L’économie du Vietnam en proie aux troubles

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Par MARTHA ANN OVERLAND/HANOI
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Julian Abram Wainwright / EPA

Il y a un an, le Vietnam était salué comme étant le prochain miracle asiatique, un succès à l’image de la montée des tigres asiatiques des années 1990 et plus récemment, de l’étonnante croissance de la Chine et l’Inde. Grâce aux réformes économiques, le pays communiste a attiré un nombre record d’investissements étrangers. L’économie a crû de 8,5% l’année dernière, un taux parmi les plus hauts dans la région et le prix des logements a doublé voire triplé, propulsé vers le haut en partie par des acheteurs frénétiques dans les starting blocks qui raflent les appartements avant même qu’ils ne soient construits. Le marché boursier naissant du pays a été une fabrique de millionnaires. A Hanoi et Ho Chi Minh-Ville, leurs flamboyantes voitures neuves ont obstrué les routes plus adaptées pour les vélos.

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Mais une drôle de chose s’est mise en travers du chemin de la prospérité. A la mi-2008, le gouvernement autoritaire du Vietnam se trouve aux prises avec la flambée des prix, l’effondrement des marchés et une main-d’œuvre de plus en plus agitée. L’inflation, qui se monte à un taux annuel de 25%, est en train de manger une grande partie de la richesse acquise par les citoyens au cours des dernières années. Le marché boursier du Vietnam, qui a chuté de 58,5% depuis janvier, détient actuellement le triste titre d’être le moins performant du monde au cours des 30 derniers jours. En se basant sur la difficulté du gouvernement à maîtriser l’inflation, Moody’s, qui attribue des notes sur la solvabilité, a abaissé la semaine dernière la cote des perspectives du Vietnam de ‘positives’ à ‘négatives’. Cette mauvaise note signale que les banques pourraient avoir du mal à s’acquitter de leurs obligations financières, sapant la confiance des investisseurs dans le pays. En un mot, l’économie est en surchauffe et le gouvernement a été trop lent à réagir, déclare Jonathan Pincus, chef économiste pour le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) au Vietnam. « C’est comme cela que nous en sommes arrivés à ce problème, » explique-t-il.

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L’inflation est à l’origine des problèmes du monde entier, bien sûr, mais elle est particulièrement élevée au Vietnam, où les prix se sont envolés pour pratiquement tout, de la nourriture au logement en passant par l’essence. Une grande partie de la croissance récente du Vietnam a été motivée par l’accroissement du secteur manufacturier. Mais maintenant, les salaires des ouvriers des chaînes de montage sont actuellement dépassés par les coûts de la vie. Il en a résulté une vague de grèves – inhabituelle sous le régime communiste du Vietnam, – qui écorne l’image du pays comme un havre pour les entreprises multinationales en quête d’alternatives à la Chine pour leurs sites de fabrication. Au cours des six derniers mois, il y a eu plus de 300 grèves dans tout le pays. La plupart n’ont duré que quelques jours, dans lesquelles la direction a généralement accordé de petites augmentations de salaire. En avril, une entreprise qui fabrique de chaussures de sport pour Nike a accepté d’augmenter les travailleurs de 10%, soit environ 6,3 dollars supplémentaires. Mais ce montant ne suffit pas à faire beaucoup de différence lorsque les travailleurs vont à l’épicerie.

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Le 31 mai, le Premier ministre Nguyen Tan Dung a informé l’Assemblée nationale que le nombre de ménages connaissant la faim a doublé en un an. « Le gouvernement comprend et compatit avec le peuple, » déclare Dung. « Et voit qu’il est de sa responsabilité d’essayer de mieux juguler l’inflation. » Jusqu’à présent, Hanoi a pris des mesures pour refroidir l’économie en obligeant les banques à augmenter leurs réserves, la banque centrale a également relevé les taux d’intérêt à 12%. Mais l’inflation est aggravée par l’affaiblissement de la monnaie nationale du Vietnam. Le dong vietnamien s’est déprécié d’environ 1,5% par rapport au dollar au cours des six derniers mois. Mais la mauvaise perspective économique menace de l’affaiblir encore davantage. Au cours de la dernière semaine, le dong est passé de 16 120 par rapport au dollar à 18 500 sur le marché noir car les commerçants se sont empressés de convertir leur dong en dollars et en or. La faiblesse de la devise rend les importations des produits alimentaires et de base plus coûteux. Jocelyn Tran, dont la société basée à Saigon a des contrats avec les usines locales pour fournir des magasins de vêtements aux États-Unis, dit le prix des fils de textile de fabrication chinoise a bondi de 15% cette année. « Nos usines absorbent le choc en rognant dans nos marges, » explique Tran. Même si certaines usines ont relevé les salaires, elle se plaint que les travailleurs sont toujours en grève.

Le gouvernement de Hanoï a été lent à s’attaquer à certains problèmes, en partie parce que la ligne de front n’est plus clairement établie entre les durs du Parti communiste et les libéraux économiques, plus réformateurs. Le processus de prise des décisions est fragmenté jusqu’au point de paralysie, dit Pincus. Par exemple, aucune entité n’a pris le contrôle de la politique monétaire. Dans un système qui fonctionne sur le consensus – non seulement à l’intérieur du parti mais aussi avec les comités, les ministères et les provinces – il est rare que les dirigeants prennent des décisions difficiles. « Il est toujours difficile de distribuer les restrictions, » dit Pincus. « Il est beaucoup plus facile de distribuer les bons points. »

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Pour lutter contre l’inflation, le gouvernement sait qu’il doit relever les taux d’intérêt et de maîtriser les dépenses, en particulier celles des entreprises publiques qui ont utilisé les institutions financières de l’Etat comme leurs réserves d’argent. Mais tout changement brusque pourrait aussi étrangler les entreprises et effrayer les nouveaux investisseurs, ce que le Vietnam doit éviter s’il veut atteindre son objectif révisé de 7% de taux de croissance. Pourtant, alors que les statistiques sont maintenant mauvaises, les perspectives économiques du Vietnam à long terme sont bonnes, dit Tom Nguyen, directeur des marchés mondiaux de la Deutsche Bank à Saigon. Certains pensent que le gouvernement a la capacité de faire face à la dissidence et peut sévèrement réduire la menace que les grèves se transforment en protestations violentes et encouragent les appels publics en faveur du changement politique. Le Vietnam demeure un pays stable de 85 millions d’habitants avec main-d’œuvre jeune et formée. « Il n’est pas raisonnable pour les investisseurs comme nous de s’attendre à ce que le processus de développement ne connaisse pas de défis, » explique Nguyen. « Mais certaines exaspérations conduiront à faire le jeu des personnes qui ont des attentes irréalistes. » Malheureusement, la plupart des personnes exaspérées se feront entendre, comme les pauvres du Vietnam, dans leur lutte pour avoir de la nourriture sur la table.

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