La diplomatie de la corde raide du Vietnam

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Le 26 octobre 2008, le président du Vietnam Nguyen Minh Triet a entrepris une visite officielle de 4 jours en Russie, décrite comme très importante dans l’expansion de la relation stratégique entre les deux pays. Ce voyage faisait suite à une série de visites diplomatiques, dont un voyage en Chine à la fin mai du Secrétaire général du parti communiste Nong Duc Manh, une visite aux États-Unis en juin du Premier ministre Nguyen Tan Dung, et plus récemment, d’une autre visite en Chine en octobre du Premier ministre Dung.

Il convient de noter qu’avant ces deux visites aux États-Unis en juin et en Russie en octobre, les dirigeants vietnamiens se sont rendus à la Chine. Ce n’est certainement pas un hasard mais bien par méthode les visites à la Chine doivent précéder les voyages aux États-Unis et en Russie. C’est une indication claire de la complexité de la diplomatie de la corde raide dans laquelle les dirigeants du Parti communiste vietnamien (PCV) se sont engagés.

Au début des années 1990, avec l’effondrement de l’Union soviétique, les dirigeants du PCV ont compris que pour s’accrocher au pouvoir, ils devaient surmonter la faillite économique. Au cours des 20 dernières années, ils ont essayé de le faire avec l’aide des investissements étrangers et par le commerce avec le reste du monde. Ils ont travaillé d’arrache-pied à cultiver une relation plus étroite avec les États-Unis sachant que ces liens sont critiques pour soutenir le développement économique. Toutefois, ils font également face à la pression exercée par les États-Unis pour améliorer les droits de l’homme, et en même temps rester méfiants envers l’« évolution pacifique » qui menace de mettre fin à leur dictature à parti unique.

Ainsi, tout en construisant une relation plus étroite avec les États-Unis, les dirigeants du PCV consolident leur position difficile en essayant de maintenir un lien « fraternel » le régime communiste chinois. Toutefois, cela s’est avéré être une tâche difficile pour de nombreuses raisons. La première est la longue histoire de méfiance et d’hostilité entre les deux pays. La deuxième est l’agression de la Chine et son attitude d’intimidation à l’égard du Vietnam en particulier en ce qui concerne différend territorial. La troisième raison est l’effort continuel de la Chine de s’immiscer dans les affaires intérieures du PCV.

Dans ce contexte, depuis le milieu des années 1990, le PCV a marché sur une corde raide entre la Chine et les États-Unis, les deux parties jouant à se contrebalancer l’un l’autre. De toute évidence, Hanoi a besoin de ses partenaires tout en se méfiant d’eux. Toutefois, cet exercice acrobatique pourrait prendre une nouvelle tournure avec la résurgence de la Russie.

Tout au long de la guerre du Vietnam jusqu’à la fin des années 1980, l’ex-Union soviétique a été le principal allié et défenseur du Vietnam communiste. Avec la fin de la guerre froide, la Russie a disparu de la scène au Vietnam pendant plus de 15 ans. Récemment, la Russie a commencé à réaffirmer sa position sur la scène mondiale et le Viêt Nam constitue une tête de pont logique pour la Russie pour revenir en Asie du Sud. Vu de Moscou, une alliance avec le Viêt-Nam, un pays avec 85 millions de personnes et d’un emplacement stratégique, peut servir très bien les intérêts de la Russie. Pour les dirigeant du PCV, compte tenu de l’expérience acquise avec l’Union soviétique, ils doivent se sentir bien plus à l’aise avec la Russie comme un partenaire, beaucoup plus qu’avec les États-Unis ou la Chine.

Ainsi, il n’est pas surprenant que durant la visite du Président Triet, le président russe Dimitri Medvedev ait déclaré que « la Russie et le Vietnam partagent des positions identiques sur les questions internationales. » Les deux parties se sont engagées vers des relations économiques plus étroites, dont un accord pour développer l’exploitation pétrolière au large des côtes du Vietnam. En outre, le Président Triet a déclaré : « Le Vietnam est intéressé dans le développement des techniques militaires en coopération avec la Russie pour renforcer ses capacités de défense. » La Russie a accepté de vendre du matériel militaire au Vietnam et d’assurer la formation de l’armée vietnamienne. Bien entendu, le Président Triet a pris soin de ne pas déclencher la colère de la Chine en disant que la coopération avec la Russie sur la sécurité est « purement défensive et n’est pas dirigée contre des pays tiers. »

Bien qu’il soit encore tôt, mais la Russie peut-elle être le partenaire que le PCV cherche pour contrer aussi bien les États-Unis que la Chine ? La diplomatie de la corde raide de Hanoi continuera-t-elle à fonctionner ? Étant donné la nature du PCV, si la Russie entre dans le jeu, les choses pourraient prendre un tour dangereux pour le PCV. En effet, malgré ses efforts pour apparaître uni, le PCV n’est pas une entité monolithique. En fait, le PCV est toujours divisé, en particulier au sommet, non pas dans le sens de la ligne dure contre des réformateurs, mais plus sur les différentes approches pour le maintien du pouvoir et les oppositions des factions pour s’approprier les gains financiers. Actuellement, il existe des factions au sein de la direction qui sont soit plus pro-américaine, soit pro-chinoise. Avec le retour de la Russie, une faction pro-russe au sein du PCV pourrait émerger pour accroître la friction et alimenter encore plus de querelles.

Si cette possibilité existe, pourquoi les dirigeants du PCV continue-t-il à se livrer à ce genre de politique ? La réponse est simplement que leur priorité est de maintenir leur emprise sur le pouvoir aussi longtemps que possible. Ainsi, ils doivent essayer de se lier à tous les partenaires qu’ils considèrent comme essentiels à leur survie. Au lieu de choisir la meilleure politique pour le pays, ils se laissent guider par leur propre intérêt et poussent le Vietnam dans un jeu d’équilibre inutile. Bien qu’il s’agisse d’un jeu dangereux, ils doivent néanmoins jouer ce jeu pour préserver leur régime à parti unique et continuer à empocher les bénéfices financiers qui vont avec.

Au lieu de continuer sur cette voie égoïste et destructrice, la meilleure politique pour la nation du Vietnam est de poursuivre une approche à trois facettes :

  • Mettre en place une forte démocratie comme fondement de la stabilité et le développement à long terme,
  • Développer le commerce et s’intégrer davantage dans l’économie mondiale, et
  • S’engager davantage dans l’ASEAN et ne pas se chercher de patrons étrangers, qu’ils soient américains, chinois ou russe.

Si cela se produisait, le Vietnam serait une force stabilisatrice importante en Asie du Sud-Est, et un partenaire beaucoup plus fiable pour le monde entier sur tous les fronts, notamment sur les questions économiques et de la sécurité régionale.

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