symbolise les fermiers et les personnes démunies.

Avec d’autres blogueurs Van Hai a créé le Cercle Indépendant des Journalistes (Câu Lạc Bộ Nhà Báo Tự Do). Le Réseau de Droits de l’homme au Vietnam lui a décerné un prix en 2008 pour son engagement en faveur de la liberté d’expression. L’année suivante, Van Hai recevait le prix Hellman/Hammett de Human Rights Watch.


Les droits de l’homme en danger au Vietnam

L’affaire Nguyen Van Hai n’est pas une exception au Vietnam. Elle fait partie d’un système basé sur la surveillance, la censure et les menaces de restreindre le droit à la liberté d’expression. Pour étouffer ce qu’ils ne veulent pas entendre, les autorités en viennent souvent à fabriquer de fausses accusations afin de pouvoir poursuivre en justice ceux qui oseraient les critiquer de manière pacifique, y-compris les défenseurs des droits de l’homme.

Selon le Rapport 2012 des ennemis d’internet de Reporters sans frontières, le Vietnam est « la deuxième prison du monde pour les net-citoyens après la Chine ». Le rapport met en évidence les arrestations et d’autres formes de répression dans le monde contre les net-citoyens, c’est-à-dire contre les activistes numériques.

On a tendance à oublier les violations des droits de l’homme au Vietnam. Sans le vouloir, tous les yeux sont braqués sur la Chine et la Birmanie en matière de droits de l’homme, faisant paraître le Vietnam comme le bon élève de la région. Alors que de toute évidence, ce n’est pas le cas.

Les médias indépendants sont illégaux et les blogs ont interdiction de publier des articles – voire de poster des liens – qui s’opposeraient au gouvernement. Les blogueurs et les journalistes en ligne font l’objet de détention arbitraire et sont soumis à de longues peines de prison pour avoir exprimé leur opinion considérée comme par le gouvernement comme portant atteinte à la sécurité nationale ou à l’ordre social.

Malgré la répression et le contrôle du net, un nombre croissant de vietnamiens bravent les menaces, et trouvent des moyens pour exprimer leur opinion sur des sujets tels que la corruption, la politique gouvernementale envers la Chine, la confiscation des terres et les violences policières. Et ils sembleraient de plus en plus malins dans la façon de maintenir leurs activités sur la toile sans risquer de se faire arrêter. Source : Civil Rights Defenders

Vietnam

Capital : Hanoi
Population : 89 millions (UN, 2010)
Espérance de vie : 73 ans (hommes), 77 ans (femmes) (UN)
Religion : bouddhiste
Président : Truong Tan Sang
Autre : Après trente ans de guerre, le Vietnam a été réunifié en 1975. Aujourd’hui, le Vietnam a l’économie la plus dynamique du Sud-Est asiatique. En 2007, le Vietnam le Vietnam a rejoint l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
Source : BBC News


Source : Civil Rights Defenders

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