Hanoï prépare son millénaire dans l’exaspération générale

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1er octobre 2010

HANOI — Les autorités de Hanoï apportent les dernières touches aux préparatifs du millénaire de la capitale du Vietnam, qui débute vendredi, mais nombre d’habitants ne cachent pas leur exaspération devant le faste d’un événement assimilé à une dispendieuse propagande.

Des spots de couleurs vives illuminent les grandes avenues de la ville, bâtie il y a mille ans autour du Fleuve rouge, et aujourd’hui aux prises avec une croissance débridée et des embouteillages monstres. Des artistes ont dessiné une céramique le long de la digue qui protège la cité des caprices de son fleuve. Des centaines d’événements culturels, dont une exposition de 1.000 tortues rares, s’étaleront sur dix jours.

Mais les Vietnamiens ne s’enthousiasment guère. “Je ne suis pas vraiment intéressée”, confie ainsi Vu Thuy Duong, une employée de bureau de 31 ans. “Je ne suis fière de rien, à Hanoï”.

Les autorités communistes ont triplé la superficie de la ville il y a deux ans, avalant les zones rurales environnantes tandis que des quartiers entiers sortaient de terre. Hanoï compte désormais plus de six millions d’habitants.

Mais “notre capitale est sale et désordonnée. Beaucoup de touristes n’y reviennent pas après un premier voyage”, regrette Nguyen Thi Lan, une femme médecin de 44 ans.

Les efforts du régime pour concevoir une vitrine de sa réussite économique et de son patrimoine culturel ont déjà échoué auprès des habitants, outrés d’entendre qu’un budget de 63 millions de dollars a été englouti.

L’administrateur d’un site local de socialisation a dû censurer les commentaires sur le sujet, jugés “inappropriés”.

Tran Van Lam, 65 ans, fonctionnaire à la retraite, aurait préféré voir cet argent investi dans les infrastructures. “Je n’aime aucune des activités ni aucun projet du millénaire”, admet-il, qualifiant de “bizarre” cet anniversaire préparé depuis pas moins de deux ans.

Le roi Ly Thai To avait déménagé la capitale vietnamienne à Hanoï en 1010 et l’avait appelé Thang Long, ou la “Ville du dragon qui s’élève”. Au 19e siècle, la dynastie des Nguyen l’avait détrônée au profit de Hué, dans le centre du pays.

Mais Hanoï, idéalement placée au coeur du delta du Fleuve rouge, avait récupéré son statut en 1887 par l’entremise du colonisateur français. Ho Chi Minh, père du Vietnam moderne, en fit aussi sa capitale lors de sa déclaration unilatérale d’indépendance, en 1945.

Le 10 octobre prochain, une vaste parade sera organisée, décrite comme sans précédent, avec la participation de 31.000 personnes dont un tiers seront des militaires.

Un luxe qui rappelle les innombrables anniversaires organisés chaque année pour renforcer la légitimité du Parti communiste. “Comme beaucoup d’autres événements, le millénaire a des objectifs politiques et de propagande”, résume Lam, le retraité.

D’autres, comme Tran Quoc Hung, moto-taxi de 38 ans, n’y voient qu’une occasion de plus de détourner des fonds, dans un pays classé comme l’un des plus corrompus de la planète. “Beaucoup de gens vont s’enrichir grâce aux célébrations, je suppose”, dit-il en souriant. “Quel gâchis !”.

Depuis plusieurs mois, les projets liés au millénaire ont été achevés à la hâte. Travaux constants et trottoirs impraticables ont ulcéré des riverains en quête, toujours déçue, d’efficacité. Dans quelques mois, la grisaille aura repris ses droits derrière un clinquant de mauvaise qualité. “C’est typiquement la façon de faire des Vietnamiens”, ironise Nguyen Duc Thang, un Hanoïen de 42 ans.

http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5jM-tloZBkRd7U226pk1ZxbiCJitA?docId=CNG.9f8c1497c6525a5906d28bc7d79b70be.11

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