20 janvier 2010
Un groupe de militants pour la démocratie risque la peine de mort au Vietnam, accusé d’avoir mené des activités visant à renverser le régime communiste. Leur procès, qui a commencé mercredi a suscité l’indignation internationale, dont des dirigeants européens et américains qui réclament leur liberté immédiate.
Présentateur : Girish Sawlani
Intervenants : 
Dr Phong Nguyen, membre du Comité Central du Parti pour la Réforme du Vietnam Professeur Carl Thayer, de l’Université de New South Wales
SAWLANI : C’est une des affaires les plus importantes impliquant des militants pour la démocratie au Vietnam. Nguyen Tien Trung, Le Cong Dinh et Tran Huynh Duy ont été arrêtés à Saigon entre mai et juillet de l’année dernière. L’inculpation initiale était d’avoir fait de la propagande contre l’état. Un quatrième homme, Le Thang Long, a également été arrêté, mais sur une moindre charge, pour avoir apporté son aide à ses amis inculpés. Selon les médias contrôlés par l’’état vietnamien, Trung, Dinh et Duy risquent maintenant la peine de mort – après que les procureurs aient insisté pour demander que l’inculpation soit portée à la charge plus sérieuse de subversion.
Le journal Thanh Nien proclame tous les jours que les trois principaux accusés avaient travaillé soi-disant sur des douzaines de documents et de blogs anti-gouvernementaux – et avaient diffusé l’information que la fin du parti communiste se ferait avant 2020. Le spécialiste du Vietnam, Professeur Carl Thayer de l’Université de New South Wales, dit que tous les efforts de renverser le régime à parti unique provoqueraient de sévères réactions.
THAYER : Ces quatre dissidents ont donné une nouvelle dimension à la lutte pour la démocratie en s’organisant en parti politique, le Parti Démocratique du Vietnam, en se réunissant à l’étranger en Thaïlande avec les représentants d’organisations que le gouvernement vietnamien considère comme réactionnaire ou terroriste. En traçant la stratégie politique pacifique et les conduites à mener pour défier le Parti communiste au moment de la crise financière internationale et en visant tout particulièrement les dissidents à l’intérieur même du Parti communiste dans l’espoir de gagner leur soutien. Du point de vue sécuritaire, c’est une évolution paisible ou une tentative de révolution de couleur qui a cependant pu renverser des régimes socialistes ainsi que les points résistants.
SAWLANI : Les militants pour la démocratie à l’étranger sont très remontés par les derniers événements et pensent que les quatre accusés ne recevront pas de procès équitable. Docteur Phong Nguyen est membre du comité central basé à Sydney du Parti pour la Réforme du Vietnam. Le Parti pour la Réforme du Vietnam est interdit au Vietnam.
NGUYEN : Ces procès sont des procès à huis-clos et le tribunal est complètement irrégulier. Pour dire l’essentiel, toutes les charges sont prédéterminées et les sentences elles-aussi sont prédéterminées. Aucun témoin ne sera appelé à la barre et les observateurs internationaux sont rarement admis. Ces procès ne seront donc jamais équitables.
SAWLANI : Il dit que son parti continuera à lutter pour la démocratie, que ce soit de l’intérieur ou de l’extérieur du Vietnam.
NGUYEN : Nous invitons la communauté internationale à exercer plus de pression sur le gouvernement vietnamien afin qu’il respecte la liberté de parole et la liberté d’expression. Nous travaillons également activement avec des personnes qui sont aussi à l’intérieur du pays, pour leur apporter notre soutien et essentiellement étendre notre influence en permettant au peuple de s’exprimer et essentiellement d’être capable de s’engager dans une discussion plus politique et dans un engagement plus civique.
SAWLANI : La communauté internationale a en effet réagi, avec la condamnation des États-Unis et de l’Union Européenne. Mais le gouvernement vietnamien a la ferme intention d’adresser un message clair aux dissidents afin de protéger l’idéologie communiste de l’état … ainsi que l’explique l’analyste du Vietnam, Professeur Carl Thayer.
THAYER : Dans un an, le Vietnam tiendra son 11ème Congrès du parti national et durant toute cette année, nous allons être témoins d’un processus de présélection politique pour choisir les délégués du parti, et ceci se passera au niveau des souches populaires de province. Dans le passé, les libéraux ou les progressistes à l’intérieur du parti ont utilisé le Congrès national et les lois pour faire des réformes, et les dissidents indépendants et les militants pour la démocratie qui eux sont mis à l’index du parti ont également utilisé cette occasion pour faire des remarques sur ces lois et demander le changement. J’estime donc que les conservateurs et les idéologues du parti utilisent ce procès pour clore dès à présent toute discussion.
http://www.radioaustralia.net.au/asiapac/stories/201001/s2797323.htm
